Forum de FilmDeCulte

Voilà le film est en province, 11 copies france!

Sympathique initiative du distributeur de « Tony Takitani » que de distribuer la nouvelle originale signée Haruki Murakami aux spectateurs du film… Mais aussi un peu cruelle. Car à la lecture de cette petite épure absolument sans faute, on se rend compte à quel point le cinéaste Jun Ichikawa a carrément noué un véritable dialogue avec l’intimidant auteur japonais, choisissant même d’extraire toute la moelle cinématographie de l’ensemble à partir de cette idée. Noyé dans une lancinance monochrome, la narration fuyante et limpide de Murakami se liquéfie du coup dans les images et les mots des acteurs (qui se réapproprient parfois « in fine » ce qui serait du ressort de la voix-off dans un procédé de mise en abyme sans doute un peu trop voyant).

Ainsi, « Tony Takitani » choisit de fabriquer à partir de cette matière littéraire une déroutante cage toute en slow motion et travellings latéraux (comme on tourne des pages mais aussi comme on contemple des fringues en magasins), d’où même la notion de récit devient donc prisonnière. Car d’une petite musique du destin et de ses arcanes invisibles, aux frontières de l’étrange mais dont les degrés symboliques restent toujours éminemment humain (l’art murakamien par excellence donc), il s’impose trop souvent quelque chose qui s’apparente un peu l’art de la miniature ou de l’illustration: la confection est fascinante à bien des degrés, mais ça s’arrête souvent à l’exercice de style de haut vol. Quand par exemple les cages du père et du fils se renvoient grossièrement l’une à l’autre, on regrette le dérapage trop démonstratif et on n’y voit plus guère la lumière. Du défi de filmer le fétichisme et la fascination pathologique pour les objets (les dessins illustratifs du héros, le shopping de madame) sans faire du film un objet en lui-même...

Heureusement l’art de Ichikawa a pour lui ici de faire baigner son cloisonné dans de perpétuelles caresses d’une grande douceur, mais des caresses comme celles du tout premier plan, qui se répercuteront inlassablement, en se répétant, comme des vas et viens en manque de chaleurs : elles sont dénuées de contacts humains, ceux de la mère en particulier à leur base. Ces vêtements alors ne sont pas qu’ombres du deuil ou enveloppe du vide, ils sont surtout une véritable peau dans un cinéma de tissus et donc de textures… "Tony Takitani" n’est pas si ovni que ça, le Soderbergh de « Solaris » et « Eros » ou le Clooney de « Good night and good luck » ne sont pas loin dans un sens à rechercher ce toucher de substitution qui vaut comme impressionnisme moderne et mélancolique.

A noter sinon la sublime partition de Sakamoto et la presence magnetique de la belle Rie Miyazawa.

4/6

Je recherchais sur le net ce que préparait ce réalisateur dont j'avais beaucoup aimé le Tony Takitani et je découvre qu'en fait il est mort depuis 2 mois.

Jun, je te dédie mon titre de critique d'époque:



Salut l'artiste.

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Doll, it's a heartbreaking affair

Enfin vu sur mon dvd japonais (autant dire que ça datait)

Bien aimé l'atmosphère comateuse, moins le procédé de mise en scène. La fin un peu abrupte m'a donné des regrets.

4/6