De nombreuses personnes ici ont exprimé la difficulté de faire un top 10, et c'est on ne peut plus vrai. Ce n'est pas un classement, c'est seulement une énumération des films qui me viennent à l'esprit et qui m'ont touché. Bref:
1. Mulholland Drive (David Lynch) Ce n'est peut-être pas le meilleur film que j'ai vu, j'estime même qu'il n'y a pas cette maîtrise que l'on peut rencontrer dans les grands films, mais c'est peut-être ça l'essence du film : le lâcher prise. Laisser parler l'inconscient pour une simple histoire d'amour. Derrière cette construction complexe, derrière ces nombreuses couches de lecture, il y a une véritable émotion cinématographique, une vraie lettre d'amour à la toute puissance des images, du cinéma. Je pourrais en parler des heures, vous faire part des multiples interprétations que j'ai pu lire ça et là ou encore vous asséner une énième analyse de ce film, mais je pense que le mieux, c'est encore de n'évoquer que l'émotion, la mise en scène onirique, le scénario délicieusement labyrinthique. Depuis que j'ai vu ce film, j'ai un principe : le voir au moins une fois par an. Car, quoi qu'il arrive, une nouvelle vision de ce film n'est jamais désagréable et dévoile de nouveaux aspects que l'on ne s'imaginait pas jusqu'alors. C'est peut-être pour cela que je le vois comme un chef d'oeuvre.
2. Il était une fois l'amérique (Sergio Leone) Ou comment faire durer 3h une histoire qui tient sur un ticket de métro. Dans un épisode de Homeland récent (l'avant dernier qui est sorti je crois), le fils du premier ministre estime que Sergio Leone filme l'agonie. C'est vrai, et c'est peut-être aussi plus que ça : dans les films de Leone, le temps s'étire, se rétracte. A l'opposé de Mulholland Drive, il y a là une vraie maîtrise scénaristique, une histoire millimétrée, mais qui laisse place tout de même encore une fois à l'émotion. Dernier film de Leone, dernier chef d'oeuvre. Certains cinéastes croupissants seraient avisés de faire de même...
3. Heat (Michael Mann) L'art de filmer l'action. Comment ne pas s'inspirer de ce film pour filmer des fusillades? Nolan l'a fait récemment, avec The Dark Knight. Des braqueurs de banque s'en sont même inspirés pour faire leurs méfaits. Mais au-delà de ça, c'est aussi le seul film qui a réussi à confronter deux génies de l'Actor's Studio, De Niro et Al Pacino. Un film qui montre qu'entre un flic et un voyou, il n'y a qu'un pas, et il n'est pas si difficile à franchir. C'est une analyse assez peu fine, évidemment, il y a des tas d'autres choses à dire, mais d'autres l'ont très bien exprimé...
4. Magnolia (Paul Thomas Anderson) Ce film prouve à quel point Tom Cruise peut être un acteur précieux, bien loin de l'image qu'on fait de lui. Rien à foutre de la scientologie, rien à foutre de ses écarts de conduite, tout ce que je sais, c'est qu'il ne joue pas assez des rôles comme ceux-là ! Un film choral magnifique, une comédie, un drame, le tout est dosé magistralement, appuyé par une mise en scène royale. Que demande le peuple?
5. The Dark Knight (Christopher Nolan) Il fallait bien citer un blockbuster, tout de même... Au-delà du fait que je suis un amoureux du comics (Watchmen, Kingdom Come et The Dark Knight sont pour moi des purs chefs d'oeuvre... J'ai beaucoup d'estime également pour la Brigade Chimérique de Serge Lehman et Fabrice Colin, qui ont réussi à faire un vrai comic français, profond, proche de la Ligue des Gentlemens Extraordinaires). Au-delà de la jouissance que peut provoquer le jeu de Heath Ledger, au-delà du scénario complexe, il y a un vrai propos, il y a le spectre du 11 septembre qui plonge Gotham dans l'obscurité. Et cette dernière scène, où Nolan filme le Joker comme une chauve-souris... Nolan a tout compris aux personnages du Batman et du Joker, et si l'on peut évidemment lui reprocher d'être trop théorique, d'être trop froid, le film est tellement riche qu'on ne peut s'empêcher de l'apprécier, de le "kiffer"...
6. L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (Andrew Dominik) Brad Pitt prouve une nouvelle fois qu'il est parmi les meilleurs acteurs du moment, mais la vraie révélation du film, c'est sans aucun doute Casey Affleck ; il fait limite de l'ombre à son frère. Ce western, assez récent, a su digérer le patrimoine Leone, et filme là encore la temporalité, l'agonie. Sans conteste, le meilleur western récent (à mon goût)
7. Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick) Un Kubrick... C'est d'un classique ! Et pourtant... Eyes Wide Shut, ce n'est peut-être pas son film le plus maîtrisé, j'en sais rien à vrai dire, mais j'adore ce putain de film. Je l'adore parce que Kubrick filme le rêve magistralement et utilise Tom Cruise à merveille. Je l'adore parce que c'est le film testament de Kubrick, parce qu'il est sujet à de nombreuses interprétations, parce que c'est prenant de bout en bout...
8. Ran (Akira Kurosawa) Une vraie peinture. Non seulement Kurosawa reprend à son compte une histoire de Shakespeare, que j'adore, mais en plus il la sublime avec une photographie superbe, une vraie recontextualisation, et une mise en scène forte. Alors oui, on peut trouver ça chiant, oui, c'est même chiant par moments, mais ce que c'est beau... J'ai quand même l'impression d'adorer les films lents.
9. Hana-Bi (Takeshi Kitano) Quand on voit Takeshi's Castle, il est difficile d'imaginer un tel mec à la réalisation d'un film comme Hana-Bi... Et pourtant... Pourtant, Kitano est sobre, ne fait pas le clown, ou du moins pas le clown rigolard qu'on peut rencontrer lors de ses interventions télévisuelles. C'est un clown triste. Chef d'oeuvre.
10. Apocalypse Now (Francis Ford Coppola) Ben oui, comment ai-je pu l'oublier? Comment oublier ce film à la production compliquée, mais qui est finalement parvenu à sortir dans les salles. Un long métrage qui sent la sueur, les tripes. Un peu comme Ran, Coppola s'est emparé d'un matériau littéraire pour le faire sien, pour lui donner un nouveau contexte et y insuffler ses thématiques. C'est fort. Quelque chose de rare au cinéma.
Quelques uns dont j'aurais voulu parler :
- Pulp Fiction - Citizen Kane - Ténèbres d'Argento - L'antre de la folie de Carpenter - Martin de Romero - Le Miroir de Tarkovsky - Persona de Bergman - Mais qui veut la peau de Roger Rabbit? - Southland Tales ...
Dernière édition par Swann le 08 Nov 2012, 22:57, édité 1 fois.
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