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MessagePosté: 18 Avr 2011, 18:45 
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Zad a écrit:
5,5.

Tu sais bien que tu n'aimes pas parce que c'est un film trop compliqué pour toi.


On attend tous ton avis de grand intellectuel bichon.


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MessagePosté: 18 Avr 2011, 19:56 
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Oh mince j'attendais que tu me donnes un petit surnom, zut.

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MessagePosté: 07 Déc 2011, 13:06 
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Merveilleux.

Sur vos bons conseils, je me l'étais gardé de côté, tellement bien rangé que j'ai fini par l'oublier.

Pour moi, c'est un peu le Graal, ce documentaire. Autant qu'une madeleine de Proust. Voilà, contenue en 90 minutes, la quintessence de mes 6 années au Samu social. De nouveau, j'ai eu la rage.

Ces visages magnifiques de part le monde, ces logorrhées diluviennes, toute la souffrance humaine à travers le globe, condensée dans un bureau institutionnel. Avec des règles que tu apprends à connaître sur le bout des doigts, pour dès que c'est possible, les truander et les tordre, et tenter vainement de rétablir la balance en faveur de ces arrachés de la vie. On dépasse le budget ? Oui, mais ils ont faim. On a plus de ticket ? Oui, mais ils risquent la prison ou l'expulsion à la première arrestation. Donc rien à foutre, tu leur trouves de quoi se nourrir dignement et de quoi manger. Aujourd'hui. Quand on veut, tout est possible. Les murs sont extensibles, la place se trouve, la nécessité fait loi. Et oui, je le fais autant pour me donner bonne conscience que pour aider. Je n'ai pas envie d'être bouffé par les remords, ou qu'ils soient eux bouffés par les vers.

Moi, je risque quoi, à faire le maximum ? Une réprimande ? Bah, je compense avec mes collègues qui se contentent souvent du strict nécessaire, et qui sans s'en rendre compte, les culpabilisent, leur sourient quand il ne faut pas, haussent la voix et grondent, réminiscences intimidantes des tortures endurées. "Non", voilà leur mot béquille, celui qu'ils préfèrent car ils ont soudainement le sentiment d'un vrai contrôle, d'une autorité retrouvée, d'un grand pouvoir. Je lui préfère le pouvoir de dire "oui", au risque de décevoir si je n'y arrive pas, et d'orienter alors ma colère vers mes responsables, mais jamais vers les demandeurs d'asile. Mes frères, mes enfants, mes parents. Qu'ils ne me voient plus comme l'Etranger, mais comme l'extension d'eux-mêmes, bien dissimulé sous les oripeaux d'un français, d'un fonctionnaire, d'un agent de l'Etat, placé là pour les servir.

Sans jugement, le documentaire pointe parfaitement ces disparités de traitement, entre Caroline la jeune assistante sociale qui multiplie les erreurs, Colette l'expérimentée qui est toujours dépassée, et la juriste qui offre le parfait équilibre, s'évertuant, en blindant ses rapports de détails, à forcer le destin des décisions que prendront en aval les préfectures ou l'OFPRA, et le devoir de justice qu'elle rend aux conditions de vie et d'exil de ces citoyens du monde, en ne se contentant jamais de récits grossiers. Il faut respecter leur parcours, respecter leurs souffrances, les ressentir. On leur doit au moins ça.

Tout ceci devant les yeux et les mots souriants des traducteurs, coincés entre deux réalités indicibles, avec pour mission de les faire correspondre sur le papier. Le papier, finalité de tout, précieux sésame illisible et indéchiffrable. Papier qui manque, papier que l'on perd, que l'on se fait voler, dont on ne sait jamais s'il nous coûtera une expulsion ou nous offrira une place en hôtel. L'hôtel, dont on pense qu'il est la Terre promise tant espérée, alors que l'on y trouve des conditions ubuesques : famille entassées, délaissées, dans l'attente de RDV inhumains, sans nourriture, sans suivi médical ni social, à attendre. Le purgatoire dans la prison de sa propre langue.

Les langues, la vraie richesse de ce boulot. L'omniprésence de l'interprétariat, des phrases qui se chevauchent, des parcours qui se délitent dans les larmes, la défiance des français pourtant de bonne volonté, la crainte des migrants de parler librement... et cette Terre d'accueil qui dès qu'elle le peut, exploitera la moindre faille pour NE PAS te prendre en charge, alors que tu pensais avoir passé le pire.

Je suis vraiment heureux, car pour la première fois dans un reportage ou un documentaire, on entre vraiment dans le détail de ces immigrés qui demandent l'asile, on casse l'image de la France qui accueille à bras ouverts, et surtout, on présente ces gens pour ce qu'ils sont : des expatriés, des trahis, des traqués. La peur au ventre, loin d'être arrivés au bout du parcours, loin d'être sauvés. Pas des rêveurs, ni des profiteurs. Engagement politique en Mongolie, pressions militaires en Érythrée, voyage apocalyptique avec des passeurs rodés... ces gens que l'on perçoit toujours avec condescendance au premier abord (des physiques ordinaires, une simplicité étudiée pour être passe-partout, des êtres déracinés et désorientés en pleine civilisation - qui pour eux devient une jungle - sans culture ni notion de l'impossibilité de la France à "accueillir toute la misère du monde" comme le disait Rocard) alors qu'ils ont déjà connus des sévices insoutenables, entamé un exil long de plusieurs mois, au prix sacrificiel de tout leur argent et de la disparition de leur famille... et vu des gens proches mourir sous leurs yeux. C'est d'une beauté absolue d'avoir conservé tous ces entretiens avec l'interprète ISM au téléphone, ou le bénévole présent dans les locaux... de les avoir suivi dans le métro pour comprendre qu'on croise tous les jours à Paris des personnes au parcours incroyable, qui ne savent ni lire ni écrire, ni parler, vissés avec un enfant dans les bras. Le français, indécrottable, confond aisément touristes et immigrés. Sans soupçonner un instant la violence endurée, ils s'imaginent qu'ils sont venus par naïveté, sur un coup de tête, en prenant l'avion...

J'ai travaillé avec bon nombre de collègues pour lesquels la langue était une barrière, un problème, une lourdeur sans nom, qui les insensibilisait plutôt, ou leur donnait jusqu'à des accents de racisme passif, là où d'ordinaire ils sont pétris de générosité. Pour ma part, je n'ai jamais été aussi heureux que pendant ces moments cacophoniques où on me parlait en mongol, en tamoul ou en arabe. A moi ! Pour m'expliquer, pour me sensibiliser, par crainte de la décision que je pourrais prendre, et en reconnaissance des quelques gestes humains que je ne pouvais m'empêcher d'avoir à leur égard, peu importe leur provenance. Au risque de piétiner mon idéalisme, et le leur. Au risque plus grand de se faire piétiner par le système, aveugle au cas particulier, sourd à cette richesse de mots et d'accents.

J'ai terminé en larmes, alors que je n'en ai versé aucune pendant 6 ans. Pourtant, il n'y a rien de misérabiliste. Mais les moments choisis disent tellement de choses, sans aucun didactisme, sans le moindre commentaire... Je repense à toutes ces voix qui m'ont expliqué, tous ces visages qui m'ont regardé, tous ces inconnus que j'ai tenté d'aider du mieux possible. Je vais pas me mentir, cette richesse me manque. Mais à bien faire son travail, on prend de plus en plus de responsabilités, pour avoir un maximum de contrôle, jusqu'à orienter tout un service dans la direction que l'on pense être la plus juste. J'ai eu carte blanche deux années durant, pendant lesquelles c'était la fête du slip. Jusqu'à se retrouver en complète opposition avec sa hiérarchie et son gouvernement. Et là, tu ne peux que céder le premier.

Je suis ravi de voir enfin un film qui rend justice à cette réalité.

6/6

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MessagePosté: 07 Déc 2011, 13:54 
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Citation:
Ces visages magnifiques de part le monde, ces logorrhées diluviennes, toute la souffrance humaine à travers le globe, condensée dans un bureau institutionnel.

bindiou di putanou, tu sais choisir tes mots, ça fait aucun doute...

Citation:
Il faut respecter leur parcours, respecter leurs souffrances, les ressentir. On leut doit au moins ça.

oui, le ressenti ; bof. Moi je n'ai rien saisi de leur parcours à ces... migrants, ou du moins qui ils sont j'en sais rien. Kazan a sans doute fait ça cent fois mieux dans America America.
Les arrivants, il me semble qu'on voit surtout l'institution, et c'est clair qu'elle est assez moche, qu'elle se démène peut-être parfois, mais toujours dans sa culpabilité d'institution à interdire, à faire la police de ces "gens". C'est certainement une grosse machine de culpabilité...

Citation:
Je suis vraiment heureux, car pour la première fois dans un reportage ou un documentaire, on entre vraiment dans le détail de ces immigrés qui demandent l'asile, on casse image de la France qui accueille à bras ouverts, et surtout, on présente ces gens pour ce qu'ils sont : des expatriés, des trahis, des traqués. La peur au ventre, loin d'être arrivés au bout du parcours, loin d'être sauvés. Pas des rêveurs, ni des profiteurs.
...
... ces gens que l'on perçoit toujours avec condescendance au premier abord (des physiques ordinaires, une simplicité étudiée pour être passe-partout, des êtres déracinés et désorientés en pleine civilisation, sans culture ni notion de l'impossibilité de la France à "accueillir toute la misère du monde" comme le disait Rocard) alors qu'ils ont déjà connus des sévices insoutenables, entamé un exil long de plusieurs mois, au prix sacrificiel de tout leur argent et de la disparition de leur famille... et vu des gens proches mourir sous leurs yeux.
...
tous ces visages qui m'ont regardé, tous ces inconnus que j'ai tenté d'aider du mieux possible. Je vais pas me mentir, cette richesse me manque. Mais à bien faire son travail, on prend de plus en plus de responsabilités, pour avoir un maximum de contrôle, jusqu'à orienter tout un service dans la direction que l'on pense être la plus juste. J'ai eu carte blanche deux années durant, pendant lesquelles c'était la fête du slip. Jusqu'à se retrouver en complète opposition avec sa hiérarchie et son gouvernement. Et là, tu ne peux que céder le premier.

c'est bien ça, de regarder de près les institutions, mieux vaut tard que jamais. J'ai oeuvré un temps dans le social moi-aussi(sapeur-pompier volontaire, milieu associatif humanitaire..), et je peux dire sans peine et avec fierté que je n'ai jamais aidé personne, que l'institution reste toujours engluée dans sa prétention à charité, ou peut-être même encore des objectifs bien plus risibles(Au feu les pompiers, Milos Forman), qu'elle ne regarde jamais celui qu'elle prétend aider avec un discours cohérent, conscient. Faut juste savoir d'où tu pars, dans ta réflexion face à l'autre, l'indigène qui vient demander asile. Et les schèmes colonialistes sont bien enracinés dans l'aide sociale, mais tu vas avoir du mal à accepter ça je pense.

0,1/6


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MessagePosté: 07 Déc 2011, 14:19 
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i'm new here a écrit:
oui, le ressenti ; bof. Moi je n'ai rien saisi de leur parcours à ces... migrants, ou du moins qui ils sont j'en sais rien.


Le documentaire n'est pas tant un portrait qu'un trait d'union entre eux et nous, qui s’appesantit sur la barrière du langage et le parcours qui prend forme dans ce vocabulaire mélangé. Je trouve qu'ils prennent enfin une dimension, ces gens, plutôt que d'être sans cesse réduits à des vignettes charriées par les guerres et les frontières au journal de 20h. L’institution n'est qu'un flux de plus, une route qui les emmène ou les rejette. Elle nous intéresse parce que c'est la notre, mais je pense que le doc met davantage l'accent sur ces migrants. Enfin.

Citation:
Les arrivants, il me semble qu'on voit surtout l'institution, et c'est clair qu'elle est assez moche, qu'elle se démène peut-être parfois, mais toujours dans sa culpabilité d'institution à interdire, à faire la police de ces "gens". C'est certainement une grosse machine de culpabilité...


Il y a l'institution, entité finie d'un côté, mais qui n'est rien face aux objectifs que tu te fixes tout seul, et aux efforts que tu es prêt à fournir, et qui s'avèrent étrangement inépuisables. Rien ne t'oblige à être le soldat émérite plutôt que l'humain compassionnel. Orienter les gens en détresse, ce n'est pas de la compassion dictée par la culpabilité, c'est de la raison. Tu ne le fais pas pour les sauver, ou pour toi ne pas être damné in fine ; tu le fais pour les empêcher de crever aujourd'hui. Tu le fais parce que tu peux le faire, et ce pouvoir te donne une responsabilité.


Citation:
je peux dire sans peine et avec fierté que je n'ai jamais aidé personne


Sans peine, c'est honnête de le reconnaître. Mais pourquoi, avec fierté ? Peut-être que tu sous-estimes l'aide apportée. Ça ne pisse jamais très loin, mais sur le court terme, c'est essentiel.

Citation:
que l'institution reste toujours engluée dans sa prétention à charité, ou peut-être même encore des objectifs bien plus risibles(Au feu les pompiers, Milos Forman)


On peut regretter que les Restos du coeur aient à exister, tout en se réjouissant que faute de mieux, ils existent.

Citation:
Et les schèmes colonialistes sont bien enracinés dans l'aide sociale, mais tu vas avoir du mal à accepter ça je pense.


Le monde marche sur la tête, ne convient à personne, on ne fait que faute de mieux... oui merci, je ne découvre rien. Je célèbre au travers de ce documentaire la justesse de la retranscription d'un univers, pas ma jouissance que cet univers existe ou fonctionne de la sorte. C'est l'objet filmique que j'apprécie, pas le monde qu'il dépeint. Il me semble que tu fais grossièrement l'amalgame.

Citation:
0,1/6


Ton dixième de point, c'est pour te donner bonne conscience ?

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MessagePosté: 07 Déc 2011, 15:19 
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Citation:
Orienter les gens en détresse, ce n'est pas de la compassion dictée par la culpabilité, c'est de la raison. Tu ne le fais pas pour les sauver, ou pour toi ne pas être damné in fine ; tu le fais pour les empêcher de crever aujourd'hui. Tu le fais parce que tu peux le faire, et ce pouvoir te donne une responsabilité.


quelle supériorité te permet de dire qu'ils sont en détresse? ou du moins la question se pose mal ici...
est-ce que dans notre organisation sociale, il n'y a pas quelque chose qui tiendrait plutôt de la domination?, et qu'on pourrait nommer "guerre", sans doute... comme dans la chanson de Loenard Cohen. :)
http://www.youtube.com/watch?v=uAXTT9fmmDc
Il y a tout un système social qui profite grassement de ce que tu appelles "détresse", alors faut pas trop se donner bonne conscience avec le don, ou du moins c'est absurde de s'arrêter là ; il n'y a aucun progrès social pour les plus précaires avec cette idée qu'on a une responsabilité par rapport à eux.

Badiou avait dit quelque chose d'intéressant sur ce film, que j'arrive pas à retrouver précisément, mais comme pour les films de Fernand Melgar par exemple, il n'y a pas une seule idée de cinéma, on enregistre comme s'il s'agit de cinéma-vérité des pans d'images totalement vides ; des cinéastes qui ne voient rien, ne décodent rien de l'institution...

Citation:
Ton dixième de point, c'est pour te donner bonne conscience ?

faut bien donner quelque chose, par charité.


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MessagePosté: 07 Déc 2011, 15:35 
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i'm new here a écrit:
quelle supériorité te permet de dire qu'ils sont en détresse?


Quand tu n'as pas d'argent, les fringues que tu portes sur toi pour seuls vêtements, un enfant à charge, rien à manger, un pays qui t'a fait fuir, un autre qui menace de t'expulser, la barrière de la langue, que tu ne sais ni lire ni écrire... on peut décemment dire que tu es en détresse. Il n'y a aucune condescendance ou domination dans le concept d'aider quelqu'un à ne pas crever comme une merde, mais plutôt une identification forte et universelle. Si les positions étaient inversées, j'aimerais que l'on me procure ce que je tente de leur procurer : le strict nécessaire pour survivre, et continuer d'avoir le choix.

Mais là aussi, tout dépend de ta mission et de l'organisme dans lequel tu évolues. Il y a une complicité tacite entre travailleurs sociaux et bénévoles, peu importe l'étiquette portée, et chacun fait ce qu'il peut avec ses moyens, ses conceptions de l'équité, de la justice, et sa propre morale. Pour autant, je ne cautionne ni ne revendique quoi que ce soit. Ce monde existe, il est bon de le filmer.

Citation:
Il y a tout un système social qui profite grassement de ce que tu appelles "détresse", alors faut pas trop se donner bonne conscience avec le don, ou du moins c'est absurde de s'arrêter là ; il n'y a aucun progrès social pour les plus précaires avec cette idée qu'on a une responsabilité par rapport à eux.


Les idées d'universalité et d'égalité sont le tronc commun de tout progrès social, sans cesse remis en question, bien au contraire.

Citation:
il n'y a pas une seule idée de cinéma, on enregistre comme s'il s'agit de cinéma-vérité des pans d'images totalement vides ; des cinéastes qui ne voient rien, ne décodent rien de l'institution...


Si tu juges que ce documentaire offre la facilité ou le déjà-vu, je ne peux rien pour toi.

Citation:
faut bien donner quelque chose, par charité.


Eh bien non, il ne "faut" pas. La charité, l'indifférence et le mépris sont trois notions distinctes. Choisis et assume jusqu'au bout. C'est visiblement de ça que tu tires ta plus grande "fierté". Je fonctionne pareil à partir d'un choix différent.

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MessagePosté: 07 Déc 2011, 16:29 
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Z a écrit:
J'ai terminé en larmes, alors que je n'en ai versé aucune pendant 6 ans.

Damn.....!!

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MessagePosté: 07 Déc 2011, 16:31 
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Citation:
Quand tu n'as pas d'argent, les fringues que tu portes sur toi pour seuls vêtements, un enfant à charge, rien à manger, un pays qui t'a fait fuir, un autre qui menace de t'expulser, la barrière de la langue, que tu ne sais ni lire ni écrire... on peut décemment dire que tu es en détresse. Il n'y a aucune condescendance ou domination dans le concept d'aider quelqu'un à ne pas crever comme une merde, mais plutôt une identification forte et universelle. Si les positions étaient inversées, j'aimerais que l'on me procure ce que je tente de leur procurer : le strict nécessaire pour survivre, et continuer d'avoir le choix.

oh sainte vierge des piou-piou, sors un peu de ton dolorisme, misérabilisme, pour voir un peu plus loin ce qu'il y a au-delà des prescriptions de la vérité qu'on a mis dans ta petite tête au samu social. Et quand j'écris: "je peux dire sans peine et avec fierté que je n'ai jamais aidé personne"(dans mon expérience du social), ça ne veut pas dire que je ne me suis pas donné du mal, mais que rapidement il s'agit de ne plus faire le jeu de l'institution, qu'il n'y a aucun regret à quitter cette sphère d'assistance, et qu'il s'agit de trouver une stratégie autre pour faire bouger les lignes...
Commencer par soi déjà, avoir les idées claires. Autant te dire que t'as du chemin devant toi... et je te dis ça avec la même arrogance que tu as à penser que tu sauves celui qui n'a pas de fringues et rien à manger(tu les vois vraiment en mendiants ces migrants)... Je ne sais pas si le film de Sylvain George n'est pas très utile finalement...

Citation:
Pour ma part, je n'ai jamais été aussi heureux que pendant ces moments cacophoniques où on me parlait en mongol, en tamoul ou en arabe. A moi !


ah oui, et t'as jamais collé un coquillage à ton oreille, t'entends le bruit de la mer.


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MessagePosté: 07 Déc 2011, 16:32 
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Très belle critique pour un beau film, Z.

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MessagePosté: 07 Déc 2011, 17:23 
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i'm new here a écrit:
oh sainte vierge des piou-piou, sors un peu de ton dolorisme, misérabilisme, pour voir un peu plus loin ce qu'il y a au-delà des prescriptions de la vérité qu'on a mis dans ta petite tête au samu social.


Tant que l'institution ne s’immisçait pas entre les migrants (ou les sans-abris) et moi, il n'y avait qu'un rapport franc et humain. Pas d'idée préconçue, bien au contraire, tout était habité par la claire notion de vérité, et celle encore plus immédiate de nécessité. Un contact direct, qui n'était jamais angélique ou misérabiliste. Seulement aider un homme à se laver parce qu'il ne peut plus le faire seul, parce qu'il s'est chié dessus et qu'il dort dans le froid, accolé à sa merde depuis une semaine, ça remet aussi la "détresse" à sa juste place. Tant que j'ai eu les moyens de répondre à leur attente ou leurs besoins, il n'y avait aucun problème. Cela répondait aux miens. J'étais dans le rôle qu'ils attendaient de moi. Le samu social rencontre des personnes dans une situation d'impasse. le travail consiste à leur dessiner de nouvelles routes, à leur montrer ce qu'ils ont le droit de tenter et ce qu'ils risquent au moment présent, et à courte échéance. Tu passes ton temps à leur ouvrir les yeux sur les limites de l'institution, tu passes ton temps à leur expliquer comment en jouer, comme s'en prémunir, comme lutter. Mais jamais ces conseils ne remplacent ou n'apaisent leur souffrance. Je connais parfaitement les limites, je n'ai pas subi de lavage de cerveau, et n'ai pas passé mon temps à leur laver le leur ou à leur poser de nouvelles limites...

En revanche, quand j'ai toqué à celles de l'institution (manque de moyens, fermetures des centres pour femmes etc.) ou lorsque le gouvernement en place outrepassait les libertés individuelles (demande des listings avec tous les noms des personnes hébergées, et leur situation administrative), j'ai tenu bon, refusé toute indiscrétion sur leur vie privée, et réalisé bien des prises en charge et des assistances en dehors de la charte officielle. Placement en foyer, en maison de retraite, en hôpital, retour dans la famille, délivrance de certificats qui permettaient la régularisation... nombre de possibilités qui m'étaient interdites et que j'ai jugé nécessaires d'appliquer.

Citation:
Et quand j'écris: "je peux dire sans peine et avec fierté que je n'ai jamais aidé personne"(dans mon expérience du social), ça ne veut pas dire que je ne me suis pas donné du mal, mais que rapidement il s'agit de ne plus faire le jeu de l'institution, qu'il n'y a aucun regret à quitter cette sphère d'assistance, et qu'il s'agit de trouver une stratégie autre pour faire bouger les lignes...


C'est précisément la différence entre subir l'institution, et avoir le pouvoir de la faire fléchir. Quand j'ai eu cette opportunité, j'ai siphonné Paris de tout son jus.

Il est une chose d'oeuvrer dans le social, il en est une autre d'avoir des responsabilités. Quand tu es à la tête d'un service aussi important que le samu, ton champ d'action ne se limite plus à celui du simple travailleur social. Tes choix ne sont plus humanitaires mais politiques, tes décisions ne sont plus par charité mais engagées. Tu forces la main à tout Paris (police, hôpitaux), tu les engueules, tu les obliges, tu leur intimes l'ordre de respecter la loi concernant les mineurs, et de n'abandonner personne, tant qu'il reste le moindre lit de libre. Ils se reposeront un autre jour. Mais pas aujourd'hui, pas quand je suis de service. Not on my watch ! Les institutions ne sont pas des murs inébranlables, ce sont des façades qui paraissent solides mais qui n'existent que si on veut bien les voir, parce qu'on les trouve commodes.

Citation:
Commencer par soi déjà, avoir les idées claires. Autant te dire que t'as du chemin devant toi... et je te dis ça avec la même arrogance que tu as à penser que tu sauves celui qui n'a pas de fringues et rien à manger(tu les vois vraiment en mendiants ces migrants)... Je ne sais pas si le film de Sylvain George n'est pas très utile finalement...


Dès que les murs étaient dressés par d'autres que moi, et que je ne pouvais plus rien faire pour les repousser, j'ai préféré partir plutôt que de mal faire.

Bien sûr, je suis désormais politisé et sensibilisé de façon irréversible, et je ne t'ai pas attendu pour avoir une conscience aiguisée. A ta condescendance, je n'oppose pas que mon expérience, mais aussi mon libre arbitre et mon idéalisme.

Et contrairement à toi, je pense qu'idéalisme et réalisme peuvent être parfaitement complémentaires.

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MessagePosté: 07 Déc 2011, 17:27 
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Art Core a écrit:
Très belle critique pour un beau film, Z.


Je lis la section, je vois que DPSR a aimé, Tom et toi aussi, et même Zad ! C'est la fête ! Mais non, fallait qu'un teubé ramène sa fraise.

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MessagePosté: 07 Déc 2011, 17:45 
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i'm new here a écrit:
je te dis ça avec la même arrogance que tu as à penser que tu sauves celui qui n'a pas de fringues et rien à manger(tu les vois vraiment en mendiants ces migrants).


Je n'ai jamais écrit ou pensé que je les "sauvais". Je crois avoir bien détaillé les choses, et avoir suffisamment respecté ton point de vue, pour éviter que tu réduises tout ça à une caricature... De même, garde tes précieuses leçons pour tes proches. J'ai la chance de ne pas te connaître, j'aimerais qu'il en reste ainsi.

Ton discours est banal, ne t'en déplaise, et se résume grosso merdo à "autant vider la mer avec une cuillère". Franchement, libre à toi.

Pour autant, je ne me gargarise pas d'avoir aidé des gens, puisque j'étais payé pour le faire. C'était mon job.
Mais j'y ai pris un pied monstrueux. Avec force cynisme et bonne humeur. Le sentiment vague et puérile "d'être utile" aussi, mais surtout la rencontre de personnes que je n'aurais - dans des conditions normales - jamais eu la chance d'aborder, avec qui je n'aurais pas pu discuter, sourire, me marrer. Pour des échanges et des souvenirs qui vont bien au-delà de la fiche de paie...

Dommage que je ne puisse te faire partager aucune onde positive de tout ça, ni d'ailleurs ce documentaire.

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MessagePosté: 07 Déc 2011, 20:42 
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Z a écrit:
Ton discours est banal, ne t'en déplaise, et se résume grosso merdo à "autant vider la mer avec une cuillère". Franchement, libre à toi.

t'en sais vraiment rien, et dans ton exaltation tu m'écouteras pas sauf si je te parle tamoul ou arabe ; là alors tu me tendras les bras, et la soupe de l'armée du salut.
salamalikoum :wink:


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MessagePosté: 07 Déc 2011, 21:17 
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i'm new here a écrit:
t'en sais vraiment rien, et dans ton exaltation tu m'écouteras pas sauf si je te parle tamoul ou arabe ; là alors tu me tendras les bras, et la soupe de l'armée du salut.
salamalikoum :wink:


Descends de ton perchoir, cochise, ou abstiens-toi de brasser du vent. Au moins, je viens ici pour partager deux ou trois choses. Pas cracher dans la soupe.

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I think we're gonna need a helmet.


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