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 Sujet du message: Playlist (Nine Antico - 2021)
MessagePosté: 02 Juin 2021, 17:55 
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Robot in Disguise
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Premier film de la bédéiste Nine Antico, que je ne connaissais que de nom, et encore vaguement. En tout cas, on retrouve une vraie touch BD dans cette agrégation de vignettes, micro-situations et observations. On a parfois l'impression de voir la case, de visualiser presque la taille des bulles (genre la petite réplique lâchée à la toute fin du plan qui correspond à la bulle décalée en bas à droite).

Il y a donc pas mal de petites répliques et moments qui font sourire, mais le film souffre de la comparaison avec FRANCES HA, qui fait clairement office de modèle: pas que pour le noir et blanc, mais aussi pour cette amitié entre meuf (pardon, maintenant il faut dire "sororité") et ce chapitrage, les adresses de Frances étant remplacées par les mecs dont elle s'éprend. Si le Baumbach était bondissant et léger, une vraie mélancolie touchante s'en dégageait, et ici je ne la ressens pas. Sara Forestier est déjà presque trop vieille pour le rôle et on sent Antico tiraillée: elle fait officiellement un film sur une nana de 28 ans mais tu sens qu'elle veut en réalité parler d'une trentenaire bien avancée. Bref, y a un truc qui ne prend pas. Et la conclusion du film est d'un basique - c'est quasiment la chute d'un film que j'avais fait au lycée.
(le personnage de dessinatrice joué par Forestier se galère dans son métier et va de mec en mec, et à la fin elle finit par faire une BD... en racontant les rencontres amoureuses qu'elle a eu au cours du film... :| )


Bon, au final ça reste quand même pas désagréable. Rien de fou mais c'est un chouïa au-dessus de MES JOURS DE GLOIRE (film très similaire) et largement meilleur que ELEONORE.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 31 Aoû 2021, 21:35 
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Ayant dû intégrer des stagiaires de l'Ecole Estienne au boulot (cela s'est passé à peu près comme dans le film, en pire, et pour être honnête plutôt par notre faute que la leur), il y a des trucs qui font forcement mouche (l'importance du carnet de croquis, qui devient un enjeu de reconnaissance ou en tout cas de statut, les ambiguïtés d'un milieu féminisé mais où les décideurs sont des hommes, même la machine à relier, les conseils sur les concours et bien sûr les rapports de séduction qui interfèrent trop avec le travail et ne peuvent que fragiliser les débutants...) et font rire jaune. La structure en saynète lisse quand-même l'ambition du film (les personnages ont une identité mais pas de vie, certes c'est un peu le propos du film). C'est aussi très ancré dans les années 90-2000 (les disques et la minichaine, la lofi, la colloc, l'absence de portable
la scène d'avortement à la Hal Hartley, auquel le film beaucoup plus penser qu'à Noah Baumbach dans le premier quart... on est également plus proche d'Amélie Poulain que du Squid and the Whale
, la présence de Grégoire Colin, d'ailleurs très bon*), le fait de partir de la maladresse et des déboires sentimentaux du personnage de Sara Forrestier détourne la question sur le fait de savoir si ce n'est pas le milieu cuturel français, trop institutionbalisé, qui s'est mis en dehors de l'époque et si en un sens le personnage n'y est pas au contraire trop bien intégré. Pour être honnête les parents du film esquissent cette question, qui n'est pas épuisée par le regard sur l'évolution des comportements homme-femme, mais elle passe au second plan par la mise en scène de leur origine modeste, ça fait " moment Pialat". Il y a surtout une logique un peu triste (personnifiée par la voix off de Bertrand Belin) où la fatigue des jeunes femmes qui n'arrivent pas à acquérir une autonomie économique rejoint le cynisme des hommes plus âgés qui ne jouissent plus de leur pouvoir et de leur reconnaissance. Tout le film est à l'image de la scène qui fait allusion aux attentats : cela part sur du bon comique de situation, brutalement dilué dans quelque-chose de plus cynique qui neutralise leur développement, est exhibé comme une quasi technique qu'il s'agit d'acquérir.

Sinon je n'ai pas la même lecture de la fin que QJG

ce n'est pas une BD, juste des extraits de son carnet de croquis/journal , ô combien important dans ce milieu,
où les commentaires sur les hommes sont bien plus âpres que ce que la bonhommie de ses réactions ne laissait penser. Elle transforme leurs pires conversations en signatures ou en quasi nom propre, et se perçoit malgré tout comme une victime dont l'estime de soi est fortement abîmée par ces relations


*il y a aussi un court rôle de Fejria Deliba, très bonne en mère, qui fait le lien avec la Bande des Quatre, soit les années 80. Tous les hommes du film font sourdement penser à Benoît Régent sous une forme assagie et démystifiée...

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MessagePosté: 01 Sep 2021, 08:47 
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En fait tu aimes bien les films qui te renvoient à ta condition d’homme dragueur qui perd ses moyens devant les stagiaires. La question est de savoir si le reflet renvoyé, que tu as un certain mérite à assumer avec autant de franchise, est doucement ou douloureusement cruel, ou alors simplement, disons anodin, juste une répétition d’un état de fait, dépourvu de charge morale.


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MessagePosté: 01 Sep 2021, 08:50 
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Heu non, je ne suis pas un homme dragueur, je ne perds pas facilement mes moyens non plus, ne suis pas fan du film (proche d'un Beau Soleil Intérieur de Claire Denis aussi, c'est vrai sur des femmes plus âgées que la situation ici, il y a un décalage), mais ai vu des gens de faire virer un peu de la même manière, et entendu le même type de conversation et de stratégie sur les carrières ce qui conduit à prendre malgré tout un peu au sérieux le point de vue du film.
En l'occurrence ce qui est intéressant c'est l'articulation entre le feminisme et la critique des comportement, et le contexte assez français des métiers culturels avec un prestige social et une reconnaissance forte mais une grande fragilité dans les carrières...le fait que le personnage sente diffusèment que le passage par une grande école d'art va encore plus accentuer cette ambiguïté alors qu'on lui dit le contraire (mais capitule) est pas mal vu.

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Erving Goffman


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MessagePosté: 01 Sep 2021, 09:12 
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Merci de la précision (sur ce que décrit le film), c'est mon côté maieuticien ;) La référence invoquée du côté de Baumbach semblait plutôt être Frances Ha, qui décrit d'ailleurs un personnage un peu marginalisé, mais jamais autant que ceux de Hartley dont l'imaginaire, de manière fantasmée/théorique ou non, a finalement toujours été blue collar ou tendance.


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MessagePosté: 01 Sep 2021, 09:26 
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GQJ se trompe en ironisant sur la sororité défendue par le film, car il ne voile pas qu'il existe peu de solidarité entre aspirantes dessinatrices vu la rareté des débouchés
Le mépris pour les bibliothécaires perçus comme des fonctionnaires, n'est pas une invention non plus (alors même que ce sont leurs alliés, qui médiatisent les œuvre vers le public, peuvent orienter la politique culturelle vers eux, peuvent exposer et développer des projets où il est question d'autre chose que de vendre...).
C'est lissé et endossé dans le film lui-même avec la situation à la Friends, irréelle, du personnage de Leatitia Dosch (une artiste comme elle, mais pas dans le même secteur, en non concurrence, y compris même sexuellement c'est son double fantasmé plus qu'une amie).

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