Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 28 Mar 2024, 12:10

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 4 messages ] 
Auteur Message
MessagePosté: 09 Nov 2014, 22:23 
Hors ligne
Teacher

Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
Messages: 11666
Nel Nome del Padre en VO.

Image

Un collège de Jésuites à la fin des années cinquante. Deux élèves, Franc et Angelo, aux personnalités pourtant dissemblables, refusent le joug imposé par les Pères religieux...


Toujours le même schizophrénie chez Bellocchio, entre les velléités de discours plombantes, et une mise en scène pourtant ouverte, généreuse, toute en nuances. L'exposé est ici plutôt emballant, remarque : les élèves ne sont pas plus à sauver que les prêtres, et la peinture qui est faite de l'institution est davantage celle d'un asile d'aliénés où chacun trouve son compte. Les relations en circuit fermé, les rapports de force qui s'y sont construits loin du regard extérieur (étranges images lointaines de la ville moderne, dehors), sont teintés d'un sado-masochisme (le côté "internat") bien heureux de s'exercer reclus. Dans cette mise à nu littérale des pulsions, on est pas très loin parfois de Bunuel, Oshima, ou Pasolini...

C'est dans ce sillage fertile que l'habituel onirisme de Bellocchio se déploie, cette impression constante de monde fantasmatique, de songe nauséeux. Un parfait cinéaste de maison hantée...



Exemple typique de ce cinéma : une idée au symbolisme énorme et pataud sur le papier qui, dans les mains magiciennes de Bellocchio, se transforme en rituel de terreur à l'égard des adultes, mais aussi en manipulation fielleuse laissant aux jeunes l'impression d'un pouvoir de rébellion... Sur le terrain de ce malaise-là, le film est très bon.

Malheureusement, petit à petit, l'ensemble se réfugie dans la démonstration froide, en s'étalant pour cela à foison dans le grotesque (le repas de serviteurs, usant...), malgré d'intelligentes façons de le manier (le spectacle). Toute la dernière partie, bourrée d'ellipses et de facilités, n'est plus occupée qu'à réciter sa dissertation, quitte à sérieusement saccager l'ambiance et le ton qu'on avait patiemment installé. Dommage donc, parce qu'il y a là l'univers le plus frappant que j'ai croisé jusqu'ici dans sa filmo, et qu'il en en accouche tout de même l'impression d'un film très "petit".


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 11 Nov 2014, 22:27 
Le film est à la fois fantasmagorique et déceptif mais en un certain sens heureusement, satisfaisant cela voudrait dire qu'il s'identifierait complètement au carnaval fasciste que ses personnages représentent. Daney le considérait comme un film réaliste pour mieux l'attaquer politiquement, toi tu le considères décevant et en dessous de son potentiel fantastique, mais c'est le même reproche finalement.


Haut
  
 
MessagePosté: 12 Nov 2014, 08:29 
Hors ligne
Teacher

Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
Messages: 11666
Gontrand a écrit:
Le film est à la fois fantasmagorique et déceptif mais en un certain sens heureusement, satisfaisant cela voudrait dire qu'il s'identifierait complètement au carnaval fasciste que ses personnages représentent.

Oui, il aurait fallu quoiqu'il arrive une porte de sortie. Elle est juste assez fainéante, ici. Pourquoi le même reproche ? Vais aller essayer de trouver le texte de Daney, ça m'intéresse de voir comment il décrypte ça.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 15 Nov 2014, 11:16 
Tiens sinon il me semble que le film doit beaucoup à Carmelo Bene, mais je ne connais pas bien. La pièce dans "Au Nom du Père" ressemble à des passages de "Notre Dame des Turcs" que j'ai pu voir, mais en plus "réaliste" et contextualisé.
Le lien théâtre-lutte politique est central dans un tas de film italiens, et tourne sans doute autour d'une scène qui ne s'est pas réduite aux cinéastes les plus connus. "Partner" et "Je suis un Autarcique" de Moretti décrivent finalement une seule trajectoire en boucle développée sur 10 ans.
D'ailleurs en comparant Partner et les Bonus d'un Homme Ridicule où Bertolucci insiste très lourdement sur la judéité d'Anouk Aimé et le fait que son nom de scène a été donné par Prévert, on comprend un truc sur Bertolucci: parti sur une mise en scène révolutionnaire faite par les fils , il a gllssé vers un film où les père remplissent une fonction de simple médiateurs entre des forces historiques et des déterminismes sociologiques et culturels qu'il ne peuvent qu'illustrer pour signifier qu'ils se sont retrouvés débordés.


Haut
  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 4 messages ] 

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Viol en première Page (Marco Bellocchio - 1972)

Gontrand

2

1557

07 Avr 2021, 20:09

Qui-Gon Jinn Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Vincere (Marco Bellocchio - 2009)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Blissfully

22

3164

17 Déc 2009, 15:33

Baptiste Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. L'Enlèvement (Marco Bellocchio, 2023)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Film Freak

17

656

04 Déc 2023, 17:14

Vieux-Gontrand Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Buongiorno, notte (Marco Bellocchio - 2003)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Tom

24

2830

31 Mar 2023, 22:32

Karloff Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. La belle endormie (Marco Bellocchio - 2012)

DPSR

7

1809

19 Aoû 2016, 17:54

Karloff Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Le Diable au corps (Marco Bellocchio - 1986)

Tom

8

2537

31 Jan 2014, 16:15

Mr Chow Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. La Marche triomphale (Marco Bellocchio - 1976)

Tom

0

1486

03 Fév 2014, 01:34

Tom Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Le Diable au corps (Marco Bellocchio, 1986)

Cosmo

5

673

01 Avr 2021, 20:51

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. La Contestation (Pasolini, Godard, Lizzani, Bertolucci, Bellocchio - 1969)

Cosmo

0

1430

03 Oct 2009, 09:36

Cosmo Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Au nom du père (Jim Sheridan - 1993)

Tonton

0

1504

08 Déc 2009, 00:22

Tonton Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Google [Bot] et 20 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web