Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 27 Avr 2024, 22:03

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 7 messages ] 
Auteur Message
 Sujet du message: Comrades (Bill Douglas - 1986)
MessagePosté: 30 Aoû 2014, 18:21 
Hors ligne
Teacher

Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
Messages: 11666
Image

Grande-Bretagne, Dorset, 1834. George Loveless et ses amis, laboureurs à Tolpuddle, sont exploités par les propriétaires terriens, avec la complicité du clergé. Ils s’organisent pour revendiquer des hausses de salaires, et fondent une Amicale secrète...


Mais on pourrait tout aussi bien faire un autre résumé, tant cette intrigue sociale est réfractée de mille façons, comme à travers un prisme qui en ferait résonner toutes les approches possibles, créant autant de pistes et de films dans le film. S'il fait le tableau d'un XIXè siècle de misère, si sa reconstitution fidèle aligne les détails crades et les trognes ravagées, Bill Douglas est aussi ce cinéaste qui ouvre son film par les déambulations d'un montreur d'ombres : illusion, étrangeté, magie, onirisme, sont en fait les principales saveurs qui restent en bouche.

Le film se présente presque comme une charade, très elliptique : bout de scène dont on nous charge de deviner le début ou la fin, un dialogue par-ci, un visage par-là, une chanson qu'on entonne, un paysage... Comme un grand puzzle. Ce n'est pas spécialement appuyé ou mis en avant (comme on le dirait d'un film dont ce serait le parti-pris formel "officiel"), ça tient plutôt de la tendance. Ce mille-feuille se fait sans doute un peu plus linéaire dans la deuxième partie (alors que c'est paradoxalement le moment où les héros sont séparés), mais le changement de décor crée aussi une grande respiration inattendue et bienvenue. Cette façon de sauter d'une scène courte à une autre, comme on tournerait les pages d'un livre d'images, pose parfois quelques difficultés de compréhension, mais permet aussi de ne pas voir le temps passer, et de ne pas s'ennuyer une seconde sur les trois heures.

On peut regretter que le film se termine focalisé sur son propos politique, quand tout ce qui précède n'a consisté qu'à le transcender de toutes les façons possibles. Plus qu'un plaidoyer égalitaire, le mille-feuille du film est surtout l'occasion de montrer les innombrables facettes des rapports humains : de la camaraderie, de l'amitié, de l'amour, même du désir. Toujours autour des questions de rapports de domination, certes, mais c'est je trouve la grande force du film, ainsi que sa dimension "poétique", d'être inrésumable à ce qui fait son pitch.


Voilà, courez-y, c'est souvent inattendu, étrange - souvent beau aussi, les visages particulièrement, tant les personnages sont filmés avec une belle attention... Pour ceux qui n'ont pas peur des trois heures, c'est clairement l'une des découvertes de l'année à ne pas rater (et la meilleure antidote possible au dernier film de Ken Loach).


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 30 Aoû 2014, 18:36 
Hors ligne
Teacher

Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
Messages: 11666
Et chez Chro (pour changer), une petite phrase qui résume tout à fait ce qui fait la singularité et la beauté frappante du film, et ce qui en fait un film profondément politique sans jamais le laisser sentir :

Raphaël Nieuwjaer a écrit:
Le labeur et la misère n'étouffent pas la richesse sensible du monde, qui jaillit partout, s'éprouvant autant dans les spectacles visuels que lors d'une promenade à la campagne, un chant partagé ou, durant le travail même, par la vision des cieux mordorés suspendus au-dessus d'un champs de cailloux. Une révolution a déjà lieu dans l'affirmation de cette multitude de sensations, de gestes, d'expériences qui trament une nouvelle réalité où tout un chacun peut se constituer un corps qui ne soit plus uniquement fait pour subir la domination.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 30 Aoû 2014, 19:15 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
Messages: 27864
Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Oui faut que je me bouge pour y aller.

EDIT : vu le nombre de séances qui restent sur Paris c'est pas gagné :(

_________________
CroqAnimement votre


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 02 Sep 2014, 11:10 
Hors ligne
Teacher

Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
Messages: 11666
Ça repasse à la Clef (tous les jours), et à l'Entrepot et au Louxor (certains jours) la semaine prochaine. Allez-y !


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 02 Sep 2014, 11:36 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 14 Mai 2014, 10:12
Messages: 3702
Faut que je réussisse à me bouger. D'autant que j'avais beaucoup aimé sa trilogie ressortie l'année dernière aussi. Je sais pas si tu l'as vu Tom
Image

Une sorte d'enfance nue en plus poétique tourné avec trois fois rien


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 02 Sep 2014, 11:48 
Hors ligne
Teacher

Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
Messages: 11666
Non justement, j'avais eu la flemme vu de loin (je l'ai toujours un peu d'ailleurs) !


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 06 Déc 2020, 09:23 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 01 Fév 2016, 20:06
Messages: 8306
Je crois que je craignais, au vu du résumé, à un truc tendant vers du sous Ken Loach bien vermillon. Et si le film a quelques moments pas très fins (le curé qui picole en douce, le gardien du bagne qui se fait sucer par son chien), il est très réussi et dépasse largement le propos politique pour trouver son équilibre en abordant sans prétention les aspects quotidiens et métaphysiques de la vie, rien de moins.

Sur la forme, c'est effectivement assez déconcertant, l’enchaînement des scènes ne nous permettant jamais réellement de nous fixer sur des personnages, de les cerner complètement ni de mesurer totalement les enjeux ou la temporalité, mais le procédé est finalement efficace avec cette déconstruction qui permet de garder beaucoup de moments en mémoire, tel des instantanés de la vie. Je ne sais pas si j'ai trouvé la forme « belle » immédiatement, mais en tout cas j'ai été cueilli car les 3 heures sont passées très vite (bon je mentirais si je disais que je n'ai ressenti aucune longueur mais globalement c'est très digeste).

Au final, ce qui pourrait passer pour de l'indolence et une certaine forme d'art brut m'a beaucoup fait penser au cinéma japonais, à du Kawase ou du Kore-eda par exemple, dans cette manière simple, mais en fait pleine de maîtrise et de sensibilité, d'aborder le sens de la vie et des relations humaines.

D'ailleurs je parle d'art brut mais le signe qui ne trompe pas est la présence, en fil rouge, des fonctions de l'image et de la narration (le conteur avec sa lanterne magiques, les jeux d'ombres, le photographe), véritable ode au pouvoir de la représentation et à la force de la circulation des idées.

Une belle découverte.


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 7 messages ] 

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Trilogie Bill Douglas (1972-1978)

DPSR

1

1379

15 Aoû 2013, 00:57

JCPJC Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Mr Holmes (Bill Condon, 2015)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Film Freak

20

2241

13 Sep 2015, 11:29

Fire walk with me Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Flyboys (Tony Bill - 2006)

Mufti

9

1502

27 Juin 2007, 18:03

Nikko Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Live! (Bill Guttentag, 2007)

karateced

3

1238

16 Aoû 2008, 22:09

Cosmo Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Dreamgirls (Bill Condon - 2007)

juLILO

6

1524

10 Mar 2010, 10:41

SwingKid Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Le Cinquième pouvoir (Bill Condon, 2013)

Film Freak

0

1432

19 Nov 2013, 16:45

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Love and mercy (Bill Pohlad, 2015)

boultan

2

1281

19 Juil 2015, 18:03

boultan Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Des Idiots et des Anges (Bill Plympton, 2009)

Art Core

5

1571

11 Mai 2009, 22:41

Mr.Orange Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. La Belle & la Bête (Bill Condon, 2017)

Film Freak

12

2060

04 Sep 2019, 16:19

Castorp Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. L'Impitoyable lune de miel ! (Bill Plympton - 1997)

Blissfully

7

1308

13 Jan 2007, 20:39

The Xcapist Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 44 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web