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 Sujet du message: Windtalkers (John Woo, 2002)
MessagePosté: 27 Fév 2024, 20:54 
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En 1944, durant la Seconde Guerre mondiale, le marine Joe Enders est chargé d'une mission consistant à assurer la sécurité de deux soldats navajos, Ben Yahzee et Charlie Whitehorse, dont le langage est utilisé comme code secret. Enders est sommé de "protéger le code à tout prix" pour l'empêcher de tomber aux mains de l'ennemi. En clair : sacrifier, si besoin est, leurs frères d'armes.

Je n'avais vu le film qu'une seule fois, à sa sortie (au Festival de Deauville plus précisément), et je lui avais mis un vieux 3,5/6 des familles, déçu par ce que j'espérais être le Une balle dans la tête de la carrière US de Woo. Je n'en avais strictement aucun souvenir à l'exception d'un effet de montage que j'avais trouvé original et stylé.
Quand un soldat japonais décapite le personnage de Christian Slater avec un sabre, Woo raccorde le plan de l'arrivée du sabre avec un gros plan de Slater qui fond très vite au noir.
Les conditions étaient donc idéales pour redécouvrir le film, non seulement au sein de cette rétrospective intégrale, mais surtout dans sa version Director's Cut, plus longue de 19 minutes.

Et grand bien m'en a pris!

Alors attention, le film n'est clairement pas du niveau d'Une balle dans la tête ou de Face/Off (je lui préfère même M:I-2 qui est peut-être objectivement moins bon) mais cette version plus dramatique, plus tragique, non seulement via le retour d'une violence censurée de la version salles mais également de scènes développant les personnages, est par conséquent plus wooienne et enfin un vrai bon film.

Le postulat de base est parfait pour l'auteur. Dans Le Syndicat du crime (un policier est le frère d'un gangster) et The Killer (un policier se lie d'amitié avec le tueur qu'il traque), Woo concluait en montrant la fraternité, de sang ou de cœur, comme plus forte que ce que dictait la fonction des personnages (surtout en ce qui concerne le flic). Dans Windtalkers, cette notion revient de manière encore plus cruelle : la mission n'est plus de capturer ou de tuer l'autre mais de le protéger PUIS de le tuer s'il est capturé. La situation force la fraternité pour mieux la mettre à l'épreuve.

Pour raconter cette histoire, Woo creuse plus que jamais les jeux de miroirs de ses deux précédents films.
Tout d'abord, il y a l'idée de présenter deux binômes : le principal est composé du naïf Ben Yahzee (Adam Beach) et du traumatisé Joe Enders (Nicolas Cage) tandis que le second associe un navajo plus mûr, Charlie White Horse (Roger Willie), et un américain plus ouvert, Ox Henderson (Christian Slater).
L'amitié du deuxième tandem se forge plus naturellement, de par leurs personnalités plus apaisées, mais également par le biais de la musique, l'un jouant de la flûte traditionnelle là où l'autre manie l'harmonica. C'est assez sommaire dans l'écriture - c'est un John Woo hein - mais ça fonctionne bien pour montrer les deux faces d'une même pièce, les points qui les rapprochent plutôt que de les distinguer, et de le faire par le biais d'un élément culturel. Il y a cette très belle scène dans le dernier tiers du film quand ils décident non plus de chercher à s'accompagner mais de jouer en même temps et alors que la caméra filme en gros plan l'américain à l'harmonica, le montage son favorise le son de la flûte, et vice-versa pour le contre-champ. En une simple idée audiovisuelle, Woo symbolise le terrain d'entente enfin trouvé entre les deux soldats.

La relation du duo principal est plus difficile, adoptant une dynamique de buddy movie par moments (mais sans vraiment d'humour), les deux personnages étant semblablement irréconciliables. Il faut dire que Cage joue à nouveau une figure de martyr pour Woo. La première scène "d'action" - comme pour Une balle dans la tête, le réalisateur esthétise le moins possible les fusillades - voit une opération complètement foireuse pour Enders et ses hommes qui se solde par la mort de tous sauf lui, alors qu'il en est responsable. Une scène rajoutée le voit même recevoir une médaille, simplement pour avoir survécu. Alors qu'il est handicapé, il veut absolument retourner sur le champ de bataille. On est davantage dans l'auto-flagellation que la quête de rédemption. Et on bascule même dans la folie meurtrière et vengeresse lors de la deuxième scène de guerre, longue d'une vingtaine de minutes dans ce montage, Woo en rajoutant dans la soif de sang du protagoniste, dévisagé par les autres soldats. Ce sont ses scènes où je trouve Cage un peu à côté, son surjeu habituel à base de gros yeux et de bouche souriante grande ouverte se prêtant moins à ce type de récit dramatique qu'à un thriller grand guignol comme Face/Off. Mais l'écriture est sans doute un peu en deçà aussi.

Il faut dire que même les séquences additionnelles qui servent à approfondir cette caractérisation passent par des clichés (la photo des amis disparus que l'on consulte à chaque fois qu'on ouvre sa boîte à cigarettes pour en fumer une) et autres détails pas vraiment finauds (Cage surjouant encore quand Enders bourré verse du saké sur des tombes fraîches de nuit, on est à des kilomètres du Chow Yun-Fat clochard émouvant). Tout comme on a droit à l'inévitable soldat raciste qui fait chier les navajos tout le long jusqu'à ce que Charlie sauve sa vie, donnant lieu à La Réflexion La Plus Didactique Du Monde quand le raciste dit ensuite que si les indiens qu'ils chassaient jadis leur sauvent la vie aujourd'hui, "peut-être qu'on boira des verres avec les Japs dans 50 ans". Mais au moins c'est là, on va dire. Et encore un jeu de comparaisons et de rapprochement, ici de situations, de deux "ennemis" de l'Amérique à travers le temps (d'ailleurs, saluons la jolie introduction qui associe les paysages de Monument Valley, iconiques de l'Amérique, avec le peuple navajo, avant qu'un bébé navajo ne soit superposé au drapeau américain, le message est clair sur qui sont les vrais américains) .

Mais le jeu de miroir le plus fort intervient lorsque les scènes d'Enders déchaîné révèlent leur véritable utilité en trouvant un écho dans le comportement de Yahzee sur la fin.
Après la mort de Charlie. Il fait exactement pareil.
Il est devenu Enders
(alors même qu'Enders incarne à ce moment précis tout ce qu'il déteste vu que c'est lui qui a dû exécuter Charlie).
Comme Sean Archer et Castor Troy dans Face/Off, comme Ethan Hunt et Sean Ambrose dans M:I-2. L'incarnation de la réplique surannée "We're not so different, you and I". Sauf qu'ici, ils ne sont pas ennemis et la détestation précède la compréhension. Compréhension que la guerre déshumanise (à l'ouest, rien de nouveau, ok) tous sans discernement.

Donc voilà, c'est pas particulièrement novateur, les scènes de baston sont un peu répétitives, c'est peut-être finalement davantage le Heroes Shed No Tears US de Woo (en mieux), mais c'est bien.

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