Forum de FilmDeCulte

On sent Benny Safdie légèrement désintéressé : addiction aux antalgiques, scènes de ménage, prémices de l'UFC dans une compétition japonaise qui fut rachetée plus tard, tout ça noyées sous les nappes réverbérées de saxophone, comme une réplique pas très bonne de la musique d'Uncut Gems.
Il y avait eu un documentaire consacré au personnage et au même sujet, réalisé par le fils de Peter Hyams. The Rock est pas mal, incarnant une absence, suggérant des névroses, intrigantes, mais bon.

Et de ce que j’ai vu du docu, c’est parfois repris au plan près.
J’ai trouvé ça sans aucun intérêt.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Je ne m'explique pas le four qu'est en train de faire ce film, Dwayne Johnson, Benny Safdie, les débuts du MMA, lion d'argent à Venise (bon ça clairement ça n'attire personne en salle), je me serais attendu à un relatif succès. Je m'étonne moins de la tiédeur de la réception critique, parce que Safdie joue clairement contre toutes les attentes, et que The Smashing Machine semble susciter beaucoup d'incompréhensions. Pas une raison pour autant pour se plaindre de son classicisme quand le film n'est absolument pas sur ce registre (à l'inverse d'un Iron Claw auquel j'ai pas mal pensé pendant la projection), j’en vois déjà certain en conclure que des deux frères c’est donc forcément Josh qui est le plus talentueux réalisateur, on jugera sur pièce l’année prochaine mais en l’espèce j’ai trouvé la réalisation de celui-ci tout à fait dans les standards de la fratrie (et s’il n’est certes pas aussi nerveux que Uncut Gems, c’est bien parce qu’il est au diapason de son personnage principal).

The Smashing Machine, c'est un peu Dr Jekyll & Mr Hyde sans ne jamais voir que le premier. Ça n'est donc jamais Raging Bull, ce à quoi certains devaient s'attendre, pas plus que Rocky et ses combats à la progression lourdement dramatisés. Les combats de MMA Safdie les expédie en une poignée de secondes à chaque fois, le plus long doit durer 20 sec. (pour un combat qui s'est jugé aux points), en général deux coups de genou dans la tête et c’est terminé. Quant au côté sombre de Kerr, on ne le verra jamais véritablement, Safdie actant justement de l'impossibilité de rendre compte de cet aspect du personnage. Choix qui m'a d’ailleurs semblé ô combien salutaire et courageux. Toutes les scènes sont ainsi systématiquement captées depuis 2 points de vus, comme si on cherchait à scruter Kerr sous toutes les coutures, en espérant qu'une faille puisse apparaître en le regardant sous différents angles. Mais, ce que semble nous dire Safdie, c'est que l'entreprise est impossible, ou du moins qu'il ne souhaite pas sombrer dans les clichés (maintes fois rebattus) de ce type de profil. Kerr va en désintox, on le voit entrer/sortir de la clinique, on n'en connaitra rien de plus.

Ce qu'il reste de ce personnage au norme, c'est donc son versant excessivement pacifié, dont on ne peut qu'imaginer qu'il est une façade tant il semble forcé. Il y aura bien deux explosions, mais qui ne surviennent que lorsque sa compagne le pousse dans ses derniers retranchements. Pour le reste, quand bien même Kerr est totalement shooté, il reste stoïque et imperméable. Et ironie de l'histoire, puisque c'est sur le territoire japonais qu'on le verra principalement combattre, de le voir composer avec la culture nippone, tout en retenue et en intériorité, est particulièrement savoureux et donne lieu à certaines des meilleures scènes du film (dont au premier chef celle où il négocie son salaire avec un ponte de Pride qui le traite avec une condescendance toute japonaise, ce qu’il ne peut comprendre tant il prend leur politesse au premier degré).

Ce qui est intéressant c'est que tu donnes dans ton texte toutes les raisons sur pourquoi le film est un four, justement.

J’explique plutôt pourquoi la réception critique est tiède, non ? Ou alors tu juges que le bouche à oreille est essentiel pour qu’un film marche ?

Disons que tout est lié. Voici un film mal vendu (je croyais qu'il sortait sur Netflix, à vrai dire), avec une critique moyenne, une approche volontairement déceptive sur un héros totalement inconnu du grand public français (et je suis le MMA, jamais entendu parlé du gars).

Contresens là du coup, Hyde c'est le monstre.

Docteur Jekyll un jour a compris
Que c'est ce Monsieur Hyde qu'on aimait en lui
Mister Hyde ce salaud
A fait la peau du Docteur Jekyll

https://www.youtube.com/watch?v=2ai8p6CVS6g

Ah merde effectivement.