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 Sujet du message: Carvaggio (Derek Jarman, 1986)
MessagePosté: 28 Sep 2025, 11:18 
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Inscription: 27 Déc 2018, 23:08
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Début du 17ème siècle. Le Caravage, malade, est recueilli par de modestes pêcheurs toscans et agonise chez eux. Il n'est entouré que de son compagnon et assistant, Jerusaleme. Il y a un fort contraste entre l'encore aspect énergique et résolu du peintre, son corps massif, et la mort qui le gagne.

En flashback on revoit les étapes de sa vie, orientée sur un contraste de son tempérament provocateur et de la précocité de son génie, avec sa bonne intégration dans les circuits politiques du Vatican, en particulier grâce à la protection du cardinal Francesco Maria del Monte, l'André Malraux/Jack Lang de l'époque, qui le découvre dans Rome et avec lequel il restera lié.

L'arc narratif du film, un peu à l'arrière-plan, est le rapport
avec l'homme qu'il a a tué, Ranucci. Dans le film il s'agit d'un modèle du peintre, tout comme son amie, Lena.
Jarman suppose qu'ils se sont rapproché du peintre par opportunisme social (surtout de la part de Léna) puis une intrigue amoureuse plutôt morale que sexuelle où le peintre tue Ranuccio par à la fois par une pulsion et vengeance, car Ranucci avait lui-même tué Léna (en train de le quitter et enceinte) pour éliminer une possible rivale pour l'affection du peintre, en en faisant porter la reponsabilité au milieu du Cardinal Scipion Borghese, dont la réputation sulfureuse. Ke Caravafe aurait mar ailleurs fait jouer ses relations pour défendre Ranucci et lui éviter la mort, croyant fermement à l'innocence de celui-ci .




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Hum, mon premier Derek Jarman.
Je m'attendais à voir un film foisonnant, provocateur, et me suis retrouvé un peu désarçonné (déçu ?) par la sobriété et la sagesse du propos. Il s'agit d'un portrait à la fois oscar wildien et post-moderne de la condition d'artiste en général. Esthétiquement c'est une réussite, Jarman parvient à suggérer la Rome papale dans un demi-studio (aucune scène d'extérieur sinon celle du hamac, mais celui-ci est amené par la bande son), et joue habilement sur les anachronismes (vêtements, univers matériel) pour donner au film un point de vue social plutôt social qu'historique. Habilement, la sexualité et l'identité gay sont ainsi rattachées à cette dimension sociale, anti-historique, à la fois sturcturante et prisonnière de la mémoire historique (au passage grosse influence de Jarman sur l'esthétique du clip de REM Losing My Religion - qui n'est pas de lui mais de Tarsem Singh, et indirectement l'esthétique indie MTV des années 90. Derek Jarman était lui-même clippeur pour les Smiths, Marc Almond et Throbbing Gristle, mais ses clips ressemblent moins à son cinéma que ceux de ses imitateurs).

Le témpérament frondeur du peintre se trouve finalement piégé par sa reconnaissance et la promotion sociale amenée par ses liens avec l'Eglise. Il comprend le peuple, d'où il est issu, mais il ne lui appartient plus. L'envie et la lutte restent des valeurs générales, mais sont pour lui neutralisées. Il se rattache à un univers, qui du point de vue de ce qu'il était avant , est abstrait. Son exigence artistique est une forme de survie, et va de pair avec une intégrité morale forte (Caravaggio est filmé comme étabnt finalement un homme d'ordre, le scandale du meurtre est subi et involontaire) mais ce sont pour lui des connaissances, des savoirs, échangés contre le capital de ses protecteurs.

Le film est peut-être sur l'impossibiltité de la subversion politique par l'art. elle reste un idéal ou une tentation, mais en concurrence avec la statut et la visibilité de l'artiste lui-même. La subversion ne touche fialement pas le public de l'artiste, mais ce qu'il représente, ce qui est d'abord investi par une foi et une question sur l'incarnation du réel, qui doivent être résolues avant de les critiquer.

Le film semble déplorer le fait qu'une transgression ne pourra jamais excéder la valeur de son objet, et le politique (belle scène changement de siècle investi dans une fête socialiste comme il y a pu en avoir chez les paysans d'Espagne et et en Italie opposés au fascisme, tels qu'on peut se les rperésenter en 1986) est valorisé comme l'objet permettant une fome d'équivalence parfaite. Le peuple est soit la présence qui recueille l'artiste, soit l'objet du désir artisitque du peintre, mais jamais les deux en même temps. Le film est déceptif, le regret de Derek Jarman semble sincère, mais cela lui confère une forme paradoxale et un peu génante de modestie dans la richesse, d'atténuation consciente derrière l'élégance, comme si Derek Jarman s'appliquait à respecter un art dont il ne croyait plus en la survie, faute de mieux.

(Premier film de Tilda Swinton, mais l'actrice qui fait l'ange est Imogen Claire je crois) + Nigel Terry est très bon dans le rôle.

Donc mitigé mais en même temps curieux d'en voir d'autres. Cinéma qui se rattache un peu formellement à ce que faisait Greenaway à la même époque, tout en étant finalement plus classique et naturaliste (en terme de continuité psychologique)


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