VENDREDI 22 JUILLET – COMIC-CON : DAY 1
Je sais même pas comment réussir à vous expliquer la Comic-Con. Je veux pas la jouer « vous pouvez pas comprendre » mais de l’extérieur, il est facile de voir ça comme un vulgaire rassemblement de débiles dont la moitié se déguise mal ou trop bien en personnages qu’ils semblent parfois être les seuls à cultifier pour acheter des vieux jouets ou pour voir quelques minutes pas forcément finalisées de films qui sortiront dans quelques mois.
En gros, ça peut paraître bien vain et on serait en droit de se demander pourquoi nous autres français avons traversé l’Atlantique avant de faire plusieurs heures de route pour nous enfermer parmi les fous pendant deux jours mais si on est pas geek et si on est pas sur place, à baigner dans l’euphorie de cet exutoire improbable, on peut pas comprendre.
Parce que dès que t’arrives, c’est de ça que tu te rends compte : partout ailleurs, n’importe quel autre jour de l’année, et quand t’en vois un tout seul, la vision de quelqu’un déguisé de la sorte est a priori ridicule. Un constat à tendance pathétique de la passion poussée sans doute trop loin d’un fan avec trop de temps libre (les costumes sont souvent faits maison). Mais dans le cadre d’un événement comme le Comic-Con (et je pense pas que la Japan Expo/Comic-Con français peuvent s’y mesurer, dans l’ampleur et dans la densité et dans la précision des costumes), c’est inhérent, il y a quelque chose de bon enfant. Ca tient du partage.
des fois ils partagent même leurs accessoiresN’importe laquelle d’entre eux, je dis bien N’IMPORTE LAQUELLE de ces personnes déguisées, à peine tu lui demandes, à peine tu POINTES ton appareil photo vers elle, se fera un plaisir de poser pour toi. Et c’est pas tant parce qu’ils s’y croient trop et posent alors pour ça (à part les quelques putes qui semblent être déguisées en rien d’autre que des mannequins de sous-vêtement un peu extrêmes, j’y reviendrai plus tard), et évidemment ils sont fiers de leur costume, et revendiquent comme ça, non, c’est surtout qu’ils partagent ainsi leur passion, leur culture, avec leurs semblables, et même avec les autres (je pense que beaucoup de participants ne sont pas particulièrement geeks, juste des habitants de San Diego un tantinet intéressés par un ou plusieurs de ces univers). Peut-être se doutent-ils que certains, parmi ceux-là même qui les prennent en photo, le font pour se moquer, peut-être non, mais ils s’en foutent. Ils sont chez eux. Ils assument. Et ils ont raison.
Moi-même par moments, en y pensant, en prenant du recul, je me disais que ces mecs étaient quand même un peu atteints au fond, mais pris dans le contexte du Comic-Con, cette donnée ne rentre pas vraiment en compte. Je vous ferai plus bas un petit descriptif de la chaîne darwinienne du participant type, détaillant les différentes catégories de costumes et dressant le portrait de la faune du Comic-Con, allant du plus détaché au plus jusqu’au-boutiste, mais je ne juge pas vraiment. Pendant 4 jours, le Comic-Con s’ouvrent à toutes sortes d’activités geek, offrant des possibilités tant aux chineurs de jouets d’antan qu’aux chercheurs de comics rares qu’au fan désireux de rencontrer une idole, plus ou moins has been, ou juste de s’acheter un T-shirt ou d’apercevoir quelques images en exclu d’un film attendu. Y en a pour tout le monde et on a donc essayé de goûter un peu chaque échantillon qui nous était proposés. Je vais essayer de traduire au mieux cette expérience unique, qui s’accompagne évidemment des habituelles photos débiles (ne vous inquiétez pas, j’ai eu plein de trucs à sodomiser ou sucer).
Pour nous ça a commencé très fort. Craignant l’overdose, les deux autres m’avaient convaincu de ne pas faire les 4 jours mais juste la moitié. On a donc choisi le vendredi et le samedi, en se disant qu’il s’agirait des jours les plus chargés en previews. Le sort aura fait de 2011 une année assez faible en exclus et en présentations de films à venir mais on avait quand même le panel Tintin, avec la présence de Steven Spielberg, prévu à la première heure le vendredi. On est donc parti au plus tôt de LA pour arriver à temps à San Diego et sur place afin de retirer nos badges puis d’aller immédiatement faire la queue afin de réussir à entrer dans le fameux Hall H, salle principale de 6000 places dédiée aux présentations de films.
Entre le guidage du GPS et les parkings tous blindés, on galère à trouver un endroit où se garer avant de se précipiter vers le Convention Center, accuellis par un Schtroumpf géant...
...et croisant les premiers déguisés...
...et se réjouissant déjà d’être là, incrédules.
Premier constat : tout est remarquablement indiqué. C’est une organisation de OUF. J’ai jamais vu une mécanique aussi bien huilée. Des vigiles partout t’indiquent sans que t’aies à demander où se rendre pour retirer son badge, te disent quoi préparer, tu montes et tu te retrouves face à zéro file d’attente parce que tout va très vite avec plusieurs guichets et à chaque guichet une personne derrière et une personne debout, l’une checke ta résa imprimée sur internet et l’autre ta pièce d’identité et en deux-deux, t’as même pas compris ce qui t’arrives, boom, t’as déjà tes badges pour les deux jours, et à peine cette phase accomplie, on te dirige vers le stand là aussi surstaffé où on te refile ton petit kit Comic-Con : un sac gigantesque spécialement conçu pour contenir tout type d’achat (figurines, affiches, BD, etc.), avec dedans les programmes complets de tous les événements du Comic-Con, même les officieux, ainsi que la lanière de ton badge.
Tout pressés qu’on était, on a pris que la lanière, ce qu’on a un peu regretté par la suite vu qu’on nous a pas autorisés à prendre un sac après coup. Pas grave. On est donc vite redescendu jusqu’à l’autre bout du centre pour aller tout à la fin de la file d’attente déjà gigantesque pour le panel Tintin, flippant de pas pouvoir y assister.
Mais il n’y eut aucun problème. Après avoir attendu tranquillement assis sur la pelouse, à jouir de notre présence ici, à se balancer des « on l’a fait quoi » et des « Je vous aime les mecs » en contemplant les costumes des autres, on est entré dans l’immense Hall H. Là aussi, tout est très bien foutu : on te refile tes lunettes 3D à l’entrée et tu vas t’assoir sur une des 6000 chaises et contrairement à ce que je craignais, même si tu es loin, tu n’es pas en reste : il n’y a pas qu’un mais TROIS écrans géants afin de servir toute la salle.
On s’installe et on est déjà espiègles comme des écoliers quand le Président du Comic-Con débarque pour annoncer la remise d’un prix à Steven Spielberg et, avant de l’accueillir, lance un petit montage/hommage au réalisateur qui, transcendant sa simplicité, dépassant mon évidente amour du cinéaste, peut-être juste parce qu’on était là, sur place, aux côtés de 5997 autres geeks, pour notre première journée de notre première fois dans THE événement geek annuel que l’on suit depuis presque 10 ans sur internet, m’a foutu les larmes aux yeux, m’a fait frissonner et soupirer d’incrédulité, soudainement submergé d’émotion, et à peine avais-je eu le temps de me remettre de cette réaction là aussi sans doute difficile à comprendre pour quiconque n’était pas présent, que l’homme qui m’a donné envie de faire du cinéma débarque sur scène, la surpuissance de ses films, tout juste résumée par ce petit segment, n’ayant d’égal que l’humilité de son apparence de petit lutin, l’humain succédant au divin.
C’était beau.
Standing ovation. Petit discours de base. On est déjà à donf. Alors quand quelques questions plus tard arrive Peter Jackson, initialement pas prévu, c’est cadeau. Tout comme l’opportunité qui nous fut donnée de voir le court test SFX pour un Milou en CGI commandé par Spielberg à WETA il y a maintenant 6 ans et dont j’avais entendu parler pour la première fois lorsque Spielberg l’avait évoqué à un rédacteur d’Ain’t It Cool News qui avait visité le plateau de La Guerre des mondes. Et alors qu’on s’attendait à une banale démo technique, on a vu une sorte de simili-sketch montrant Peter Jackson costumé en Haddock prétendant passer une audition pour interpréter le personnage tandis qu’un Milou en synthèse fait le con derrière. Gogolerie. Et pourtant, en un plan, tu saisis que ce mec est un comme nous. Lui aussi il se déguise. Ils sont des nôtres quoi.
On a ensuite eu droit à un montage d’extraits du film et je donnerai mon avis dans la section News, je préfère parler ici de l’expérience humaine, comme ce moment où un gamin tout nerveux a demandé à Spielberg quelle fut son expérience de tournage préférée et qu’il donna une réponse touchante sur E.T. et l’envie d’avoir des enfants ou encore ce moment énormissime où un mec vêtu d’un T-shirt où il était écrit « Si possible, j’aimerai serrer la main de Steven Spielberg et le remercier » vint poser une question, amenant Spielberg à faire monter le mec sur scène afin que Jackson puisse le prendre en photo avec son iPhone. VIVE LE MONDE.
Magique.
J’oublie sûrement des détails mais là vous avez une idée du genre d’effet que peut avoir le Comic-Con. C’est assez grisant.
On sort heureux et on va manger. Sur le chemin, un mec, l'américain typique autrement dit super avenant, vient me voir pour me demander où j'ai acheté mon maillot des Mighty Ducks.
Evidemment, il a une fausse blessure sur la tête. Surréaliste.
De retour, on a décidé d'attaquer le Floor, qui compose la majorité de ce qu'il y a à voir au Comic-Con.
Un conglomérats de stands en tous genres : au centre, des stands dédiés à des compagnies de ciné, de télé, de BD, de jouets, donc par exemple, Sony, Fox, Marvel, DC, Hasbro, Mattel, Lego...
le paradis...Sideshow...
Avec parfois des invités de luxe comme Matt Groening, Noah Wyle, Frank Darabont...ou Pikachu :
Et Bob l'éponge.
Et quand Bob le voit, Bob l'éponge.Et tout autour des vendeurs de T-shirts, de jouets ou d'affiches...
Donc tu trouves les figurines les plus obscures :
Et des éditions spéciales improbables :
On a même trouvé Charlie :
On y trouve plein d'objets du passé, comme les Dragonautes si chers à Qui-Gon :
il le perdra quelques minutes plus tardOu des playmates si chères au Cow-Boy :
Et toutes ces super statuettes que tu pourras jamais te payer :
Par contre, je comptais m'acheter le marteau de Thor, vu à Universal Studios, mais je ne le trouve nulle part et je me mets à maudire les deux autres qui m'ont convaincu de ne pas le prendre à Universal et d'attentre le Comic-Con. Grrrmmmmbllll.
Mais j'ai eu mon moment de recueillement devant un stand dédié à Retour vers le futur :
oui c'est une de celles du filmOn a croisé un fan de Noony :
Et un mec dont certains sont fans ici :
Là on s'est rendu compte de l'heure et on est parti faire la queue pour le panel Sony (The Amazing Spider-Man et Total Recall entre autres) mais comme des cons, on s'est bougé trop tard. C'était mort pour entrer.
On s'est donc rabattu sur l'étage au-dessus du Floor, où résident la plupart des stars has been, chacune postée à son petit stand pour des autographes.
Ainsi Qui-Gon a-t-il pu avoir cet échange avec Vernon Wells (Bennett dans Commando) :
- Can I take a picture with you?
- WHY?
- ...for pleasure...?
*signe de Vernon genre "Mmmmm. Bonne réponse"*
Par contre, quand j'ai demandé la même chose à Adrian Paul (Duncan McLeod dans la série Highlander), on m'a répondu "C'est 20$".
fils de puteR2D2 était moins cupide :
QGJ imite Salacious Crumb et moi JabbaSur ce, on est rentrés à l'hôtel, et après un petit détour...
...on s'est fait un petit resto mexicain, frontière proche oblige :
Voilà voilà. Je repasserai demain pour raconter le deuxième jour et vous gratifier de quelques photos supplémentaires, mais pour le moment STOP!
Hammer time.