Et on enchaîne avec un auto-Festival de Rotterdam (bon après les festivals d'automne).
La sélection (toujours un peu fluctuante en fonction des arrivées)
France (4) Histoire de Marie et Julien de Jacques Rivette - Très beau film de Jacques Rivette, peut-être mon préféré de l'auteur. C'est long (2h20), il faut du temps pour entrer dans le rythme disons spécial de la narration, un peu comme une horloge que l'on remonte. Mais l'histoire d'amour est magnifique, le personnage de Marie sublime et Rivette offre sans doute Emmanuelle Béart le plus beau rôle de sa filmographie, cherchant dans son regard sa tristesse intérieure. 5/6
Lune froide de Patrick Bouchitey - collection perso Film culte, jugé scandaleux à l'époque (bon, pas sûr qu'il sortirait en France aujourd'hui), adaptation libre de deux nouvelles de Bukowski. C'est à la fois foutraque, inégal et sacrément couillu. Si Patrick Bouchitey acteur en fait des caisses, Jean-François Stévenin est un seigneur qui transforme une scène indicible en quelque chose de poétique et dérangeant - je trouve la fin sublime. 4/6
Ce vieux rêve qui bouge d’Alain Guiraudie - Mubi J'aime bien le cinéma d'Alain Guiraudie, sa liberté et ses dialogues ciselés. Ce vieux rêve qui bouge ne faillit pas à sa réputation : s'il est court (moins d'une heure), il concentre l'essentiel de son cinéma : le cadre ouvrier, le décalage, la tendresse et le désir (masculin ici). Beaucoup aimé. 4/6
My dinner with Andre de Louis Malle - cinéma Je continue mon exploration de la filmo de Louis Malle avec ce brillant exercice de style : deux acteurs, un lieu unique (un restaurant new-yorkais) et une longue discussion sur le sens de la vie entre un auteur rationnel qui rêve de couverture électrique et d'un bon café et un dramaturge un brin fêlé qui revient de différentes expériences hippies et croit avoir découvert le sens de la vie. C'est à la fois radical et brillant, un peu long et brillamment interprété. 4/6
Etats-Unis (3) It Felt Like Love d’Eliza Hittman - Mubi Un Sundace-Movie sur l'émancipation sexuelle d'une jeune fille. La mise en scène est inspirée (un côté Virgin Suicides sans la zik), l'actrice boudeuse très bien mais le film manque un peu de radicalité et d'originalité pour me séduire totalement. 3/6
Please baby please d’Amanda Kramer - Mubi Une comédie musicale queer qui revisite West Side Story (entre autres influences), en renversant les codes du genre. Pas très sensible à l'esthétique Drag Queen, j'ai souffert sur les numéros chantés et le film est étonnement bavard. Par contre, Andrea Riseborough a un charisme assez dingue. 2/6
L’Anglais de Steven Soderbergh - Mubi Un polar méga-stylé de maître Soderbergh, avec l'affrontement Terence Stamp-Peter Fonda en prime. Comme souvent chez lui, ça manque un peu de substance et de rigueur dans le scénario, mais il compense par sa science du montage et la coolitude de l'ensemble. 4/6 Europe (6) Ne change rien de Pedro Costa - Univers Ciné Beau documentaire musical consacré à Jeanne Balibar et Rodolphe Burger. Le dispositif impressionne par sa beauté plastique, noir et blanc hyper contrasté, jeu sur la lumière - le passage sur Ne Change rien est magnifique. Après le film peine un peu sur la durée mais Pedro Costa a un sacré style. 5/6
Famille Romance LLC de Werner Herzog Quel film étrange de Werner Herzog, filmé l'arrache dans des lieux emblématiques de Tokyo (c'est pour ça que je l'ai vu) et qui évoque la sincérité des relations humaines. J'ai beaucoup aimé, principalement tout ce qui tourne autour de la relation entre la jeune fille et son père de substitution. Moins le personnage de la mère que je trouve un peu trop "pratique" par rapport aux enjeux. Mais la fin m'a profondément troublé. Dommage que la forme soit si quelconque, je me demande ce qu'est un réalisateur comme Hamaguchi (ou Herzog de la grande époque) aurait fait d'un tel scénario. 5/6
Il Dono de Michelangelo Frammartino uel beau film, le premier du réalisateur italien, qui semble suivre la vie paisible d'un vieux monsieur dans un village de Calabre. Mais quelque chose de plus dramatique se joue... Frammartino filme la vie comme un ruisseau qui s'écoule, avec des plans subliment composés. Même les animaux semblent gagnés par la mélancolie. 5/6
La Gueule que tu mérites de Miguel Gomes - Mubi Hum... Un peu déçu mais c'est clairement un premier film qui pose un univers absurde. La première partie est très réussie, avec ce (faux) cow boy cynique à souhait. La longue seconde partie wesandersonienne en diable m'a laissé à quai. J'aime bien comment il pose les règles de son univers loufoque mais à force de digression absurde, cela m'a lassé. 3/6
Down Terrace de Ben Wheatley - Mubi Le premier film du réalisateur anglais qui semble s'être perdu à Hollywood (il a signé Meg 2, hum). Dommage car son premier essai était prometteur, comédie noire avec des personnages impayables et surtout de la bonne zik en contrepoint. Bien sûr, le jeu de massacre n'est pas des plus crédibles mais les acteurs anglais sont toujours formidables. 3/6
Vera de Tizza Covi, Rainer Frimmel Film entre documentaire et fiction qui suit Vera Gemma (la fille de l'acteur de westerns spaghetti) en quête de rédemption auprès une famille pauvre. Bon, ça prend un peu son temps pour trouver son sujet, c'est assez touchant dans ce que cela dit des Nepo Babies du passé. 3/6
Asie (7) Les Garçons de Fengkuei de Hou Hsiao-hsien - collection personnelle Des plans à tomber, une mélancolie qui vous transperce dans ce dernier tiers sublime où le récit se recentre sur un des garçons. Hou Hsiao-hsien trouve son (grand) style et sa manière unique de raconter des histoires par des plan-séquences magnifiquement composés où il enregistre la vie qui palpite et parfois s'éteint. Sublime. 5/6
Charisma de Kiyoshi Kurosawa - collection personnelle Dans la veine apocalyptique de maître Kurosawa, je choisis l'option champêtre, avec cette histoire d'arbre maudit, qui empoisonne la forêt et fait sombrer les hommes dans la folie. Il ne faut pas chercher à comprendre les motivations des personnages mais se perdre dans les sous-bois et apprécier la mise en scène de Kiyoshi (bon les CGI piquent un peu les yeux). 4/6
Hana de Hirokazu Kore-Eda - collection personnelle Film inédit en France, sur un jeune samouraï qui doit venger la mort de son père.. Bien sûr, vous pouvez compter sur Kore-Eda pour effectuer un pas de côté. Le samouraï hésite à exécuter sa froide vengeance, s'amourache d'une jolie veuve et le cinéaste de décrire avec affection le petit monde des bas fonds du Tokyo de l'ère Edo. Cela manque un peu d'enjeux, le héros de charisme mais la petite musique de Kore-Eda (cette flute là) fonctionne comme toujours. 3/6
The Heroic Trio de Johnny To - collection personnelle Nanar XXL et jouissif, mis en scène avec les moyens du bord et beaucoup d'inventivité par Johnnie To. Les bébés volent, les motos tourbillonnent et les filles les plus sexys de la planète HK s'envoient des shuriken. Le scénario n'a aucun sens, le montage aucune rigueur (il manque des scènes non ?) mais c'est balayé par le rythme et le plaisir de voir des nanas canons s'envoyaient en l'air (c'est une image). 3/6
Les Aventures de Denchu Kozo de Shin’ya Tsukamoto - collection personnelle Moyen métrage de jeunesse de Tsukamoto, le style est déjà là - montage accéléré, délire zarbi, sentiments exacerbés - mais la maitrise manque, si bien qu'au bout d'un quart d'heure, on a surtout envie que ça s'arrête... 2/6
Déménagement de Shinji Somai Oh la merveille. Bien sûr, le sujet me touche particulièrement… mais que c’est finalement écrit, dirigé et mis en scène, avec cette pré-adolescence qui découvre la dureté des sentiments adultes. Et quand le récit devient plus conventionnel arrive une dernière demi-heure qui m’a totalement transporté, touché au coeur, ému aux larmes. Magique. 6/6
Adresse inconnue de Kim Ki-duk Un film de Kim Ki-duk que je n'avais pas vu. On retrouve bien sûr son univers viscéral, ses personnages confrontés à l'ultra-violence physique mais aussi psychologique, toujours en mal d'amour. Mais il était alors dans sa "meilleure période" où son côté démonstratif était contre-balancé par des pulsions de vie et des plans hyper graphiques, comme cette image du corps du héros enfoncé dans la boue. Un peu long, l'acteur américain n'est pas très bon, mais le film est puissant dans ce qu'il dit de la nature humaine. 4/6
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