France (1)
Kung-fu Master d’Agnès Varda Tout petit film d'Agnès Varda, par son ambition, ses ressorts psychologiques... C'est mignon, charmant, mais ça effleure tellement son sujet que ça reste assez inconséquent. Le dernier tiers est le meilleur (il faut dire que le début est totalement anodin). 2/6
Amérique du Nord (4) Light Sleeper de Paul Schrader Un Paul Schrader du milieu de carrière, à la fois redite de Taxi Driver, pas aussi puissant que les Abel Ferrara de l'époque mais avec un super rôle pour Willem Dafoe, une improbable bande son eighties et une vraie atmosphère. Content de l'avoir revu (et pour le coup je me souvenais bien de Marianne). 4/6
Koyaaniqatsi de Godfrey Reggio Je l'avais vu sur une vhs pourrie, j'avais été envouté par la musique mais je lui préférais Baraka et Samsara de Fricke, malgré des réserves disons éthiques sur certains raccords... Le sot. J'ai trouvé ça extraordinaire, incroyablement visionnaire (tout 2022 est dans ce film de 2002), avec des idées de montage fabuleuses, une puissance de l'abstraction et bien sûr la musique de Philip Glass. J'ai toujours aimé le cinéma non-verbal, de Voyage of Time de Malick aux docs de Geyrhalter mais ce Koyaanisqatsi me semble encore plus définitif. Le film peut être "loué" en vod sur iTunes. 6/6
Un été comme ça de Denis Côté On ne pourra pas m’accuser de m’arrêter à un film par réalisateur… Donc quatrième film de Denis Côté que je vois… et troisième film de Denis Côté que je n’aime pas (j’avais plutôt apprécié le répertoire des villes disparues). Déjà le film est bcp bcp trop long - 2h18 de bavardage sur la sexualité qui mène… à pas grand chose, ensuite le film garde un point de vue très masculin avec des fantasmes qui me semblent d’un autre âge et sexe (franchement la scène avec le routier…) et enfin je ne comprends absolument pas ce que veut nous dire le réalisateur avec le personnage de la thérapeute allemande (toutes les femmes sont des obsédées du cul en fait, c’est ça le propos ?). Bref, pas aimé du tout, sauf la musique sur le générique final. 1/6
Careful de Guy Maddin - LaCinetek Troisième film de Guy Maddin que je découvre et heureusement, je n'ai pas commencé par celui-ci. Si on retrouve son gout des expérimentations et un univers hyper original, le récit ne m'a guère passionné et je suis resté à quai, seulement impressionné par séquence (le duel notamment). 3/6
Europe (8) Yella de Christian Petzold Thriller de Christian Petzold avec Nina Hoss, parfaite en femme perdue dans la jungle du capitalisme. Pas tout compris du contexte mais Petzold était déjà fortiche pour créer une ambiance semi-fantastique. 3/6
Le Château de Michael Haneke Adaptation de Kafka par Haneke. La mise en place est brillante. Dès le premier quart d'heure, j'étais happé par le sort du géomètre, impressionné par le dispositif. Mais comme souvent avec Haneke, réalisateur dont j'admire le travail plus qu'il ne me touche, la répétition des situations et de certains effets (le fondu au noir brutal, la voix-off qui lit le texte) ne m'a permis d'être très ému par la trajectoire de l'anti-héros, après ce n'est pas ce que recherche le cinéaste, qui veut nous plonger dans un état de sidération. 4/6
Le Décaméron de Pier Paolo Pasolini Quel film unique. A la fois baroque, érotique, mal branlé, poétique… Je crois que je l’avais vu adolescent (je me souvenais du sketch de la jarre hum), mais le revoir en salle, adulte, m’a stupéfait par son audace de ton - le film avait d’ailleurs cartonné. C’est tellement WTF, les gueules, les dialogues, les situations, l’absence de morale, la dimension picaresque… Alors c’est furieusement inégal (sur les huit sketches, tu en as des gratinés) mais ça m’a redonné le sourire. 4/6
Uppercase Print de Radu Jude J'aime beaucoup le cinéma de Radu Jude, sa capacité à trouver la forme adaptée à ce qu'il veut raconter de la société roumaine. Uppercase Print et Bad Luck... se répondent, surtout que les faits reprochés à l'ado sont de banales inscriptions sur un mur bien réel - aujourd'hui ce serait le mur virtuel de nos réseaux sociaux. Ce que montre Uppercase Print c'est la lâcheté ordinaire devant la dictature, comment elle lave le cerveau des concitoyens avec des rassemblements qui donnent l'illusion de la normalité et surtout comment les gens s'accommodent de cette perte de liberté. La forme est radicale - des acteurs rejouent les faits en lisant les rapports de la police secrète, le tout entrecoupé d'images d'archives. Le film est dispo sur Mubi pour deux jours encore. 4/6
The Millon Dollar Hotel de Wim Wenders Je poursuis ma rétro Wenders (enfin dans le cadre de mes auto-festivals), avec de Million Dollar Hotel, récompensé à Berlin en 2000 (les vendus). Bon, le film possède un certain charme, grâce à la mise en scène de Wenders, les acteurs, mais aussi ses longueurs (toute la partie sur les tableaux au goudron...), je suis sûr qu'un film d'1h30 aurait suffi pour raconter la solitude des freaks. Il a fait pire, il a fait mieux. 3/6
Touch me Not d’Adina Pintillé L'Ours d'or du scandale, premier film d'une réalisatrice roumaine Adina Pintilie sur la sexualité notamment féminine mais pas que. Le dispositif est presque une caricature du cinéma contemporain avec son jeu entre la fiction et le documentaire, son Je clamé en voix-off et son sound design répétitif. J'avoue : j'ai failli arrêter les frais après la première heure tant l'exercice me mettait à la fois mal à l'aise (l'actrice principale me crispe un max) et me paraissait surtout extrêmement vain. J'ai finalement tenu jusqu'au bout, car le rejet (ou le malaise) que le film provoquait en moi n'est pas "inintéressant" et au coeur du projet. Mais bon, c'est trop long et répétitif, la réalisatrice aurait dû choisir entre ses différents personnages et surtout s'effacer. L'Ours d'or me parait bcp trop gros pour elle (premier film en plus), j'ai peur qu'elle aille encore plus loin dans le film-défi. 2/6
Shelley d’Ali Abbasi Révision cannoise avec ce premier film d'Ali Abbasi qui mêle Antéchrist pour l'ambiance maison isolée au fond de la forêt danoise et Rosemary's Baby pour le côté bébé maléfique. Sauf que c'est filmé selon les standards post-modernes actuels : rythme atone, sound-design envahissant, psychologie à peine explorée. Le personnage d'Elena est le plus intéressant mais le film ne sait pas vraiment quoi en faire... Bref, très décevant et pas du tout annonciateur de l'originalité de Border. 4/6
A Swedish Love Story de Roy Andersson Très beau premier film de Roy Andersson, dans un style très différent des suivants, avec des scènes magnifiques (le flipper, la mobylette) et cette manière de capter la naïveté d’un amour adolescent. Moins fan de la partie sur les adultes mais les dernières vingt minutes t'explosent à la gueule. Je comprends mieux la réputation culte de l’auteur suédois, c’est rare de voir un cinéaste changer à ce point de style - je ne vois pas vraiment d’exemple là, je n’ai pas vu les premiers Béla Tarr ni ceux de Hou Hsiao-hsien. 5/6
Amérique du Sud (2) Los Lobos de Samuel Kishi Leopo Un "Nobody Knows" mexicain, en grande partie autobiographique sur deux garçonnets qui se retrouvent dans un appart sordide aux Etats-Unis pendant que leur mère trime pour trois. Sur le papier, l'affaire semble réglée dès le synopsis mais à l'écran le film parvient à trouver son originalité dans le refus de sur-dramatiser le parcours de la famille qui trouve finalement de la solidarité dans le voisinage. Cela manque peut-être un peu d'enjeu dramatique mais le film oppose son humanisme au misérabilisme. 3/6
Joaquim de Marcelo Gomes Curieux film brésilien sur un héros de la révolution Joaquim José da Silva Xavier anti-spectaculaire au possible qui m’a rappelé First Cow. Cela manque un peu de mise en scène, par rapport à Zama auquel on pense aussi, mais j’aime beaucoup la performance de l’acteur principal, sorte de Damien Bonnard auriverde et puis j’aime bien ce type de récit d’exploration, il faut le reconnaitre. Après, j’ai lu la page wikipedia qu’il lui est consacrée, le film manque sans doute d’ambition - sa vie était plus « riche » que ce qui est montré. 4/6
Asie (4)
Les rebelles du dieu Néon de Tsai Ming-liang Tout simplement l'un des meilleurs premiers films de l'histoire du cinéma. Et aussi l'un des plus accessibles de son auteur, vies croisées d'ados dans les rues de Taipeh. Tous les thèmes sont déjà là : la solitude urbaine, le besoin de se toucher, le décor qui dégouline du spleen de ces personnages. Magistral. 5/6
La Petite ville de Nuri Bilge Ceylan Premier film de Nuri Bilge Ceylan. Alors bien sûr il y a un côté très amateur - on sent aussi l’inspiration Tchekov rencontre Kiarostami dans un village turc -, mais tout son univers (et son talent) est déjà là: de son goût pour les affrontements verbaux au coin du feu à la place de l’homme solitaire dans une nature immuable, du renoncement à quitter la campagne au combat des générations. Assez bluffant. 4/6
Irradiés de Rithy Panh Chef d'oeuvre. Rithy Panh est principalement connu pour ses documentaires sur le génocide commis par les Khmers rouges. Ici, il s'attaque à l'universel, à toutes les victimes des bourreaux du 20e siècle dont il chante la douleur (superbe texte). Les images d'archive sont incroyables (surtout celles sur Hiroshima) mais c'est surtout la puissance formelle qui m'a laissé pantois d'admiration. Car il ne se contente pas de montrer le Mal mais cherche une voie pour témoigner de l'horreur. Et cet aveu magnifique de sa condition de cinéaste, naïf qui croit que les images changeront les hommes et le monde. 5/6
Berceuse sur un air de mystère de Lac Diaz Chaque été, un Lav Diaz, histoire de tenir la (grande) forme cinéphile. Celui-ci dure huit heures, a été vu en de nombreuses sessions - le film est découpé en trois parties distinctes et traite avec une ambition démesurée de la révolution philippine, de l'âme damné d'un peuple, du pouvoir du cinéma... Le résultat est fascinant. Je confesse - comme l'un des principaux protagonistes - avoir cherché un résumé de l'histoire philippine pour bien comprendre qui est qui entre les personnages réels et ceux de fiction - les héros des romans de Rizal. Mais si le film a ses défauts (je l'ai trouvé plus redondants que Norte ou From What is Before mais moins opaque que Melancholia) et ses longueurs, c'est aussi une vraie expérience immersive dans la psyché des Philippines et dans les tréfonds de l'âme humaine. Et il y a des séquences extrêmement fortes - le cinématographe, la messe dans la grotte et bien sûr le final - Lav Diaz sait finir ses films. 5/6
Océanie (1) This Much I Know to Be True d’Andrew Dominik Le réalisateur de Jesse James aime Nick Cave à la folie et lui consacre un second documentaire après One More Time with Feeling. Bon, il faut aimer la musique du Bad Seed (perso j’adore) car toute la deuxième partie est une captation live de son dernier album. La première partie suit le parcours créatif de Nick Cave et Warren Ellis, comment la création même tient de l’évidence pour le songwriter australien. A la fois dispensable et fascinant. 4/6
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