Bon, on va sortir ce topic de la tristesse là...
Mission: Impossible III (2006) On pourra lire toutes les conneries du monde sur la mise en scène "télévisuelle" d'Abrams, moi j'adore comme il travaille l'image ici, c'est presque "sale". Cette avalanche de couleurs presque abstraite, comme une saturation contrôlée. Ça énerve la rétine, dans le bon sens. C'est ultra-nerveux. Ce côté dégueulasse se retrouve dans l'action : une charge dans le cerveau, un défibrillateur oblige, un oeil révulsé...c'est moche. J'adore les set pieces super bourrins mais paradoxalement terre-à-terre : jamais de pur money shot, l'action sert toujours le récit, balle inarrêtable qui donne l'impression d'un film en temps réel. Malgré les cascades improbables, y a une dimension humaine relativement absente de ses deux prédécesseurs. Le De Palma était une ode à l'intelligence, le Woo une manifestation d'hormones, le Abrams c'est l'humain. Ethan n'est plus l'enfant trahi du 1 ou l'ado jaloux du 2, il est l'adulte qui cherche à concilier l'amour et le travail (Alias style), en quête de l'innocence perdue symbolisée par Julia, en quête d'une famille (thématique abramsienne commune à tous ses films).
Star Trek (2009) Plus propre que le précédent mais avec cette même énergie caractéristique du cinéaste qui fout un gros coup de pied au cul au genre du space opera. Du premier plan (long) plan au travellings obliques et frénétiques dans le vaisseau en passant par une utilisation toujours aussi habile de la caméra portée sans oublier l'intelligence dans la manière de filmer l'espace (absence de son, recadrages numériques comme une caméra de reportage), c'est toute une série de choix qui témoignent UNE FOIS DE PLUS du style d'Abrams (si si) déjà discernable sur M:i:III et définitivement reconnaissable ici. C'est un peu l'équivalent blockbuster du feel-good movie, une célébration fun au possible de la vision optimiste de la série, ce futur lumineux (LES FLARES SONT TROP TOTALEMENT À LEUR PLACE) de cohabitation des peuples et de conquête spatiale. Une déclaration d'amour à la série (j'adore le statut de suite/préquelle/reboot du film) mais aussi aux classiques du film d'aventures, genre Star Wars ou Indiana Jones. C'est cette vibe-là qu'Abrams a parfaitement capturé.
Super 8 (2011) L'intrigue alien, un peu fonctionnelle, et l'intrigue enfant, plus réussie, s'articulent parfois mal entre elles, l'alien n'étant qu'un McGuffin permettant à Abrams d'explorer à nouveau une dynamique de groupe (et les gamins - persos et acteurs - sont géniaux) avant de les relier enfin thématiquement sur la fin. Mais le basculement s'est opéré avant. Le vrai rapport au cinéma de ce film n'est pas tant dans le rapport avec ses modèles (Abrams change un peu de style pour rendre hommage à Spielberg), que je trouve toutefois bien digérées, mais dans l'implication directement dans le texte du pouvoir du cinéma : la situation ne devient réalité pour les gamins (qui jusque là continuaient à vivre leur vie tranquillou) qu'une fois que le monstre apparaît...dans un film (le leur, en l'occurrence). C'est acté, il s'agit d'un monstre de cinéma. Il "naît" comme ça, en tout cas à leurs yeux, comme s'ils ne pouvaient y croire que s'il venait (s'était échappé) d'un film. Je trouve ça très beau et très fort comme idée. C'est dans tout ce que le film assume de son héritage dans cette posture presque post-moderne (oui c'est refaire E.T. et Jaws pour parler du pouvoir d'E.T. et Jaws, et du deuil et des premiers amours, sur un enfant) que je le trouve fascinant. Vais me le refaire tiens.
Star Trek Into Darkness (2013) Le film qui n'aura vraisemblablement su contenter ni les fans de la première heure, ni les fans du précédent et dont je m'étonne toujours du rejet tant j'y retrouve ce goût pour le film d'aventures, même si Abrams abandonne son approche "l'énergie à tout prix" (mais retrouve le style "vénère/saturé" de M:i:III) pour un film plus posé mais surtout plus profond. Parce que c'est quand même un gros blockbuster de SF qui passe de dogfights de vaisseaux spatiaux en IMAX à du suspense de film de sous-marin, et s'avère en réalité une parabole sur la traque de Ben Laden. Je suis désolé mais j'adore toujours autant ce film, sa densité, qu'il s'agisse du premier niveau de lecture, avec sa bromance et son action Lucasfilmesque, ou du second, politique dans la plus pure tradition de la saga.
1. Star Trek 2. Super 8 3. Star Trek Into Darkness 4. Mission : Impossible : III
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