Forum de FilmDeCulte

Il ya 250 ans, Soetsu, un humble prêteur sur gages, est assassiné par Shinzaemon, un samourai cruel, et son corps est laissé à Kasane-ga-fuchi, un plan d'eau d'un rivière sinueuse, où selon la légende, ceux qui coulent ne remontent jamais à la surface. 20 ans plus tard, par hasard, Shinkichi, le fils de Shinzaemon, rencontre Toyoshiga, la fille de Soetsu, et ils tombent amoureux.

Après un remake américain foireux et foiré par lui même comme un grand (The Ring 2), Nakata remonte à la source des sources, d'abord au Japon, mais surtout au film de fantôme dans sa forme la plus classique (ou presque). Dès le logo vintage de la Shochiku *yeah*, le film s'installe dans l'hommage classieux, plus fidèle que son Ring qui lui, visait à renouveler et détourner les figures du genre. Kaidan revient aux marais à fantômes des textes classiques d'un Akinari Ueda ou d'Encho Sanyutei (c'est lui qui est adapté ici), avec comme modèle évident les films de Nobuo Nakagawa. Avec ce que ça implique de décalage, le fantôme étant ici purement un fantôme moral, incarnation de rancune ou de douleur dans des récits de péchés et de rédemption rendus anachroniques par le sous-texte actuel du fantôme aux problématiques devenues sociales et plus du tout morales dans des Dark Water ou Kairo.

On est donc dans la fable, le conte comme ceux du rituel oral des 100 bougies où le narrateur raconte à la lueur vacillante les bases classiques d'une malédiction ancestrale et ses conséquences surnaturelles. Le prologue est à tomber par terre de beauté, assumant pleinement ses artifices, sa scène théâtrale de kabuki et son décor magique. Le chef op Junichiro Hayashi s'est gavé avec cette orgie formelle qui rompt visuellement avec l'habituel de Nakata, dont Chaos, Ring ou Dark Water jouent soit le réalisme austère et sec, soit le crapoteux glauque. Ici les couleurs sont partout et flamboyantes, Nakata disperse quelques fulgurances graphiques de toute beauté, tout, dans la direction artistique, tue.

Après je trouve que le film touche parfois les limites de son exercice de style. Si elle les transcende visuellement, d'un point de vue narratif, on est vraiment sur des rails qui avancent très très lentement, qui regardent tout le décor autour de lui parce que bon voilà, c'est très beau, mais ça manque de passion et de dynamisme. Là où cette histoire qui n'invente rien aurait mérité un coup de carburant (bon après, Nakagawa, de Yotsuya à Koheiji en passant par L'Enfer c'était loin d'être des modèles en matière de rythmique parfaite).

Le film n'est pas très flippant mais, comme chez Kobayashi par exemple (les films ont le même titre mais aucun autre lien), on joue plus sur l'étrangeté poétique, l'inquiétude surnaturelle et c'est pas très gênant à part si tu t'attends à un roller coaster. Le résultat est un peu hors du temps, a ses défauts (de ses qualités, et inversement), de beaux moments (le prologue donc, ou la première apparition fantôme à la façon de celle, finale, des Contes de la lune vague de Mizoguchi, déjà reprise d'ailleurs par Nakata sur la fin de Dark Water) et d'autres plus poussifs, mais je suis curieux de voir ce sens visuel-là de Nakata sur d'autres sujets.

Et un gros bouh aux effets numériques assez ridicules.

4/6



J'aime bien l'affiche japonaise:

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Doll, it's a heartbreaking affair

Globalement reprise chez nous:



Classe.

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Doll, it's a heartbreaking affair

J'aime bcp