Forum de FilmDeCulte

Allez, c'est reparti pour un post dont tout le monde se branle ! yeah !

Le 7 septembre sortira donc à l'Espace St-Michel à Paris et dans cinq autres salles dans le reste de la France ce documentaire sur les chantiers de Saint-nazaire et le nawak des conditions de travail de ses ouvriers (et notamment des sous-traitants).

Au programme : chute de la passerelle du Queen Mary 2, grèves de la faim, prud'hommes, syndicats préparant des dossiers filmés à la DV et vocabulaire juridique. Non, c'est pas sexy, mais ça n'en est pas moins sincèrement révoltant et clairement nécessaire. Manque cependant, et c'est dommage, une vraie approche formelle.

4/6

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ça fait plus très bon reportage qu'oeuvre de création documentaire. Mais le contexte a imposé certains détails esthétiques qui sauvent la mise (les réals n'ont pas eu l'autorisation de filmer à l'intérieur des chantiers, et filment donc le travail de loin, ce qui donne un cachet particulier à ces séquences). Reste que l'image est souvent crado, "alliasée" à mort (je sais pas de quoi ça vient : de qualité de la caméra DV, du passage sur pellicule (quoique ? l'ai-je vu en numérique ou en argentique ? j'en sais foutre rien...), du filmage à proprement parler ?).

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en mieux dit:


Un monde moderne


France, 2005
De Sabrina Malek, Arnaud Soulier

Depuis quelques années, les chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire ont mis en place une nouvelle organisation du travail afin de baisser les coûts de production. Le principe est de faire massivement appel à la sous-traitance et à l'intérim. Parallèlement à la construction du plus grand paquebot du monde, le Queen Mary 2, les salariés des chantiers nous racontent comment ils vivent cette précarité organisée. Quelles conséquences cette réorganisation induit-elle au niveau individuel et collectif? Quels changements implique t-elle dans les conditions et les rapports au travail?


DES FOURMIS SUR UN RAFIOT


Une ligne diagonale segmente l’horizon. En haut, un bleu uni s’écrase contre les limites du cadre. En bas, savant empilement de Legos à échelle humaine, clamant fièrement son pompeux patronyme, le rutilant Queen Mary 2, somptuaire hôtel de luxe flottant, bientôt prêt à prendre la mer. Ça pourrait être une image propagandiste, à la gloire du bel ouvrage en finition, au service du beau linge — c’est tout à fait l’inverse. Car, tendez l’œil. Voyez, sur le pont, cette envergure de fourmi qui courbe l’échine, brique, frotte et sue. Plusieurs de ses semblables, ouvrières assignées au lustrage du rafiot, ont péri il y a peu dans la chute d’une passerelle au rabais. Malaise? C’est qu’il n’y a pas de petites économies. Et les gens sont tellement ingrats! Les sous-traitants étrangers, au moins, ne réclament pas de prime de risque. Pas de salaire non plus, d’ailleurs, à quoi bon — déjà que ces gens-là voyagent à l’œil…


CHANTIERS, ON SAIT QUAND ÇA COMMENCE…


De tout cela, ces chantiers navals devenus zone de non-droit, Sabrina Malek et Arnaud Soulier ont tiré un film nécessaire. Une dénonciation rageuse d’un secret bien gardé, derrière des grilles que la caméra ne sera jamais autorisée à franchir, et surtout derrière le mépris évident des autorités compétentes. Les deux documentaristes ont donc recueilli la parole des habituels muets, militants syndicaux comparant les poids respectifs du code de la propriété et du code du travail, sous-traitants roumains à la voix enfin respectée (nulle place pour quelque voice-over dénaturante et télévisuelle), employées remerciées et priées fermement d’éviter toute médiatisation des licenciements… Ce concert de voix rares se fait David rachitique et gréviste de la faim, face au Goliath mondialiste, hors-la-loi intouchable et obèse. Et ce Monde moderne l’écoute attentivement. Que le cinéma n’ait pas vraiment le champ esthétique pour s’exprimer n’enlève rien à la force humaine du document. Nécessité, plus que jamais, fait ici loi.

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