Forum de FilmDeCulte

Etant une adoratrice de John Fante (un lecteur tatillon vaut bien un cinéphile susceptible), je préparais fébrilement mon char d'assaut. Je suis récompensée, c'est au-delà de mes espérances, c'est puissamment mou et désincarné. Le problème vient évidemment de l'écriture de Fante, la diffulté de transposer sa voix écrasante et l'insolent bagout de son double semi-fictif, Arturo Bandini. Des pages et des pages de rancoeurs martelées, d'aveux brutaux, un lyrisme effréné, poignant, un art du détail et de la rupture assez prodigieux. Robert Towne a beau avoir été sanctifié par les héritiers *page 3 du dossier de presse*, il fait face à une impasse. Sans les mots de Fante (il reste une voix off momie, mais c'est pire), sans parti pris marquant, Demande à la poussière ne raconte plus rien. Bandini, écrivain italien sans le sou, tombe amoureux de Camilla, une serveuse mexicaine sans éducation. Et c'est à peu près tout, l'intrigue relève de la pieuse illustration avec un soupçon d'irrévérence politique. Colin Farrell reste prostré devant sa machine à écrire, Salma Hayek minaude en aimable souffreteuse. On ne ressent ni l'urgence ni la détresse. A aucun moment. Et c'est d'autant plus insupportable quand on aime le roman.

2/6 parce que la canicule rend complaisant.