Forum de FilmDeCulte

Paul Snider, un souteneur et entrepreneur à la petite semaine, rencontre Dorothy Stratten, serveuse dans un café. Alors qu'ils sont en couple, il la prend en photo nue et tous deux finissent par se convaincre de proposer leurs clichés à Playboy. Adoubée par le magazine, Dorothy devient Playmate et se voit ouvrir les portes d'Hollywood. Mais le désir de contrôle de Paul se fait de plus en plus oppressant...

Dernier long métrage de Bob Fosse qui s'attaque une fois de plus à une histoire vraie et adopte alors la même approche kaléidoscopique que pour Lenny, alternant le récit avec des interviews de différentes personnes, faisant s'entrechoquer les temporalités sans logique narrative particulière mais créant toutefois une sensation déroutante, comme une illustration du vertige ressenti par la jeune Dorothy, subitement propulsée sur le devant de la scène, sous les regards. Le rapport à l'image traverse le film, que ce soit celle que Paul essaie de se cultiver à travers son look et sa tchatche ou bien évidemment les photographies dénudées de Dorothy, qui s'insèrent régulièrement dans le montage, Fosse parvenant à ne jamais les rendre aguicheuses, son regard ne se faisant jamais concupiscent. Au contraire, elles témoignent davantage de l'innocence et de la vie de la jeune femme.

Parmi les personnes interviewées, il y a en grande partie Dorothy elle-même donc, une fois de plus, on n'est pas dans du Citizen Kane cherchant à élucider le mystère de la personne. C'est plutôt une manière de donner une voix à la victime alors que le protagoniste semble davantage être Paul, bénéficiant d'un portrait qui m'a paru assez juste, le montrant comme l'exploitant qu'il est tout en réussissant à rendre compréhensible son désir de briller. Je ne parlerais pas d'empathie mais le personnage présente une dimension pathétique - Eric Roberts m'a surpris - qui le distingue du vulgaire méchant manichéen. Mais ça reste noir et sans échappatoire. Un triste constat d'une certaine réalité de la célébrité.

Il manque quelque chose pour rendre l'ensemble plus fiévreux ou plus original ou plus fort (passer après All That Jazz, c'est dur) mais c'est bien.

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J’ai vu sur IMDb que quand ils ont demandé à Thomas Langmann de pitcher une suite, il s’est pointé, a écrit le titre au tableau, et a juste rajouté un S.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

La référence ne m’est pas étrangère.

J'aime.

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Je viens de me rendre compte que je l'ai vu, justement après avoir regardé son dernier film, Et tout le monde riait... Je n'en ai aucun souvenir, j'étais surtout curieux de la façon dont Peter Bogdanovich serait personnifié à l'écran. J'aimerais bien voir Death of a Centerfold: The Dorothy Stratten Story, le téléfilm avec Jamie Lee Curtis.

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Que lire cet hiver ?
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Bogdanovich expliquait dans une interview que son envie de travailler sur la figure d’un « monstre » (Mask) n’était pas étrangère à la relation entretenue avec cette actrice dont il avait pu mesurer à quel point sa grande beauté provoquait une forme de marginalité irréductible, proche de celle générée par la monstruosité.

Vraiment bon (je crois que je l'ai préféré à Scarface), mais je n'aurais pas dû enchaîner ce film après Modern Romance de Brooks, deux films assez déprimants (moralistes pascaliens en fait derrière la coolitude californienne) sur la masculinité toxique et le sacrifice des femmes hum..
Les scènes de groupe et de fêtes sont excellentes.
Toutefois, le film ne tranche pas entre deux point de vue opposés, ce qui est une force (complexité et relief psychologique) autant qu'une faiblesse (une certaine extériorité sur cette histoire, comprise comme un type social où la mort fonctionne comme une explication ) : ce sont la pacotille, l'hypocrisie sociale et le mythe de la réussite américains qui ont poussé au meurtre et tué ce couple . Même dans ce milieu à la fois marginal et sordide et relevant du star system -qu'est ce qui sépare moralement Hefner d'Epstein ? -on fait sentir à Snider et Stratten leur origine populaire. L'ingénue Stratten croit accéder à une forme de reconnaissance artistique derrière l'emprise des hommes, mais ces pygmalions hypocrites -Peter Bodganovich est bien chargé- accentuent en fait la communauté de condition sociologique du couple et donc le poids affectif de Snider sur Stratten). Mais, par ailleurs, leur destin est une authentique tragédie dotée d'une dimension quasi religieuse : l'ingénuité de Stratten est peut-être le comble du vice, dans une perspective puritaine, car elle la mène à se complaire dans le stupre qu'elle ne décèle peut-être pas , fuire sa mère, sa culpabilité commence dès sa solitude, avec son aliénation. Son meurtre la punit autant d'être entrée dans ce milieu sans avoir honte que d'essayer de le quitter en en comprenant les limites.
Et ce tragique réhausse la sous- culture populaire US. Il s'agit alors moins d'un crime (derrière lequel il y a une culture à critiquer, au sens d'Adorno et de Broch) que d'un sacrifice (qui produit de la valeur en n'engageant que le destin, déterminé dès le sourire à la fois triste et aguicheur de Stratten).
Cependant cette indécision reflète le paradoxe du porno : à la fois cynique et mobilisant un imaginaire gnangnan de la consolation dans un monde passif, conservant ainsi la frustration qui le motive.


Autre petit regret : le film ne mentionne jamais le père de Stratten, tout en faisant de sa mère un beau personnage (ambigu car joué par Carroll Baker qui avait la même aura sexuelle que Stratten, mais une génération avant). Était-il absent, intentionnellement solidaire de la fraternité criminelle des hommes ou juste faible ?

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je croyais que dans leur monde bouclé par le sadisme, eux-mêmes vivaient en parfaite sécurité

Imre Kertész

C’était pas mal oui, bon souvenir. Pas aussi bien que Matrix mais je l’ai préféré à Maman j’ai raté l’avion.

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Tu as écrit un roman qui prend place dans le même univers justement.

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je croyais que dans leur monde bouclé par le sadisme, eux-mêmes vivaient en parfaite sécurité

Imre Kertész