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MessagePosté: 15 Déc 2025, 16:42 
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1979, Albert Brooks, dans le cadre d'un programme de télé novateur sur les plans sociologique et scientifique, va suivre pendant un an la vie d'une famille WASP lambda de Phoenix. Les scènes filmées seront contextualisées par un panel de psychologues, censés à la fois guider et cadrer le projet (ce n'est pas la même chose et c'est là que le bât blesse) . Une première sélection des familles candidates, après une batterie de tests de personnalités dans un campus du Colorado, a déjà eu lieu. Des bodycams, révolutionnaires, mais massives, ont été achetées à une firme néerlandaise pour l'occasion. Il n'y en a que 5 au monde. Une seule fonctionne. Et nous en avons acheté quatre.

Bon ben vu Real Life, intrigué par le message de (feu) Julien Lepers dans son top et par l'image qui l'illustrait, et c'est vraiment bon.

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Influence sur les Simpsons, Anchorman (mais c'est mieux que le McKay - voir la citation susmentionnée sur les caméras clairement pompée dans most of the time it works all the time ), et même C'est Arrivé près de chez vous (le coup des deux équipes télés rivales, et le côté psychopathe du perso de Brooks manifestement connu du Poelvoorde en 1993 -. Finalement sur l'humour post-moderne de gauche, on peut penser au bon (mais plus réactionnaire dans le propos) "Film belge" des Snuls, qui nest ravaillé par la même obsession de faire cinéma.

Bien aimé le rythme du film, qui fait penser au début à une émission de téléscolaire crédible, façon "C'est pas Sorcier", lisse et rassurante, en juste un peu trop mégalo pour qu'on puisse y croire tout à fait, qui se détraque de plus en plus (en fait assez vite, dès les menstrues de la mère de famille et la dispute avec son mari le premier soir).

On sent aussi que le film joue avec les conventions du cinéma du réel, à la Wiseman, ou de l'autre côté de l'Atlantique les Franc Roddam et la série 7/14/21/28/35 etc.. de la BBC. Poto et Cabengo de Jean-Oierre Gorin a sans doute été vu par Albert Brooks. La manière dont il introduit des -faux- psychologues dans son dispositif, pour donner un contre champs non-seulement épistémologique, mais aussi moral zr politique à la médiocrité et à l'isolement d'une famille Waspo perdue dans le risque de déclassement renvoient au film de Gorin. Les tons des voix off des réal respectifs sont aussi singulièrement proches.

Seulement ces modèles étaient portés par une visée politique progressiste, voire marxiste : il s'agissait prouver l'aliénation politique et la stratification de classe en en filmant en temps réel l'émergence, en ouvrant une passerelle à sens unique qui transforme lea particularité psycholigique en structure politique permanente, que Brooks comprend, mais dont il filme précisément l'absence (voire l'impossibilité : le film décrit une défaite du documentaire, de la possibilité d'être à la fois progressiste, positiviste et de s'adresser à la masse - d'être à la fois critique et agent).

Du coup la monstruosité morale de son personnage réside dans la la conservation d'une forme artistique initialement progressiste et interventionniste à la perte ce qui la motivait. Elle devient alors du pur terrorisme.
Ainsi les bodycam massives, à al fois désuètes et visionnaires, résonnent avec les vidéos de propagande terroriste, à la lisère du reportage et de la coercition.

Tout est renforcé par le côté "deadpan" et littéral de l'humour. Au début du film Brooks affirme qu'il est complexé d'être un amuseur public plutôt qu'un scientifique, qui pourrait changer le monde ("mieux qu'un Grammy Award : un prix nobel" "grâce à nous cette famille va finir sur la table de la cafétaria du Salk institute").
Cela apparait comme une figure rhétorique anodine et convenue, dans une propos général visant à défendre le rôle social des intellectuels et scientifiques. Sauf qu'il s'agit de l'aveu d'une jalousie gratinée, à prendre au pied de la lettre, et qui est le principal ressort de la monstruosité de la situation. Ce qui se commence comme une "médiation" d'un savoir pour le grand public devient folie sadique et délire patanietzschéen.

De même, la réunion communautaire du début qui présente le projet à un conseil de qartier, assurant un show à la fois respectueux dans le ton et arrogant dans le principe (la télé s'intéresse à vous à cause de votre médiocrité, qui est aussi votre beauté la réussite du projet serait de la supprimer directement par les seuls moyens du film, même si la conscience y passe aussi), en apparence consensuelle et fordienne, introduit l'idée que la vie réelle est un spectacle égal à la fiction, malgré la honte apparente.
Le spectateur serait ennobli par la production du récit de sa vie. Une forme de populisme progressiste. Mais cette idée n'est (dans ce que le film dépeint) plus articulée à la moindre notion de critique sociale. Dès lors il s'agit de rectifier le réel pour qu'il ait la même intensité et la même force tragique que celels pretées au cinéma ou au mythe (le délire final sur Autant en emporte le Vent, Starwars et Jaws menant au geste pyromane final). Il ne s'agit pas de créer des concepts, comme dirait Deleuze, ou une prise de conscience à la Brecht mais de créer démiurguement de la valeur : sauver le réel par l'image en exploirtant sa passivité (le cinéaste est le seul travaillaeur : il neutralise proprement l'aptitude technique du père, vétiérinaire -scène assez terrifiante de l'opéation du cheval d'ailleurs).



il ya ainsi deux critiques intéressantes mais séparées : celle de la médiocrité bourgeoise (le père de famille, à la fois mou et banalement phallocrate -, la mère hypernévrosée et érotomane, les deux pas non plus antipathiques - bons acteurs) qui devance celle des idéologies. Il y a un discours assez fort du film sur le racisme, à travers la relation entre Albert Brooks et son consultant scientifique noir, qui se donner le droit de quitter le projet en cours de route, et fait de l'ordre éthique le hors-champ à rétablir. Le personnage de Brooks l'attaque ensuite veulement sur sa couleur, sous-entendant qu'il n'est pas adapté au Sud américain (Phoenix) et que son scrupule est uen somatisation (ce à quoi le personnage visé répond bien, sans perdre son sang-froid), et le fait qu'une famille WASP de la moyenne bougeoisie ait été choisi sans justification de sa coïncidence avec un type national, qu'il s'agit de trouver puis de célébrer, se traduit dans cet affrontement personnel. Mais le négatif politique est uniquement endossé par le métarécit, la mise en abîme d'une autre mise en scène dans la mise en scène . Le racisme est la culpabilité que le cinéaste ne parvient pas à déverser dans la fiction, à traduire en somme, et inhibe le réel lui-même, trop impuissant et trop dominé, au fond même de la sécurité matérielle que le film garantit (la famille sera ddommagée financièrement d el'humilation qui lui est infligée) , pour être vraiment méchant. La société n'est que bête, l'artiste ou le média endossent la méchanceté pour elle, alors qu'intialement Albert Brooks (da,s le film, mais aussi dans le film du film) ambitionnait un propos lorgnant sur Chris Marker ou Wiseman. Le retournement du voyeurisme en distanciation n'intervient jamais : Albert Brooks sait qu'en 1979 il est déjà trop tard. Il faudrait à la limite une religion plutôt qu'une théorie pour permettre ce saut dialectique.

C'est aussi très bien mis en scène.


Dernière édition par Vieux-Gontrand le 16 Déc 2025, 13:13, édité 11 fois.

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MessagePosté: 15 Déc 2025, 18:43 
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Sir Flashball
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Il me tentait énormément, mais j'ai vu Rendez-vous au paradis l'autre jour, que j'ai trouvé complètement nul. Du coup, bien refroidi.

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MessagePosté: 15 Déc 2025, 18:58 
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Castorp a écrit:
Il me tentait énormément, mais j'ai vu Rendez-vous au paradis l'autre jour, que j'ai trouvé complètement nul. Du coup, bien refroidi.


Il est clairement en deçà de ses films précédents (le triplé Real Life/Modern Romance/Lost in America), tout comme ses autres films des années 90 (Mother, The Muse).


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