aka Swipe
Récemment diplômée de l'université, Whitney Wolfe fait preuve d'une détermination et d'une ingéniosité sans égales pour percer dans le secteur de la tech largement dominé par les hommes. Son instinct et son talent seront à l’origine d’une application de rencontres innovante et mondialement reconnue (deux, en fait), lui ouvrant ainsi la voie vers le titre de « plus jeune femme milliardaire autodidacte ».Le parcours de la réalisatrice est tout à fait improbable.
Embauchée par The Asylum, elle a commencé donc par des DTV ersatz de vrais films comme
Sunday School Musical ainsi qu'un Sherlock Holmes avec un T-Rex et un Kraken sur la jaquette avant de passer chez Lifetime, spécialiste des téléfilms en tous genres, chez qui elle a couvert le spectre, passant de
Love at the Christmas Table à
Escape From Polygamy, pour être finalement repéré par Will Ferrell qui l'a recruté pour sa chaîne web Funny Or Die ainsi que
A Deadly Adoption, à la fois un vrai téléfilm Lifetime joué premier degré...mais par Ferrell et Kristen Wiig donc également un pastiche. Elle a participé à une série adaptée d'un roman de John Green (
Nos étoiles contraires) avant de passer au enfin au cinéma...sauf que son remake en musical de
Valley Girl a vu sa sortie en salles prévue pour 2018 annulée à cause du scandale autour de Logan Paul, qui y joue un second rôle, et n'est sorti que deux ans plus tard, en plein COVID, simultanément en VOD et dans quelques
drive-in. Depuis, elle tourne des longs métrages destinés aux plateformes avec une dimension politique :
Unpregnant (HBO Max), où deux jeunes femmes doivent se rendre en voiture dans un autre état pour se faire avorter, et donc ce
Swiped, l'histoire vraie de la co-créatrice de Tinder qui a souffert de discrimination sexiste avant d'être évincée de la boîte (et de créer Bumble).
Cela étant dit, ce CV explique sans doute pourquoi cet énième exemple de socialnetworksploitation est aussi ininspiré d'un point de vue formel. C'est tout à fait compétent et fonctionnel mais vraiment trop illustratif pour avoir sa place ailleurs que sur Disney+. On évite toutefois le Wikipédia filmé parce que le film raconte quelque chose du milieu très
boys club de la tech, comme une réponse justement au film de Fincher et Sorkin, mais là où le film se pose comme un anti-
The Social Network, c'est surtout par son ton et sa finalité, qui donnent davantage dans la
success story d'une
girlboss en faisant de Bumble, une application qui avait initialement la vocation de changer les
gender dynamics et de protéger les femmes, une victoire permettant à l'héroïne de renouer avec les aspirations altruistes de ses débuts, quand elle créait des start-ups fournissant des sacs en bambou pour laver les plages couvertes de pétrole.
Qu'un film ait un programme et un engagement très tranché n'est pas un souci et le but n'est pas de se mettre à juger la victime mais faut pas non plus prendre les vessies pour des lanternes et les applis de rencontre pour des marqueurs de progrès social. Quelque chose sonne faux dans cette célébration et donc forcément moins pertinent que les autres exemples récents du genre comme
The Dropout,
WeCrashed et
Super Pumped dont les figures centrales étaient plus troubles donc plus intéressantes dans ce qu'elles disaient de notre société actuelle.