Forum de FilmDeCulte

Billy et son amie Jo volent des voitures avant de les envoyer à toute vitesse dans des vitrines de magasins. En rivalité avec un autre gang, ils décident de se lancer sur un gros coup. Détruire la devanture du plus gros centre commercial de la ville.

Je ne sais pas pourquoi il m'a fallu si longtemps pour rattraper le méconnu premier long métrage de mon Paulo, ce réalisateur généreux qui veut bien faire mais n'y arrive généralement pas. Enfin si, je sais, je me doutais que ça serait pas ouf et effectivement, malgré un univers prometteur, c'est pas ouf.

Le synopsis ci-dessus est relativement mensonger. On nous parle effectivement de cette technique de "shopping" assez tôt dans le film mais la première (et la seule) fois que ça arrive, c'est au bout de 58 minutes de film. Alors je sais que je deviens une caricature de moi-même à chronométrer de la sorte les événements-clé des récits mais c'est quand même un souci quand tu n'as rien pour temporiser. Parce qu'il n'y a ni préparation excitante d'un gros heist ni crescendo de braquages. On commence avec Jude Law, dans son premier rôle au cinéma (d'ailleurs, c'est un défilé de seconds rôles british qui débutaient et qu'on voit encore aujourd'hui : Sean Bean, Jason Isaacs, Sean Pertwee, Ralph Ineson...), qui sort de prison, une première course-poursuite en voiture durant laquelle sa future femme Sadie Frost joue à un jeu vidéo de courses et je me suis dit que le film allait peut-être adopter une logique de jeu vidéo préfigurant le reste de sa carrière ! #auteur

Mais non.

Il faut se farcir des rencontres dans des lieux underground, des regards en biais avec le shopper rival, beaucoup de blabla pour ne rien dire...et il en va de même après l'action centrale et avant le climax donc.

Le plus intéressant, c'est le contexte créé par Anderson, cette Grande-Bretagne industrielle et délétère (générique de début sur des usines, réunions dans des entrepôts, vie dans des HLM et caravanes), anonyme et presque post-apo, dans laquelle la jeunesse se démerde en volant (le rival shoppe pour revendre) ou vit en se rebellant (les héros shoppent pour l'excitation). La toute dernière séquence est assez jolie et à propos, dans toute sa grossièreté. Ce n'est donc pas complètement creux même si on est un peu dans l'exemple-type du style over substance, avec son esthétique post-'80s. Il y a sans doute un monde alternatif où le cinéaste a continué à ancrer le genre dans le social.

Mais c'est sur la force de ce film qu'Anderson s'est vu confier Mortal Kombat. And the rest is history...

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