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Egaré dans l'espace-temps, un engin spatial américain s'écrase en 3978 sur une planète inconnue. Les astronautes Taylor, Landon et Dodge découvrent que les hommes primitifs de cette planète mystérieuse sont placés sous le joug de singes très évolués...

J'avais vu le film une ou deux fois petit et j'aimais bien. Je voulais le montrer rapido à mon fils avant qu'il ne se fasse spoiler. J'ai réussi même si Disney Plus a bugué à littéralement dix secondes du plan fatidique. Cette flippe...

C'était sympa en tous cas de redécouvrir le film adulte, appréciant notamment une certaine solidité épique et "en dur". D'ailleurs le vaisseau triangulaire tout basique, l'atterrissage dans un lac, ça m'a fait penser à Nolan. Beaux cadres aussi, grosse vista, c'est cool et old school.

Mais après je trouve que le film s'éternise en déroulant ad vitam aeternam sa même métaphore de l'inversion des rôles. Certes, le fait de le voir avec un petit qui clairement au bout d'un moment a commencé à s'ennuyer n'a pas aidé, mais objectivement y a un problème de rythme.

Ce que j'ai totalement redécouvert par contre, c'est ce commentaire en biais sur la contre-culture de l'époque, avec ce mâle tout-puissant (qui fume des cigarillos dans le vaisseau ) qui semble découvrir la rébellion et fait des vannes très 68 sur la longueur des barbes et le fait de never trust someone above 30. Pas trop sûr si c'est Heston ou le réal qui voulait ça, et pas trop sûr si Heston se moque de ce mouvement ou veut justement courir après, mais ça m'a fait sourire et j'avais évidemment jamais capté ça à douze ans.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Dans mon souvenir le perso du roman a déjà ce caractère, c'est un sale type imbu de lui-même à l'opposé du héros classique.

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Netflix les gars, Netflix.

C'est clairement ce que j'aime dans le film, ce rythme lent, fait de rhétorique, d'échanges judiciaires, ponctué de fulgurances (la première image du singe, la première phrase de Heston...). Mais je me demande aussi ce que mon fils en pensera. Il est retombé dans sa période Halloween, donc ce sera pour plus tard.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Il pourrait s'agir d'une découverte tant je n'avais strictement rien retenu de la seule fois que j'ai vu le film, à l'adolescence, à l'exception du plan où Taylor aperçoit son collègue Landon et constate sa lobotomie et évidemment de ce qui a depuis longtemps infusé la culture populaire ("Take your stinking paws off me, you damn dirty ape!" et cette fin absolument légendaire).

J'ai eu un peu peur au début, avec ce mono(captain's)logue d'un didactisme plombant - Heston n'étant par ailleurs pas celui des acteurs de son époque que je trouve les plus naturels - qui énonce vraiment l'une des thématiques et annonce la fin. Il en va de même dans les échanges entre Taylor et Landon durant leur crapahutage dans le désert du premier acte, les deux personnages verbalisant vulgairement la personnalité l'un de l'autre plutôt que de laisser l'écriture les caractériser plus subtilement ou par leurs actes.

Comme en plus le récit met une demi-heure à montrer le premier singe, prenant son temps, avec un rythme guère dynamique, j'en venais à me dire qu'il aurait fallu un metteur en scène plus rôdé aux blockbusters. Pas Franklin Schaffner mais Frankenheimer.

Mais c'était oublier qu'on était dans de la SF pré-Star Wars qui sort la même année que 2001, co-écrite par le créateur de La Quatrième dimension et plus proche d'un épisode de deux heures de Star Trek.

En fin de compte, cette longue entrée en matière, malgré quelques détails un peu cheap (le crash jamais vu de l'extérieur mais figuré exclusivement en "vue subjective du vaisseau"), y est pour beaucoup dans l'instauration d'une atmosphère littéralement otherworldyly (qui prend un tout autre sens au vu du twist, les personnages traversant un désert de "leur" fait), comme cette BO aux accents délibérément chelou de Goldsmith.

Et une fois que les singes débarquent, c'est génial.
C'est politiquement super riche tant l'inversion des rôles peut se lire à plusieurs niveaux, des droits civiques à l'antispécisme, et comme le sous-texte se fait carrément texte, que ce soit dans le discours sur la théorie "hérétique" de l'évolution ou le système de castes qui existent même chez les primates, sans oublier les répliques à base de longueur de barbes et de ne pas faire confiance aux gens de plus de 30 ans. C'est vraiment un pur concentré de l'esprit des '60s, du contexte de la Guerre Froide jusque dans les évocations régulières d'une sexualité vraisemblablement omniprésente. C'est vraiment étonnant de voir le parangon de la NRA devenir un réenégat gauchiste mais c'est tout le programme du récit, qui vise à briser le gaillard arrogant et cynique du début par une inversion des rôles.

La démonstration menace toujours d'être un peu rébarbative - et je persiste à penser que Schaffner et sa mise en scène relativement figée, dans le drame comme dans l'action, en porte la culpabilité - mais c'est toujours cohérent et révoltant (et parfois amusant, même si j'aurais pu me passer des blagues les plus basiques et que le public de la Cinémathèque était un peu trop prompt à s'esclaffer d'un rien).

Et sinon, à ma grande surprise, mon fils de 8 ans a kiffé et c'était génial parce que ça a donné lieu à une longue discussion thématique sur le chemin du retour. Et en bon complétiste junior, il veut voir tous les autres. Ça tombe bien, j'ai toujours voulu voir les suites.

Shit, j'ai même envie de revoir le remake.

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