Forum de FilmDeCulte

Nouvelle vision hier soir, je trouve ça toujours aussi sublime, je crois que c’est le plus beau western moderne pour la simple raison qu’il met en scène sa propre inactualité au détour de son personnage, ancien tueur horrible devenu totalement passif. Ses exploits passent par les dialogues les trois quart du film, et le film est le long processus qui va voir ce mythe redevenir chair, lors d’un final que je trouve absolument extraordinaire, un des plus beaux de la carrière de Clint Eastwood.

D’ailleurs il y a ce personnage du biographe qui est fondamental dans le film, il est là pour restituer des légendes perdues, des actes du passé, d’ancien westerns plus classiques que l’on n’a pas vu. English Bob et Little Bill enjolivent leurs actes pour la postérité. Lorsque ce personnage interrogera William Munny, il n’aura pas face à lui une légende qui revient sur ses actes passés (ce qu’il fait tout le long du film), mais bel et bien le mythe en chair et en os, cruel et vicieux. Cette construction du mythe interne au film est la trace de modernité du cinéma de Clint Eastwood, une forme classique réflexive des autres classiques.

Bon après la mise en scène de Clint Eastwood, que je considère comme un maître, transcende tout, rend ce personnage bouleversant et triste. Un grand western crépusculaire, certes, car la mise en scène adopte les contours du personnage, mais ce crépuscule n’est pas qu’un simple choix esthétique vain, ça désigne aussi la créature cachée qui ressort la nuit, sans que personne ne s’y attende.

Bon il y a beaucoup d’autres choses à dire, d’autres aiment ce film je crois, en particulier Julilo.

Un film parfait pour moi, je ne m’en lasse pas.

6/6

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J'approuve chaque mot. Si j'ai un truc en plus à dire je repasserai... Authentique chef-d'oeuvre, 6/6.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Je vénère le film pour les raisons que tu cites.

Il y a là dedans une espèce de synthèse morbide (et nécessaire) du western. Eastwood convoque les classiques et les dégénérescents du genre pour tous les flinguer d'une balle de fusil dans la tronche. Salaud style.

Le personnage du biographe est en effet fondamental. C'est lui qui appelle à la mémoire du western, en interrogeant les mecs has-been que sont "Little Bill" et "English Bob" (clichés jusque dans leur dénomination). Ca fait référence à Wayne (lorsqu'il dit que c'est le Duke of death, Bill le tourne en dérision: c'est le Duck of death) et à tous ces super-héros de l'âge d'or. A ce titre, le film n'est même pas crépusculaire : tout le monde est mort et on regarde les cadavres en putréfaction.

Il y a un parti pris réaliste autour du genre qui (me semble t il) était très novateur à l'époque. Munny, qui est la pire des raclures, a buté en tout et pour tout une dizaine de mecs. Et c'est tout. Là ou avant, c'était un beau jeu de massacre dans n'importe quel film.

Tout le travail autour de la mémoire trouve son prolongement dans le perso du jeune. Et puis par là, ça parle de l'Amérique et de ses idoles.

Et puis ce final absolument dantesque, qui ouvre les portes de l'enfer et qui laisse sortir cet ange de la mort...

Dans mon panthéon perso.

Non le parti pris réaliste n'est pas forcement innovent à l'époque, même Anthony Mann l'avait mis en place, et l'extrême c'était Monte Hellman, mais tous ceux là partaient dans une "destruction" des formes et des schémas narratifs classiques, en utilisant ce réalisme qu'ils associaient à une libération formelle. Là Clint conserve le classicisme de la forme en y intégrant des personnages (ou des figures) qui elles ne le sont pas, et qui souffre de ce traumatisme du temps... c'est une autre modernité, extrêmement percutante elle aussi, et surement plus bouleversante.

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Faudrait que je le revoie. Découvert sur le tard, trouvé ça très bien mais pas à donf.

En même temps, c'est un peu mon cas avec tous les bons Eastwood.

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Même avec JOSEY WALES HORS-LA-LOI ?

Dieu que c'était mal mimé!

Pas vu!

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un chef d'oeuvre définitif et en même temps bouleversant.
mon unique réserve porte sur le passage avec English Bob, pas très bien intégré à l'intrigue principale. je sens trop que le personnage est là pour servir un discours à la Libery Valance.

la séquence qui m'a le plus touché la dernière fois que je l'ai vu est celle de la rencontre entre Munny et la prostituée tailladée. une telle justesse, une telle profondeur dans l'empathie que suscitent les personnages...du grand grand Eastwood.


j'aurais dit le contraire

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L'ennui est le mal suprême, le péché originel, l'avant-goût du néant déja sur les lèvres et dans les tripes.

Ouais mais toi tu sais que ça existe !

C'était honteux...

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Oui je vois ce que tu veux dire, il était redevenu chair en cessant d'être un mythe, il redevient une sorte de fantôme maléfique à la fin. Ma formule n'était pas la bonne, mais c'est ce que je voulais dire.

Oui la séquence avec la prostitué est absolument sublime. En ce qui concerne English Bob le côté Liberty Valence est quand même necessaire il me semble, ça ne me choque pas trop cette intrusion.

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Et après tu oses la ramener sur la culture et les vannes !

C'est toi arrêtez !

ben justement, je ne ressens guère cette nécessité.

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L'ennui est le mal suprême, le péché originel, l'avant-goût du néant déja sur les lèvres et dans les tripes.

Moi je connais le film.
Contrairement à ceux qui devinent "hors-la-loi" et ne pensent pas au film...

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