aka 英雄無淚 ("Un héros n'a pas de larmes") aka Les Larmes d'un hérosChan Chung fait partie d'une équipe de baroudeurs ayant pour mission de kidnapper le général Samton, baron de la drogue du Triangle d'or. En récompense, il aura la possibilité de recommencer une nouvelle vie en Amérique avec son fils et sa sœur. Mais quand Chan et ses hommes sont témoins des exactions d'un cruel officier vietnamien vis-à-vis de civils français lors d'un contrôle d'identité, ils interviennent avec force. Chan tire une balle dans l'œil de l'officier qui n'aura dès lors de cesse de le rattraper pour se venger. L'équipe est désormais poursuivie par les hommes du général Samton et les soldats vietnamiens. C'est quand même incroyable.
On dirait tout bonnement pas le même gars.
Ce n'est pas mis en scène pareil, ce n'est pas éclairé pareil, ce n'est pas monté pareil.
Alors ce n'est pas le même genre donc bon, c'est normal quelque part, mais le
glow up est indéniable. Le gars est clairement plus fait pour ce genre de films.
C'est pour ça que j'aimerais savoir quel regard il porte sur ses comédies. On m'avait dit qu'il s'ait de commandes, de passages obligés, mais un même propos se dégage tout de même de ces films. Peut-être la carrière de John Woo est en réalité la tragédie d'un homme qui voulait désespérément faire rire les gens mais qui n'est bon qu'à faire du pan pan?
Even though he disavowed it at first (mostly due to Golden Harvest's re-editing), John Woo calls this his first "real" film.Je ne trouve pas de consensus concernant la durée du film. IMDb et Letterboxd disent 1h33. Wikipédia dit 1h34. Puis la section "Versions alternatives" sur IMDb indique que le
"bluray has 2 versions of the film. 85min international cut and 88min Hong Kong version" et le trivia développe
"Most non-Hong Kong versions run about 82 to 84 minutes, with most of the major cuts coming not in the violence, but expository scenes such as those between Chung and his sister-in-law."Le fichier que j'ai téléchargé fait 1h21.
J'avais déjà vu le film une fois il y a une vingtaine d'années et n'en gardait pas un grand souvenir (si ce n'est que c'était pas mal) et c'est effectivement giga-épuré. L'exposition se limite à une carte de la région et d'une voix off expliquant sommairement le Triangle d'Or puis le fait qu'un commando a été envoyé capturer un gars sur des photos de chaque membre et c'est parti. C'est le genre d'intro speed qui me fait penser qu'une présentation plus longue existait mais en même temps, pourquoi s'en embarrasser? Ça fonctionne comme ça et ramener le film à son postulat conceptuel et à une certaine radicalité narrative n'est pas une mauvaise idée.
Toutefois, dès que le film sort de l'action, pour apporter un peu de camaraderie avec de l'humour ou bien dans cette inexplicable scène de weed et de baise aux deux tiers (expliquée en réalité :
The drug/sex scene was imposed on John Woo by the studio to give the movie more "production value" for sale to foreign territories., c'est même pas lui qui les a tournées d'ailleurs), ça paraît hors sujet, comme des séquences ajoutées pour allonger la durée d'un film qui n'a pas les ressources pour être
1917.
La caractérisation archétypale suffit tout juste à faire exister les personnages secondaires et le minimum syndical est établi pour que l'on s'attache au protagoniste (
i.e. il a son fils avec lui) et Woo (qui trouvait le script simple et l'a modifié pour le rendre plus émouvant) peut alors dérouler son programme habituel, entamé dans ses films d'arts martiaux et perfectionné dans ses futurs films d'action, d'action stylisé et de tragédie accrue. Ici, c'est encore un peu timide formellement (les fusillades n'ont pas encore de "chorégraphie", les acteurs ne sont pas encore magnifiés et ne bougent pas de façon gracieuse) même si c'est bien déocupé et que certaines idées de mise en scène émergent (comme si le fait de ne plus filmer des corps à corps mais de devoir épouser le propre d'une arme à feu, la vitesse imperceptible de la balle, le forçait à être plus découpé et impactant) mais thématiquement, ça verse dedans à fond, chaque mort étant iconisée (vraiment dans le sens religieux du terme, chaque personnage devient limite un martyr).
D'ailleurs, on retrouve aussi un peu de son propos, que ce soit sur l'honneur (c'est lui qui fait qu'une simple mission s'agrémente soudain d'un autre ennemi) ou sur l'exploitation des faibles par les puissants (les nouveaux ennemis en question exploitent sous la menace des autochtones pour les aider à chasser les héros). Narrativement, cette multiplication des factions rappelle également ses films d'arts martiaux.
En parler comme de son premier
"real film" me paraît étrange, étant donné que certains étaient déjà aboutis, mais il est évident que c'est le brouillon de la transposition réussie de ses premières oeuvres à l'époque contemporaine.
PS : ça a été tourné (et selon Letterboxd, c'est sorti en Corée du Sud) en 1984 mais placardisé et finalement sorti en Chine 1986 après le succès du
Syndicat du crime (donc listé en 1986 sur IMDb et Wikipédia).