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 Sujet du message: Maestro (Bradley Cooper, 2023)
MessagePosté: 20 Déc 2023, 09:46 
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Le récit de l'amour aussi grandiose que téméraire qui unira toute leur vie le chef d'orchestre et compositeur Leonard Bernstein et Felicia Montealegre Cohn Bernstein.

Paye ton synopsis à balles deux. "Grandiose et téméraire"?

J'avais plutôt apprécié A Star is Born et j'étais d'autant plus curieux de ce projet qu'il est passé entre les mains de Scorsese et Spielberg et qu'il témoignait visiblement d'une obsession pour Cooper, à savoir la concomitance entre une rencontre amoureuse et la création artistique.

J'étais content de pouvoir le découvrir en salle, à la Cinémathèque (encore merci Art Core), et la présentation par un spécialiste de musiques de films dont j'ai oublié le nom m'a encore plus chauffé, le gars évoquant notamment comment le film capturait le "génie de la transmission" parmi les différentes facettes de Bernstein (dont j'ignorais virtuellement tout).

Et c'est d'ailleurs ce que le film ressasse dans un premier temps, cette idée qu'une personne ne peut être limitée à une seule chose, qu'elle est plurielle et protéiforme, parce que Bernstein est un chef d'orchestre mais également un compositeur, un homme amoureux d'une femme mais désirant des hommes...il est par conséquent dommage de voir le film se focaliser finalement sur un aspect d'un élément de la vie de Bernstein. Et pas le plus intéressant.

Maestro possède les mêmes qualités et les mêmes défauts que A Star is Born.
La première heure est véritablement enthousiasmante, animée par cette double passion chère à Cooper mentionnée plus haut, même si l'une ne nourrit pas forcément l'autre ici, mais également par le traitement, embrassant le style rétro, pas tant dans son 1.66 N&B (bien que la photo de Matthew Libatique soit sublime) mais dans un hommage aux genres dominants de l'époque. Ainsi les premiers échanges entre Bernstein et Felicia épousent le rythme d'une screwball comedy avant que leur idylle naissante ne soit illustré par un numéro de musical qui parvient à résumer sans doute plusieurs scènes/mois de leur relation via le symbolisme de ce qu'ils vivent au présent mais également de ce qui les minera à l'avenir.

Et même quand la mise en scène ne se fait pas grandiloquente (passage d'un décor à un autre de façon surréaliste, plan-séquence invisible aux mouvements de caméra motivés par ceux des acteurs), elle reste engageante, par des choix non moins ostentatoires mais plus risqués, dans les silences qui durent, dans les plans fixes.
Cette qualité perdure dans la deuxième heure qui, formellement et narrativement, se fait moins protéiforme donc, reprenant les rails du biopic à querelle maritale.

Après une première moitié enivrante, le film s'enlise quelque peu dans un récit redondant, où chaque scène voit Madame agacée par les indiscrétions de Monsieur et très sincèrement, ce serait Bernstein ou Tartempion, ça ne changerait rien. En fin de compte, le film survole la carrière musicale de l'artiste dont le génie nous échappe ce faisant un peu. On nous le montre initialement tiraillé entre la création et l'interprétation mais le film n'explorera finalement pas ses insécurités. D'ailleurs, pour quiconque connaît peu le bonhomme (ou la musique classique *emoji sourire goutte de sueur*), on ne saura distinguer ce qui relève d'une composition originale ou d'une simple interprétation. Il reste des fulgurances, comme cette reconstitution d'un concert dans une cathédrale, en pur egotrip de Cooper d'ailleurs (qui reste très bien cela dit, comme le maquillage), mais l'émotion que les paroles de Felicia sont censées apporter à l'issue de la scène est inexistante, et ce malgré la performance de Carey Mulligan, encore meilleure que son partenaire (et mise en avant sur l'affiche et dans le générique dans un élan de fausse modestie).

Le film qui s'ouvre sur une citation de Bernstein intimant que le bon art provoque des questions au lieu d'apporter des réponses. Mais si Maestro nous laisse avec des questions, ce n'est pas face à un portrait complexe mais plutôt aux parti-pris limitants du film.

Le film n'est pas mauvais, loin de là, mais déçoit après une première heure vraiment inspirante.

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MessagePosté: 20 Déc 2023, 10:04 
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Film Freak a écrit:
Paye ton synopsis à balles deux. "Grandiose et téméraire"?
"Towering and fearless" dans le syno original. :|

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MessagePosté: 20 Déc 2023, 12:26 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Tellement content de l'avoir vu en salle (parce que le son et la musique, parce que que c'est un vrai film de cinéma, parce que la photo de Libatique est magnifique).

J'y allais un peu écartelé entre "c'est un film pour moi" (je suis "fan" de Bernstein depuis ma jeunesse) et "bordel j'ai peur d'être déçu".
Et je n'ai pas été déçu.
En vérité c'est un film assez inattendu/étrange. Curieusement il n'y a pratiquement pas d'enjeu, déjà, de vraie "histoire". Et plus surprenant encore, le film évite tout ce qui pourrait penser à du making of de l'oeuvre de Bernstein. Non. Cooper, pour son "biopic", choisit l'angle intime, celui du couple, pour évoquer la personnalité complexe, débordante, d'un génie qui voulait tout embrasser, ne pas choisir entre homme et femme, ne pas choisir entre musique dite savante et musique populaire, ne pas choisir entre la direction, la composition et la pédagogie. Le mec était un ogre, un dévoreur de vie, de beauté, de travail, de création, d'amour. Il aimait la vie, la musique, les gens.. Cooper rend donc hommage à cet homme, mais à travers les yeux de sa femme. Et bien que Cooper incarne le rôle-titre (et il s'y donne coprs et âme), il ne fait jamais ombre au personnage de l'épouse, au contraire même, il la met en avant (elle est créditée avant lui sur l'affiche et - c'est abusé - au générique!). Et donc oui, Carey Mulligan est exceptionnelle, elle est magnifique, sa palette de jeu est folle et elle m'a fait chialer comme un veau. C'est une actrice trop rare et Bradley Cooper l'avait bien compris.
Cooper m'a également surpris par son talent de mise en scène, tant dans cette partie en noir et blanc, virevoltante, avec plein d'idées de plans, de montage, de lumière (il y a un des plus beaux plans de l'année dans ce film). Et je trouve qu'il reste inspiré dans la partie plus "désordres conjugaux", il trouve bien souvent la juste distance. Le format 4:3 (juste ?) renforce le côté vintage du truc et évoque, à mon avis consciemment, le format télévisuel, car c'est principalement par les innombrables vidéos et archives télévisuelles que nous connaissons "l'image" ou plutôt l'icône Bernstein.
Bref, j'ai été conquis. Esthétiquement c'est d'une classe folle, l'hommage rendu au Maestro est touchant, et je trouve le film presque trop court, j'en voulais encore. Je regrette quand même un peu que le film ne s'attarde par plus sur le génie proprement dit du musicien, et que le scénario ne soit pas plus "construit". La fameuse scène de la Résurrection de Mahler (son final en quasi-plan-séquence), que perso j'attendais fébrilement tant je connais l'archive télé par coeur, elle tombe un peu plouf dans le montage, sans vraiment de lien avec ce qui précède ou suit, comme emportée dans le flux (même si j'ai été ému par la réplique de Felicia).

Bref, c'est vraiment une belle réussite, certainement pas parfaite (réserve supplémentaire: les seconds rôles sont faibles ou inexistants), mais faite avec tellement de coeur, de sincérité et de talent que j'ai été conquis et emballé.

4,5/6

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MessagePosté: 20 Déc 2023, 12:35 
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Netflix qui met des clopes sur des affiches de film, au mépris de la loi Evin. Thank you for smoking.

Film Freak a écrit:
Maestro possède les mêmes qualités et les mêmes défauts que A Star is Born.


J'allais dire lequel (de Star is Born) mais j'avais zappé qu'il avait réalisé un remake.


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MessagePosté: 20 Déc 2023, 16:29 
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Freak a tout dit, il pointe quelque chose qui m'a "un peu" dérangé. Je suis incapable de distinguer l'oeuvre de Bernstein et ses interprétations, c'est peut-être volontaire (sans doute même) mais à part la musique de West Side Story, je ne me dis pas, après le film, que c'est un génie de la musique (au contraire du doc vu récemment sur John Zorn).

Le second défaut (j'aime le film, hein), c'est le côté hagiographique. Le gars a un côté gentil vampire à peine esquissé (alors que bon, le prof qui drague ouvertement ses élèves je tique toujours)


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MessagePosté: 21 Déc 2023, 23:34 
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Moi c'est l'inverse de Film Freak j'ai mieux aimé la seconde partie qui lorgne du côté de Bergman entre quatre vérités dites dans le couple et maladie qui ronge. La première m'a un peu ennuyé avec cet enchaînement scorsesien de scènes foisonnantes à toute vitesse. Cette frénésie ne fait pas oublier le manque de substance du propos et des dialogues.

D'une certaine manière le film est réussi parce qu'il est fidèle au personnage qu'il traite mais justement ce personnage ne m'a jamais vraiment plu, moi qui suis un fanatique d'orchestre et en particulier des symphonies de Mahler. Cette manière extravagante de diriger m'a toujours irritée et le film confronte le personnage à la vacuité qu'il cache tant bien que mal. Bernstein est un croqueur de vie qui voudrait tout faire mais se disperse.


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MessagePosté: 22 Déc 2023, 14:11 
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J'ai jamais autant massacré le visionnage d'un film. Je savais que j'allais devoir le mater en deux fois pour des raisons d'emploi du temps mais purée c'était un carnage, j'ai dû le faire en trois fois, j'ai répondu au téléphone, je me suis fait à bouffer, j'ai réparé le canapé-lit. Y a que les 45 dernières minutes que j'ai regardé normal. Bref.

J'ai eu du mal avec la première heure. Il y a certes du taf et de l'ambition mais je goûte peu cette birdmanisation du cinéma à coups de plans séquences m'as-tu-vu en mode prouesse. Trop voyant, ça m'a gavé, surtout avec cet éculé jeu sur les formats. Mais la scène de comédie musical est top.

Déjà-Vu m'avait montré un tweet qui résumait le film en mode: "MAESTRO is a movie about Bradley Cooper playing Leonard Bernstein". Et c'est exactement ça. Je sais pas si je retiens grand chose du bonhomme si ce n'est son appétit vorace qui se retrouve justement dans la démarche démiurgique de Cooper. Il est excellent, respect infini. Et le maquillage est extraordinaire. Certes, il y a un côté un peu "performance" qui te sort parfois du film mais comment ne pas s'incliner devant le taf du gars ? Et puis qu'il refasse aussi bien la voix m'a fait penser à cette réplique dans A STAR IS BORN où il avouait avoir piqué sa voix à celle de Sam Elliott.

Ce qui est bien en plus, c'est qu'il laisse des accidents de jeu. Le maquillage est parfait, l'imitation est parfaite, le cadre est parfait, blabla, mais le jeu reste spontané et accidenté. Et Carey Mulligan, dont mes compères ci-dessus ont bien noté l'artificielle mise en avant au générique, est excellente elle aussi.

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MessagePosté: 22 Déc 2023, 14:16 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
j'ai réparé le canapé-lit.

Désolé je me balek du film mais le canapé-lit cassé, je veux savoir comment c'est arrivé, c'est bien plus intriguant.

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MessagePosté: 22 Déc 2023, 15:05 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
Il y a certes du taf et de l'ambition mais je goûte peu cette birdmanisation du cinéma à coups de plans séquences m'as-tu-vu en mode prouesse. Trop voyant, ça m'a gavé, surtout avec cet éculé jeu sur les formats.


alors pardon, je pirate complètement mais j'ai aimé ça dans winter break, il n'y a pas une seule scène, un seul plan qui a vocation à faire l'objet d'un tweet accompagné d'un superlatif quelconque, ça repose l'âme.


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MessagePosté: 22 Déc 2023, 16:11 
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MessagePosté: 22 Déc 2023, 18:47 
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Antichrist
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C'est marrant que tu dises ça FingerCrossed parce que je me dis l'inverse devant Babylon. Chaque scène semble avoir été conçu pour finir en vidéo tiktok.


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MessagePosté: 23 Déc 2023, 12:20 
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Citation:
(Stupid pundits hung up on Cooper’s prosthetic nose ignore the accuracy of Cooper’s other fleshly details.)


Excellente cette phrase d’Armond White. Il dit sinon que l’homosexualité de Bernstein est presque comme éludée, ce que je trouve bizarre aussi même si ce n’est pas quelque chose d’essentiel. M’enfin.

https://www.nationalreview.com/2023/12/ ... os-closet/


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MessagePosté: 23 Jan 2024, 22:40 
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Citation:
Cette manière extravagante de diriger m'a toujours irritée

Qu'est ce qu'il m'aurait énervé à gesticuler comme ça si j'avais assister à une de ses directions.


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MessagePosté: 23 Jan 2024, 22:47 
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C'est de pire en pire la durée des génériques. Fin du film 1h58 min 42 secondes.
Durée annoncée 131 minutes.....


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