Forum de FilmDeCulte

Cœurs fragiles s’abstenir. Que ceux qui rêvent d’un conte de Noël à découvrir en famille pendant les fêtes de fin d’année détournent les regards. La date de sortie français et le nom de la ville – Snowtown – sont de parfaits faux amis, tant le premier film de Justin Kurzel, présenté à la Semaine de la critique à Cannes, est l’un des plus éprouvants de l’année, une virée dans les entrailles de l’enfer, adaptée d’un fait divers qui a défrayé la chronique en Australie.

Le 20 mai 1999, dans une banque désaffectée du quartier désoeuvré de la petite ville de Snowtown, située 150 kilomètres au nord d’Adelaïde, au sud de l’Australie, étaient retrouvés les restes de huit corps dans six tonneaux remplis d’acide. Deux autres corps seront retrouvés trois jours plus tard, à quelques kilomètres de là. Onze victimes seront dénombrées, alors qu'un douzième meurtre restera non élucidée. Et l’Australie horrifiée de découvrir l’envers de ces crimes sordides, la misère humaine et la psychopathie d’un serial-killer homophobe et raciste, John Justin Buntin. Celui-ci n’a pas agi seul et le film suit principalement la vie de l’un de ses complices, James Spyridon Vlassakis, qui va l’assister activement dans ses plus noirs desseins, principalement pour le meurtre de son beau-père et de son beau-frère.

Avant de tuer leurs victimes, désignées par Buntin le plus souvent en raison de leur penchant homosexuel, le gang torturait celles-ci avec sang-froid, pratiquant régulièrement sur les suppliciés l’électrocution des parties génitales ou des méthodes dites de «water boarding» - simulation de noyade. Rien de ceci ne sera épargné aux spectateurs, du viol commis sur l’un des principaux témoins de l’affaire aux nombreux crimes sordides qui rythment le film, parfois avec une certaine complaisance, toujours avec une vraie efficacité. Au-delà du malaise qu’il provoque, ce que filme ce jeune cinéaste est universel, de la fascination pour le Mal au basculement progressif vers la folie sanguinaire.

4/6

Grunt est fan, il me semble...

et donc une idée particulièrement suicidaire de la part de son distributeur d'en faire un film de Noël...

Le thriller australien m'intéresse beaucoup depuis Animal Kingdom. Comment tu le situerais par rapport à ce dernier?

en même temps, comment vendre un film aussi noir.

Ca sent effectivement la sortie pour solder les comptes de l'année. Mais entre la période qui n'est pas la plus propice à ce film-ci, et le sortir en France quelques mois -par le même distributeur- après Animal Kingdom, ce qui entraine donc des tonnes de comparaisons entre les deux, et parfois (à tort ou à raison, ce n'est pas le souci) en défaveur du Kurzel par la presse, tout ça ne construit pas une base solide pour les entrées du film.


Pour la Saint Valentin ?[/quote]

Peut-être en misant plus sur la force du portrait sociologique que sur l'aspect film de serial killer, en insistant sur les qualités de la réalisation (Kurzel est assurément à suivre, et bien plus que Michôd à mon goût, parce qu'avec le potentiel d'un croisement entre Richard Brooks et Andrew Dominik), et en tablant sur une sortie automnale, à priori plus adéquate, plutôt qu'invité surprise du réveillon de Noel, ou personne n'a envie de voir des gens se faire trucider salement entre deux déballages de cadeaux ou deux douzaines d'huîtres. Pour un peu c'est une sortie presque aussi inconsciente que celles des films de La fabrique de films. Pour très probablement des résultats similairement désespérants...

Lol pour la fabrique de films, spécialiste des bons films distribués au mauvais moment. J'aurais sorti les Crimes de Snowtown cet été, sur l'aspect Polar australien.

Film très puissant dans son évocation d'une communauté white trash totalement pourrie de l'intérieur et dont les personnages s'enfoncent tous peu à peu dans l'horreur. Il y a évidemment de la complaisance dans ce regard fataliste où rien ne sera sauvé, rien ne sera épargné mais il faut reconnaître au film une belle réussite dans l'instauration d'une ambiance délétère et malsaine qui contamine tout. Et puis c'est aussi l'occasion de déployer un vrai drame sur la propagation du mal, les influences néfastes sur un esprit faible et blessé et l'annihilation pure et simple de la conscience.

J'ai eu un peu de mal au départ avec cette espèce de narration toute en ellipses et en non-dits pas nécessairement facile à suivre (relation entre les personnages notamment). D'ailleurs la page wikipédia du véritable John Bunting vient finalement boucher les trous et apporte des explications à des scènes pas forcément claires dans le film (notamment ce qui touche aux allocations d'invalidité) et même aux motivations des personnages. Mais au final ce choix scénaristique est plus que judicieux car il entretient ce trouble, cette absence de repère, il nous fait entrevoir ces vies qui n'ont aucun sens, qui semblent détachées d'une certaine réalité.

Dommage que le film soit un peu long et que la tension retombe un peu après
, mais ça reste une excellente découverte et assurément un réalisateur à suivre. Et parfaitement d'accord avec grunt quand il dit que Kurzel est largement plus intéressant que Michod. D'ailleurs c'est assez frappant les similitudes avec Animal Kingdom qui traite quasiment du même sujet à travers ce même personnage principal adolescent passif, faible, mal dans sa peau et totalement malléable. Même affèteries de mise en scène également avec ces passages au ralenti sur du trip-hop atomsphérique. Vraiment étonnant la proximité de ces deux films. Et pour le coup Snowtown gagne largement la compétition pour moi.

Belle découverte qui laisse pas indifférent.
4.5/6

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CroqAnimement votre

Claque dans la gueule pour moi. Animal Kingdom m'avait déjà bien impressionné mais là on dépasse.

Le film, aux antipodes d'un J'ai rencontré le diable par exemple, décrit le mal banal, normal, insidieux, et ce qui est le plus surprenant dans le film c'est quand même l'absence de réaction globale des personnages. Comme dans Animal Kingdom, le héros est une page vierge, beaucoup plus témoin qu'acteur de sa propre déchéance.
Daniel Henshall est proprement fascinant.


Après c'est vrai on échappe pas à une certaine complaisance, c'est longuet, certains effets sont ratés, et l'identification des personnages et des relations entre eux est difficile, mais je suis totalement d'accord avec Art Core pour dire que finalement ce flou est plus une force. On est lentement entraîné dans une balade meurtrière, et au final les corps des victimes, qui qu'elles soient, ne sont plus que des corps.

En plus c'est un film qui partage ma conception globale de la vie et de l'Homme alors 5/6 et c'est tout.

Du coup 2 films australiens dans mon top 15, je sais pas ce qui se passe.

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I am the constant. You were always a variable.

Y a des vols d'iPod dedans?

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"Toute structure vivante n’a pas d’autre raison d’être que d’être."

"Il faudra éviter l'affrontement, car de
ce dernier surgira forcément une échelle
hiérarchique de dominance et il est peu probable
qu'elle puisse satisfaire, car elle aliène le désir à
celui des autres. Mais, à l'inverse, se soumettre c'est
accepter, avec la soumission, la pathologie
psychosomatique qui découle forcément de
l'impossibilité d'agir suivant ses pulsions. Se
révolter, c'est courir à sa perte, car la révolte si elle
se réalise en groupe, retrouve aussitôt une échelle
hiérarchique de soumission à l'intérieur du groupe, et
la révolte, seule, aboutit rapidement à la suppression
du révolté par la généralité anormale qui se croit
détentrice de la normalité. Il ne reste plus que la
fuite.
Il y a plusieurs façons de fuir. Certains utilisent
les drogues dites « psychotogènes ». D'autres la
psychose. D'autres le suicide. D'autres la navigation
en solitaire. Il y a peut-être une autre façon encore
fuir dans un monde qui n'est pas de ce monde, le
monde de l'imaginaire."

http://pierre.coninx.free.fr/lectures/laborit.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Laborit

Si ça en intéresse certains, le bouquin le plus accessible d'Henri Laborit est "Eloge de la Fuite".
http://inventin.lautre.net/livres/Henri ... -fuite.pdf

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ou encore mon oncle d'amérique
mais bon si on commence à ressortir laborit pour légitimer le vol d'Ipod, ça devient nawak

Connaissais pas.

Bah c'est bien honteux.

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C'est un peu plus compliqué que ça, je l'avoue. Mais au final, commettre un acte d'autant plus gratifiant qu'il brise les barrières socio-culturelles le tout sans aucune possibilité de punition (hormis celle de FF), comment résister ?

Enfinbref, ce n'est pas ici le sujet.

Tout ça pour dire que les crimes de Snowtown, en plus d'être super, c'est un film qui s'inscrit dans ce genre de thèses.

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Parce qu'il y a une victime.


Ca le sera toujours.

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Heureusement pour mon équilibre karmique.

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