Forum de FilmDeCulte

Les Rascals, une bande de jeunes de banlieue, profite de la vie insouciante des années 80. Chez un disquaire, l’un d’eux reconnait un skin qui l’avait agressé et décide de se faire justice lui-même. Témoin de la scène, la jeune sœur du skin se rapproche d’un étudiant extrémiste qui lui promet de se venger des Rascals.

J'avais lu le scénario il y a trois ans et je l'avais plutôt apprécié, notamment grâce à sa revisite d'un Paris d'antan aux confluents des communautés et des influences. Et on retrouve ça dans le film: ce mix entre banlieusards, skins, prolos, ce Paname tour de Babel qui conjugue l'argot avec le louchebem, le verlan avec le créole... En le situant en 84, juste avant les élections européennes qui verront Le Pen faire un score étonnant, les auteurs ont voulu montrer un basculement d'époque: riche, le film veut à la fois montrer la naissance du breakdance, l'irruption du fascisme, le communautarisme naissant, préfigurer Malik Oussekine...

Cependant, cette richesse se fait au détriment de l'histoire en elle-même. Car ne vous laissez pas berner par le résumé ci-dessus. En réalité, le film passe pas mal de temps à juste montrer le quotidien lose des Rascals. Et même une fois la spirale de la vengeance lancée, il y a trop de moments où on attend qu'il se passe quelque chose. Et dans ces zones de creux, difficile de vraiment se passionner pour le personnage de Mitch.

En revanche, on se laisse fasciner par le parcours de Frédérique, très bien jouée par Angelina Woreth, qui va peu à peu glisser dans les milieux identitaires. Si la finalité de son parcours est un peu abusée, les débuts de son évolution sont bien brossés.

Il est sympa également de voir un film avec quasiment que des acteurs inconnus au bataillon, tous plutôt bien castés - même s'il y a sans doute un ou deux personnages de trop.

Je retiens également la mise en scène, assurée. Dans certaines séquences, une belle économie de plans. Et même quelques plans séquences élégants et pas showy.

Bémol cependant sur la conclusion, avec un récit qui ne sait pas comment finir, contrecoup certainement du flou originel autour de la question "De quoi parle ce film ?" Généreux et prometteur donc, mais un poil dispersé.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

J’ai pas aimé du tout.

J’ai trouvé le scénario filandreux, la mise en scène appuyée et tape à l’œil et l’interprétation franchement limite (les scènes de cris et de pleurs à la fin, c’est pas tolérable).

Quelques moments d’imagerie rock’n’roll qui surnagent justifient un petit 1/6

Si je devais décrire le film en un seul mot, c'est vraiment pas celui que j'aurais imaginé en rentrant dans la salle : mou.
déjà à cause du scénario : entre la fin du premier acte (le match aller, en gros...) et le lancement du troisième acte (le match retour, en gros) il ne se passe rien, ou presque. à 50min, on est encore devant ce qui ressemble à des scènes d'exposition, ce qui n'est pas raisonnable. à ce stade, on ne peut plus parler de ventre mou, c'est vraiment un problème fondamental d'une idée qui n'est pas une histoire.

Le film pose dès sa troisième minute les Gentils contre les Méchants, ce qui rend quand même assez peu captivant le fait de suivre les aventures de gens dont on a fait le tour dès ce moment-là. La promesse de plonger dans ce moment particulier et méconnu était belle mais il n'en reste rien : à part une scène de breakdance (je n'ai d'ailleurs pas compris ce qu'elle foutait là, en vrai), on n'a aucune idée d'un mouvement collectif dans lequel ça pourrait s'inscrire, les trajets en rer, les soirées, rien. Comme les Rascals sont le Bien, il n'y a même pas de petites rapines, genre les vols d'autoradios, truc fondamental de la petite déliquance de l'époque - les personnages n'ont strictement aucune complexité. C'est la même chose pour le Mal : on est vraiment chez des nazis totalement caricaturaux, ce qui fait que la naissance de la nébuleuse d'extreme droite c'est une réunion nazie dans une cave, des collages d'affiche, et un score électoral annoncé à la radio.

Mou ensuite dans la mise en scène : le nombre de scènes où les mecs discutent en faisant rien, ou presque, c'est fou. c'est peut-être un cliché, mais enfin on me parle d'un film sur la jeunesse banlieusarde des années 80, je pense à l'énergie. Là ils discutent assis, ou on faisant quasiment rien, dans des set-ups dramatiquement peu imaginatifs.
J'ai aussi eu un gros problème avec la reconstitution : dans certaines scènes on se croirait dans Grease, dans d'autres dans un truc qui se passe la semaine dernière. j'ai pensé aux magnétiques qui se passe vaguement à la même période et avec peu de moyens on s'y croyait à fond, il savait repérer LE détail qui te plongeait dans une autre époque. Le contraste est rude.

dans le fond enfin, difficile de ne pas penser que le film justifie profondément l'auto-défense. pourquoi pas, mais la démonstration me semble extrémement grossière et peu convaincante.

le film est bien parti pour être un four monumental, et c'est vraiment pénible que les quelques rares films qui tentent quelque chose se plantent aussi durement artistiquement que commercialement.

Difficile de ne pas être d'accord avec plusieurs choses que tu pointes, même si au final je suis moins dur.Complet. J'avais d'ailleurs pointé ça dans ma fiche de lecture à l'époque.Au moins elle sert à la voix hors-champ du MC déçu "Hé, c'est pas l'esprit hip-hop ça..."
Y a juste le vol de voiture, mais sinon t'as l'impression qu'ils glandent et c'est tout, j'en attendais davantage.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Pourquoi ? Par rapport aux chiffres depuis mercredi ? Je pense pas que les attentes étaient très hautes.

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CroqAnimement votre

Tweet étonnamment honnête du réal:

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Ah oui j'avais raté ça. En effet c'est pas beaucoup.

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CroqAnimement votre

C'est d'autant plus étonnant qu'il y avait pas mal de buzz autour du film depuis quelques semaines. Et je ne pense pas que le bouche à oreille change quoi que ce soit vu le niveau du film.

Je suis moins sévère que vous... La première demi-heure est vraiment bien, les jeunes acteurs sont pas mal, surtout le jeune black, la reconstitution plutôt classe... Et puis arrive le fameux ventre mou, avec ce nazi d'opérette, cette multiplication des points de vue et des sous intrigues qui ne servent pas à grand chose (on s'en fiche que le rebeu veille aller aux States par exemple). ça s'améliore sur la fin, avec cette scène de poursuite qui évoque sans doute L'Impasse (en moins bien).

3/6

Le four était prévisible non ? Sinon il arrive à The Jokers ce que je redoutais... Tout l'argent de Parasite est en train d'être dilapidé.

c'est vrai que c'est assez spectaculaire, the jokers.

du crepitement sous les neons : 20k
kanun : 13K
ogre : 21k
oranges sanguines : 50k
inexorable : 25k
la nuée : 45k
teddy : 29k

du coup 'l'année du requin' est presque le smash du lot avec 130k.
celui là finira entre 20 et 30k, et je ne vois pas comment leur prochain "le marchand de sable" pourrait aller au delà.

C'est triste oui, il y a de vrais efforts pourtant, de créer une communauté, de produire du cinéma de genre, de miser sur des jeunes cinéastes...

Pour le coup, c'est la partie "chronique" que je trouve la plus réussie. Les persos restent archétypaux mais attachants, avec ces jeunes acteurs inconnus tous plutôt convaincants, avec effectivement tous ces langages, toutes ces bandes, le microcosme est dépeint avec style. Ensuite, l'idée n'est pas tant de montrer la "lose" de personnages qui "restent assis" mais de montrer justement les problèmes rencontrés par cette génération et cette communauté (comment trouver du taf, le service militaire, etc.). Y a rien de particulièrement novateur mais je trouve cet instantané plus naturel que la démonstration politique ultra schématique autour de la radicalisation express du personnage féminin à laquelle je ne crois pas du tout.

En gros, le film est meilleur dans son Wesh Side Story que dans son French History X.

Mais sinon j'ai trouvé plutôt inspiré visuellement, pour cette photo qui retranscrit bien les '80s et quelques plans bien sentis.

Quelqu'un a vu son court, Soldat Noir?

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