Forum de FilmDeCulte

Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986 à Paris, Malik Oussekine — un étudiant âgé de 22 ans — meurt après des coups reçus par des policiers. Cela se produit dans un contexte très tendu de manifestations étudiantes contre le projet de loi Devaquet pour réformer l'université en France. Alors que le ministère de l’Intérieur va tenter d'étouffer l'affaire, un jeune homme d'origine magrébine est tué à Pantin par un policier.


Avec le nouveau Bouchareb, on est clairement dans un pur film militant. Le drame Oussekine s'est déroulé en 1986 et ce qui frappe dès le départ, c'est la différences des esprits sur les thématiques raciales par rapport à aujourd'hui. Dès la première scène magistrale, on est tout de suite frappé par le racisme décomplexé des flics. C'est vraiment le film qui vous fait vous rendre compte à quel point il y a pu avoir des évolutions dans les mentalités de la société et des services d'ordre depuis 30 ans. Clairement, on a l'impression d'être devant un film de science-fiction en regardant Nos frangins.

Sur le film en soi-même, sa grande réussite est d'apporter une vraie authenticité dans la reconstitution d'époque. Je ne parle pas des décors, des habits et autres trucs de 1986, c'est vraiment l'état d'esprit et le parfum d'une époque qu'arrivent à bien saisir Bouchareb. Et contrairement à certains films militants qui versent dans le simplisme et la démagogie (En guerre de Brizé avec Lindon), Bouchareb opte pour la réalité du terrain et sa complexité. Ce qui ne l'empêche pas d'y intégrer de jolies touches un peu fantaisistes comme ce pieux africain qui s'occupe des cadavres à la morgue. Et ce qui est aussi convaincant, c'est le côté hybride entre vraies images d'archives, images d'archives inventées et fiction.

Après, le cinéaste a beau avoir des intentions louables en évoquant une autre bavure raciale en parallèle avec celle d'Oussekine, ça a le défaut de déséquilibrer un peu le film. L'affaire Abdel paraissant sous-traitée par rapport à Oussekine et se faisant bouffer par cette dernière. Et le film pâtit malheureusement de problèmes de rythme qui l'handicapent un peu.

Bref, malgré ses défauts, c'est plutôt pas mal au final. Pas totalement convaincu par l'ensemble mais le résultat est très respectable. Par contre, j'ai eu un peu de mal avec le jeu de Samir Guesmi qui passe tout le film à avoir la bouche ouverte, ce qui lui donne un air d'ahuri agaçant.

3-4/6