Forum de FilmDeCulte

Premier Arturo Ripstein. Je m'attendais à plus fort vu sa réputation. Alors ça ne veut pas dire que je n'ai pas aimé mais je me rends compte que je m'étais fait une idée du cinéma de Ripstein qui était totalement fausse. Le film est en réalité assez "grand public", loin de la radicalité que je m'étais imaginée (encore que, j'y reviendrai).

C'est en tout cas un drôle de mélange entre parodie de film noir, comédie macabre et comédie romantique glauquissime. Le film est déjà d'une réelle splendeur visuelle, organisant dans une mise en scène d'une rare élégance son univers de film noir dans le cadre d'un Mexique déliquescent de carton-pâte. On sent un peu trop les décors mais en même temps tout le film joue de son artificialité assumée, presque théâtrale par moment, n'hésitant pas à aller dans le grotesque notamment dans le jeu des acteurs notamment l'actrice principale (cette scène où elle abandonne les enfants devant le couvent).

Le film joue vraiment de l'image du film noir comme un imaginaire à pervertir avec un personnage principal obsédé par Charles Boyer et le personnage masculin d'une rare médiocrité espèce de Bogart du pauvre traumatisé par son alopécie qu'il voit comme une pure difformité. Et le film avance comme ça dans son scénario inspiré de ce couple de meurtriers américains ayant donnés lieu au fameux Tueurs de la lune de miel avec cette série de rencontres fatales pour des femmes veuves ou désespérées dans des territoires qui semblent déconnectés du monde. Là où le film est intéressant c'est vraiment dans cette perversion d'un imaginaire étranger, dans cette "américanité" déliquescente et en décomposition mais également dans cette obsession de l'hispanité pour le personnage masculin qui cherche absolument à se faire passer pour un espagnol. Cela crée un film sans cesse dans l'impureté d'un imaginaire, d'une iconographie qui culmine sans doute dans ce décor magnifique final du garage automobile, image d'épinal du film noir américain (Le facteur sonne toujours deux fois). Et c'est là que cette impureté de surface qui apportait jusque là l'humour du film se transforme assez brutalement en une horreur viscérale confinant à la folie

La toute fin, espèce de fantasme romantique refait tomber le film dans cette artificialité qui l'avait momentanément quitté juste avant. J'ai trouvé ça dommage mais en même temps parfaitement cohérent avec le film. Chouette découverte en tout cas même si globalement j'ai quand même trouvé le temps un peu long durant les quelques rencontres centrales avec les veuves où le film se fait un peu trop complaisants dans les dialogues et où l'artificialité des situations parfois me laissaient trop a distance.

4/6

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CroqAnimement votre

Oublié de parler de l'excellent BO de David Mansfield (musicien qui a notamment beaucoup bossé avec Cimino). Introuvable sur Youtube malheureusement. Là en train de jouer la merveilleuse valse de Heaven's gate.

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CroqAnimement votre

La farce macabre avec des personnages répugnants, ce n'est pas trop mon cinéma. Là objectivement, le film possède des qualités artistiques (les décors notamment), mais le côté artificiel des situations, la narration répétitive et le sentiment que rien ne déviera les amants terribles de leur route du Mal m'ont vite ennuyé. J'avais déjà détesté la Vierge de la luxure d'Arturo Ripstein, je crois que je vais arrêter les frais avec lui.

2/6

Je l'ai trouvée justement assez forte, une sorte de dernier balai romantique, comme offert par un cinéaste contraint de détourner alors la réalité (peine de mort inexistante au Mexique à l'époque). Mon premier Ripstein, que j'avais loupé à l'époque de sa sortie alors que la presse en disait le plus grand bien, une belle découverte, renforcée par ce romantisme aussi absolu qu'artificiel de ces deux personnages réunis par leur vie fantasmée, et par cette mise en scène sereine, envoutante, perpétuellement mobile, d'où peut surgir l'horreur à n'importe quel moment, en tout cas totalement à l'encontre de ce que j'imaginais (je le voyais comme un film plus rugueux - je tente Tiempo de morir ce soir, que j'imagine - peut-être à tort - fort différent). Je n'ai pas vu Les Tueurs de la lune de miel, mais ça met à l'amende le Alleluia de Fabrice Du Welz.

5/6

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Vu l'idée que je me fais de Ripstein, ça ne m'étonne pas à ce que plaise à un fan de Beinex.
Ripstein est plus vieux cela dit, et je serais curieux de voir ses films plus anciens.

Tiempo des morir est très bien, sorte de western crépusculaire anti-spectaculaire, qui prend son titre au pied de la lettre. J'aimerais vraiment voir les autres de l'époque, en effet. J'aimerais bien tous les voir, en fait, mais je galère bien pour en trouver.

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