Forum de FilmDeCulte

Le film vaut beaucoup mieux que sa première demie-heure spectaculaire un peu show off mais qui n'en reste pas moins assez impressionnante où est filmé en plan-séquence un accouchement à domicile. La caméra trouve la bonne distance, je ne trouve pas ça particulièrement voyeur ou manipulateur mais au contraire ça m'a semblé être un accompagnement dans ce processus si particulier et tout ce que ça accompagne (notamment ici, de complications). Les trois acteurs sont parfaits et il m'a semblé que la fin de la scène était parfaiement juste et digne

La suite est à la fois très simple et assez complexe. Simple parce que c'est la gestion d'un deuil et tout ce que ça sous-entend de tensions et de destruction que ce soit dans le couple, dans les relations familiales (monologue assez dingue d'Ellen Burstyn où à la fois tu compatis mais où en même temps se joue quelque chose d'ignoble dans la culpabilisation) etc... mais aussi complexe parce que le film prend des chemins de traverse, emprunte la voie de la symbolique et reste assez évanescent dans la description de cette douleur (pas de pathos). Les deux acteurs principaux sont vraiment géniaux, Vanessa Kirby est parfaite entre beauté glaciale et fragilité à fleur de peau et Shia LaBeouf prouve une nouvelle fois qu'il est l'un des acteurs de sa génération le plus talentueux, il est d'une intensité assez dingue et son personnage est plus nuancé que ce que laisse supposer son vague background et les rapports sociaux du couple (le prolo face à la bourgeois en gros). J'ai trouvé d'autant plus dommage qu'il soit évincé du récit un peu comme un malpropre de manière assez étrange

Et si à un moment le film fait craindre de tomber dans du procédurier finalement classique, il s'en détourne totalement pour rester dans le profondément intime, dans l'exploration du travail de deuil de manière vraiment subtile même si quelques symboles peuvent paraître assez lourds (notamment celui du pont, pas la meilleure chose du film). Mais toute la fin est très émouvante, cette espèce de révélation autour de ça a totalement fonctionné sur moi et m'a mis les larmes aux yeux. De même que le climax du film c'est ce moment littéral de "révélation"

Je regrette le (pourtant très beau) dernier plan, là aussi d'une lourdeur un peu inutile dans sa symbolique

Un vrai beau mélodrame, pudique, sensible et singulier (j'aime beaucoup les décors, la façon de filmer la ville, l'hiver - ça m'a rappelé Manchester by the sea), j'aurais aimé être plus ému mais ça reste solide et Mundruczo confirme quand même qu'il a une voix particulière.

4.5/6

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CroqAnimement votre

Pas encore vu mais le réalisateur fait des films super différents à chaque fois.

C'est ce qui me laisse penser qu'il s'agit tout au plus d'un faiseur qui se complait dans la virtuosité creuse avant de s'investir véritablement dans ce qu'il filme (pas étonnant d'ailleurs de le retrouver sur Netflix qui semble s'être donné pour tâche de produire tous les "formalistes" qui se présentent au portail), hier c'était les migrants (mon Dieu, qu'il aurait dû s'abstenir !), aujourd'hui c'est une famille middleclass de Boston à la dérive... Qu'est-ce que ça sera demain ? je ne sais pas mais je passerai sûrement mon chemin...

Précisons que ce n'est pas une production Netflix mais un achat.

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CroqAnimement votre

Envie de le voir mais je pense pas que ce soit le bon moment perso.

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Ah oui clairement, j'attendrai un peu .

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CroqAnimement votre

Il fait partie de ces réalisateurs étrangers qui depuis longtemps font des incursions dans le cinéma américain, fort d'une petite popularité ou d'un statut validé par le circuit des festivals. Ce passage représente pour lui la même chose que le mouvement de balancier d'un Ryan Coogler ou d'un David Lowery entre superproductions et films indépendants.

J’ai beaucoup patienté avant de découvrir le film, un peu effrayé par le sujet. Surprise: le plan-séquence inaugural est moins éprouvant qu’attendu, même si je suis toujours gêné par l’ajout de musique (Sigur ros) pour appuyer l’émotion. La suite est à la bonne distance. Vanessa Kirby trouve là le rôle de sa vie et si les affrontements inévitables sont nombreux, le film lui laisse toute la place pour « vivre » son deuil J’ai plus de mal avec son personnage à lui, d’ailleurs curieusement sacrifié. Mais le film évite bien des écueils - le film de procès, le film d’adultère - pour toucher en plein coeur (pas fan de la toute toute fin même si je comprends l’idée de la douceur pour sortir du cauchemar). Et sinon le film est inspiré de ce qu'a traversé le couple Mundruczo/Weber (qui écrit les scénarii de ses films).

4/6