Forum de FilmDeCulte

Un ouvrier du fin fond de l’Oklahoma débarque à Marseille pour soutenir sa fille qui purge une peine de prison, accusée d’un crime qu’elle nie avoir commis. Confronté au barrage de la langue, aux différences culturelles et à un système juridique complexe, Bill met un point d’honneur à innocenter sa fille. Au cours de ce cheminement intime, il va se lier d’amitié avec une jeune femme du coin et sa petite fille.

Un film très étonnant, par le réalisateur de Spotlight, produit par Amblin (bon, qui ne fait plus du "Amblin" aujourd'hui hein, cf. Trial of the Chicago 7) et co-écrit par Thomas Bidegain & Noé Debré (La Résistance de l'air, Dheepan, Les Cowboys), qui
commence comme un Taken (le père ricain qui vient en France pour sauver sa fille) réaliste (elle n'a pas été kidnappée, elle est en taule et il n'est pas un ex-agent spécial, il est ex-foreur pétrolier) mais convenu (la barrière de la langue, les requêtes inabouties) avant d'effectuer dans le deuxième acte un virage vers le drame humain inattendu dont l'écriture fait avaler de grosses couleuvres.
L'espace d'un instant, j'ai osé espérer une fin totalement à contre-courant. Mais non. Et le dernier tiers, comme d'hab chez Bidegain & Debré, se fait très maladroit, laissant soudainement s'insurger la fiction la plus poussive. Alors c'est un rebondissement qui sert expressément à mettre à mal tout ce que le film, et le protagoniste, a justement construit jusque là mais les moyens employés sont balourds, faisant retomber le film dans le thriller grossier. Toutefois, ces moyens justifient une fin assez belle sur le parcours du personnage.

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Plutôt aimé le film, on doit pouvoir compter sur les doigts d'une main les films US qui se passent en France et qui ne se vautrent pas dans les stéréotypes les plus éculés et dans une vision états-unienne de la France. Au contraire, on a là une rencontre intéressante et complexe entre deux mondes sur un mode ni totalement égalisant, ni totalement clivant. Outre le scénario et la mise en scène qui prend le temps de poser les choses (et ses valises), les acteurs y sont pour beaucoup également, entre autres Cottin, jamais dans le second degré, qui s'en sort très bien et qui m'a beaucoup surpris je dois l'avouer. J'ai bien aimé aussi le contre-pied que propose le film à toutes ces merdes dégueulasses type "Taken"...

Effectivement c'est la fin qui pèche un peu malheureusement, mais moi c'est essentiellement la grosse ellipse de Marseille aux USA avec le retour de la fille et son père qui m'a gêné. D'un seul coup la fille est rentrée chez elle, on sait pas ce que devient le personnage d'Akim, elle est apparemment libérée et rentre sans nouveau procès, là ça va quand même un peu vite d'autant que comme on le comprend la fille a bien joué un rôle dans le meurtre de sa copine donc on aimerait savoir s'il y a eu procès pour Akim ou pas, ou s'il a disparu à nouveau (le plus probable). D'accord par contre pour dire que le plan final est très beau. Plutôt que de rester sur une sorte de secret/mensonge familial consenti type "Mystic River", cette fin marque un subtil écart entre le père et la fille, quelque chose a véritablement changé pour lui, pour sa fille (qui croit en l'hérédité du "fucked up") on ne sait pas trop, elle donne l'impression que pas vraiment en constatant que tout est comme avant et surtout en forçant son père à lui révéler ce qu'il s'est véritablement passé la nuit du meurtre.

En fait ça pourrait bien être le premier grand film hollywoodien représentatif de l'ère Biden (du moins son début). Je me souviens que Rancière dans les Cahiers avait associé "Mystic River", en particulier pour la fin du film, à l'ère Bush et ses guerres "infinies" contre le terrorisme. Ici, la trajectoire du père et la fin semblent signaler qu'il faut en terminer avec le mensonge, changer par son contact avec l'Autre, tirer les leçons de ses erreurs passées pour la suite, ce qui sonne étonnement avec l'actualité états-unienne à l'international...

Je ne savais rien du film à part que c'était Damon à Marseille pour sauver sa fille. Bref, un pitch 100% EuropaCorp que Tom McCarthy prend totalement à contrepied.

Un personnage taiseux et balourd sans skills aucun, un enjeu relativement faible (elle a déjà purgé 5 ans sur les 4 donc bon...), une enquête à deux de tension... Le film fait vraiment l'inverse de tout ce qu'on imaginerait vu le pitch, et même vu l'affiche.

Mais là où le film m'a scié, c'est dans ses parti-pris locaux. Dès le départ j'ai apprécié ce respect de la géographie marseillaise: il arrive au bon aéroport, prend le bon car, qui le dépose au bon endroit... Et tout le long le film montre la vraie ville, avec des détails qu'aucun autre film américain ne montrerait: ce PMU tenu par un chinois, cette troupe de théâtre marseillaise... J'ai tout bonnement halluciné. Surtout que le film s'autorise un plan seulement sur Notre Dame de la Garde, et il attend même 2 heures avant de faire son seul et unique plan sur le vieux port: zéro pittoresque.

Et puis c'est bien joué ! Bon, Damon est nickel comme d'hab, mais la gamine est top, Camille Cottin est parfaite (quelle audace de l'avoir choisie elle plutôt qu'une autre belle plante internationale que le public connaît déjà style Seydoux, Mélanie Laurent...), Maaskri n'en fait pas des caisses pour une fois...
En fait c'est tellement riche en détails franco-français ancrés et bien observés que je me demande si Bidegain n'a pas fait office de co-réal officieux. Malgré toute l'admiration que j'ai pour McCarthy, un vrai américain à la tête d'une grosse machine ne peut tout simplement pas arriver à un tel résultat: les réfs à l'OM, les anciens flics qui font des blagues sur Gaudin, le tenancier de bar raciste, les racailles hyper bien jouées, c'est juste parfait.

Si le film souffre de quelques longueurs, il trouve quand même de la qualité dans la durée, privilégiant l'humain à l'enquête, jusqu'à un final doux amer qui m'a fait penser à CAST AWAY. En fait ça m'a fait penser à du bon Eastwood.

Excellente surprise.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Vous allez voir qu'il va le foutre 2e ou 3e de son top alors qu'il n'en parlera plus dans un an.

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Avant ça je vais d’abord y retourner individuellement avec chacun de mes proches puis aller à Bruxelles le revoir !!

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Film étrange qui prend toutes les attentes à rebours. On s'attend à un thriller version Taken, finalement celui-ci va être mis de côté, pour revenir vers la fin. Pour pas dire que McCarthy s'en fiche. D'ailleurs la partie thriller n'est pas la partie plus convaincante, assez simple et un peu prévisible. Ce qui intéresse avant tout McCarthy, c'est l'humain de son film. L'étrange trio que va constituer cette mère française célibataire, sa petite fille et cet américain redneck pur jus. Et c'est cette partie intime qui emporte le morceau à l'écran et est la plus attachante du film. Alors oui c'est un peu convenu le cahier des charges niveau choc des cultures mais il y a une justesse qui rend le trio vivant et agréable à suivre. On a l'impression de faire partie de la famille et on est comme dans ses chaussons à regarder le film. Bon après, c'est dommage que ça dure 2H20 car clairement ça s'étire et le mélange intime/thriller est maladroit part moments. Mais voilà un drôle de film hollywoodien, qui est assez étonnant dans son déroulé, et c'est un vrai plaisir de voir Damon magistral dans le rôle du bouseux. Et la dernière scène est très belle effectivement.

4/6