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MessagePosté: 28 Avr 2011, 01:11 
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La femme d'un pilote d'avion rejoint son amant, un comédien de théâtre, durant les absences de son mari. Entre les deux, elle ne sait lequel choisir.


Dans la lignée de Vivre sa vie, ce film de la période 60' de Godard me semble des coudées au dessus des œuvres plus emblématiques qui l'entourent : plus direct, plus épuré, plus mystérieusement beau, plus touchant... Une femme mariée est cependant très inégal, naviguant entre le sublime et le tâtonnant, souffrant pas mal d'être atomisé en mille morceaux...

Ce qui constitue la matrice du film, cette succession de vues qui s'ouvrent et se ferment en fondus au noir comme autant de respirations, dans le cocon d'une litanie de chuchotements, est absolument magnifique. Reprenant le concept de l'ouverture du Mépris, la dépoussiérant de sa morgue et de son aspect mécanique, Godard tisse une dentelle sans fin de contacts, d'évitements, de touchers, de corps qui se cherchent et dialoguent. C'est d'une douceur incroyable, d'une grande pudeur aussi paradoxalement, et toutes les scènes moins conceptuelles qui découlent de cette approche (je pense notamment à tout ce qui concerne les rapports avec le mari, personnage sublime - la caresse discrète dans les cheveux à l'aéroport, ça m'a achevé) sont du même niveau.

De l'autre côté, on a du vide à remplir, et donc des tentatives tous azimuts que rien ne lie entre elles, qui viennent régulièrement briser l'état de grâce que le film parvient à installer. Les longues interviews, pas une mauvaise idée en soi mais tellement néfastes au mouvement d'ensemble, m'ont par exemple passablement irrité (certaines, comme celle du médecin, c'est juste insupportables). Godard peut se montrer très feignasse aussi : quand il a l'idée de filmer la piscine en négatif, conférant à la scène une réelle étrangeté somnambule (avec toujours ce chuchotement entêtant), il ne fait rien pour l'introduire dans le film autrement que par le pur théorique de son photographe et du publicitaire, il ne fait rien pour rattacher stylistiquement cette idée à une dynamique d'ensemble qui lui donnerait du coffre - ça arrive et ça repart n'importe comment, à deux doigts de l'expérimentation hasardeuse d'étudiant, ça a juste pas de gueule, et surtout peu de portée. C'est en fait d'ailleurs souvent la bouée de sauvetage du film, cette façon malsaine de s'envahir d'images et de mots liées à la publicité, de marquer par cette invasion tous les corps d'un doute, et ainsi de donner au film un semblant de cohésion (ça reste quand même bien brinqueballant, je trouve).

Voilà, des choses superbes, d'autres irritantes, un film qui comme souvent chez Godard aurait gagné à moins se disperser. La simplicité lui sied bien, je trouve dommage qu'il ne s'y abandonne pas plus souvent...


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MessagePosté: 23 Sep 2022, 09:45 
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Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Rattrapage de ce film sur Arte et donc c'est du pur Godard. Ca synthétise parfaitement ce que j'aime et ce que j'aime beaucoup moins chez lui. Ce que j'aime c'est la liberté absolue du film, en 1964 c'est clair que c'est quelque chose de totalement neuf, on fait du cinéma avec trois fois rien, sans véritable scénario. Comme le dit Tom, ce qui est le plus réussi c'est l'observation de l'intime, celui du couple, celui de cette femme (magnifique Macha Méril, comment ne pas tomber amoureux de cette coupe au carré parfaite ?), ces moments qui semblent volés, chuchotés (mais par contre j'ai raté environ 25% des dialogues, le mix est horrible), ces rapports amoureux à la fois terriblement quotidiens mais également profondément romantiques (le pilote d'avion qui évoque un ailleurs d'aventures).

Mais à côté de ça, il y a Godard qui tente pleins de trucs, qui digresse dans tous les sens avec moments qui semblent hors sujet, totalement gratuits (cet affreux passage en négatif), déjà ces moments de collage de mots, d'images de textes (où l'on voit que sa dernière période était déjà en germes là en fait), ces longs moments d'interviews plus ou moins intéressants, une longue séquence sur des catalogues de sous vêtements... Tout le côté expérimental un peu chichiteux de Godard qui te donne envie de faire avance rapide.

Surtout que finalement une fois le film fini, tous ces moments un peu autre, ces errances esthétiques on les oublie aussi sec pour ne se souvenir que, comme le dit Tom, de la simplicité romantique d'instants en suspens. Macha Méril face au miroir qui se coupe la frange ça vaut pour moi dix fois plus que ces collages pénibles. Le film reste assez passionnant à voir et à replacer dans la carrière de Godard mais en temps qu'expérience de spectateur, c'est globalement moyen.

3/6

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 23 Sep 2022, 10:29 
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Inscription: 30 Sep 2016, 19:39
Messages: 5844
Les passages en négatif m'avait marqué. C'est le genre de petites expérimentations un peu gratuites que se permettaient Godard à l'époque, avec une verve certaine.


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MessagePosté: 23 Sep 2022, 10:34 
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Robot in Disguise
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Inscription: 13 Juil 2005, 09:00
Messages: 36698
Localisation: Paris
Moi ça m'a laissé un souvenir négatif.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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