Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 24 Nov 2024, 18:34

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 6 messages ] 
Auteur Message
MessagePosté: 18 Avr 2021, 12:44 
Hors ligne
Vaut mieux l'avoir en journal
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 15:21
Messages: 22930
Localisation: Paris
Christiane, une jeune berlinoise de treize ans, vit très mal le divorce de ses parents et entretient une relation compliquée avec sa mère. Elle rêve de s’intégrer à une bande d'amis et de s'en approprier les codes. Lorsqu'elle sort en boîte de nuit pour la première fois, la descente aux enfers de Suzanne commence: la drogue puis la prostitution vont venir ternir le reste de sa jeunesse.

Faites des gosses, putain...
Film terrifiant, bien plus pour son sujet que pour son traitement souvent fade, même si certaines scènes semblent issues du Zombie de Romero (au point que je me demandais parfois si ce n'était pas une référence avouée), Moi Christiane F, c'est surtout le portrait d'un microcosme, la station Zoo, et d'une époque - l'époque de la liberté laissée aux gosses, , l'époque où des adultes se tapent des prostitué(e)s ado sans que ça gêne personne... Plus que le film en lui-même (Uli Body Edel plafonne souvent, mais il fait le job ici et propose de belles choses, par exemple dans l'utilisation discrète du ralenti) qui n'est pas pleinement abouti (loin de là), et se traine parfois, c'est vraiment le sujet qui frappe ici. Dommage que le point de vue de l'adulte, plus présent dans le livre avec le personnage de la mère, soit ici un peu mis de côté.

4/6

_________________
Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 19 Avr 2021, 08:53 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
Messages: 28413
Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Gros choc quand je l'avais découvert, beaucoup de scènes m'ont bien marqué (souvenir d'une scène de sevrage assez terrible).

_________________
CroqAnimement votre


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 19 Avr 2021, 09:29 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 22 Mar 2006, 12:23
Messages: 7508
Vu en 1987 ou 1988 en VHS et je ne me souviens plus que de la scène de sevrage en effet.

_________________
There is no such thing in life as normal


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 19 Avr 2021, 09:35 
Hors ligne
Vaut mieux l'avoir en journal
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 15:21
Messages: 22930
Localisation: Paris
Oui la scène est très forte, très réaliste (avec le vomi...). Très différente de Trainspotting.

_________________
Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 19 Avr 2021, 13:43 
Hors ligne
Expert

Inscription: 07 Oct 2012, 15:32
Messages: 347
Vu à sa sortie, à l'époque je n'avais que 2 ans de plus que l'héroïne et son cas a dû forcément me toucher. Pourtant, je n'ai gardé aucun souvenir du film.

En relisant la critique de Daney, j'ai compris pourquoi :

La drogue tue, la sociologie aussi.

Un cliché, ce n’est ni vrai ni faux, c’est une image qui ne bouge pas. Qui ne fait plus bouger personne. Qui rend paresseux. Sur la drogue, les clichés ne manquent pas. Ils sont tous au rendez-vous de Moi, Christiane F., treize ans, droguée, prostituée, filmé dans ce style glauque et plat du nouveau « nouveau » cinéma allemand. Le titre laisse craindre (ou espérer) un film pornographique, mais il paraît qu’il n’en est rien : c’est à l’engrenage cru et sans fard d’une déchéance que nous assistons. Rien ne nous surprendra vraiment, mais tout nous accablera : le sordide des détails, les seringues qu’on lave dans les chasses d’eau des WC, l’asphalte et les grands ensembles, les visages blafards et la tristesse sans fond des enfants perdus sur le trottoir de Berlin, entre le Sound, la « plus grande discothèque d’Europe » (où un soir se produit David Bowie) et la station Am Zoo.

On nous dit (toute la pub est faite là-dessus) que Christiane F. a vraiment existé, qu’elle existe, qu’elle s’en est sortie, qu’elle a parlé des heures devant les magnétophones de deux journalistes, qu’un best-seller s’est ensuivi (en 78) dont les droits d’adaptation à l’écran furent vite acquis (en 79), précédant le tournage dû à un certain Ulrich Edel (en 80), et la sortie parisienne (été 81). Mais une fois le film fini (sur cette improbable image de guérison), on se dit : à quoi bon cette caution du réel, cette tranche de vraie vie, à quoi bon la vraie Christiane F. ? Il suffisait de mettre sur ordinateur toute la littérature sur le sujet, des confessions d’anciens toxicos aux aveux des dealers, en passant par les fiches de police et les rapports médicaux, pour obtenir Christiane F., l’anodine petite fille de treize ans, le portrait-robot d’une enfant déchue, l’échantillon sociologique dont on avait besoin pour illustrer le scénario type, le scénario-robot du film. Qu’un cinéaste fasse un travail d’enquête très poussé sur son sujet (ça se faisait même à Hollywood), qu’il se serve des résultats de cette enquête pour se protéger, c’est autre chose. A moins que son but soit de désarmer le spectateur, de le culpabiliser encore plus, de l’empêcher de critiquer le film. Il faut un certain culot pour sortir du film en disant qu’il est glauque et plat, racoleur et confortable. C’est s’exposer à être critiqué à son tour : seul un drogué, un pervers, un esthète peut refuser de marcher dans ce « chantage au vécu ».

Et pourtant que voit-on dans Moi, Christiane F. ? Des fausses piqures en gros plan, des visages ravagés filmés de trop près, le spectacle pénible d’adolescents mimant pour la caméra le trip, le manque, la prostitution, la mort. Et que nous dit-on ? Des choses vraies, tristes, imparables, des clichés justement : qu’on se drogue par conformisme (ou pire, par dépit amoureux), que l’engrenage est terrible, qu’on ne s’en sort pas : le joint mène au fix comme le soft au hard, le fix mène au tapin qui ramène au fix, et ceci jusqu’à l’overdose finale. Cet engrenage a des causes vagues, mais connues : les parents sont indifférents, les familles désunies, un amant vit chez maman, les villes sont inhabitables, le sexe est partout, le vrai amour manque. Tout cela doit être vrai. Mais une chose vraie, quand elle arrive à un échantillon sociologique, se met à sonner faux parce qu’il y a aussi la vérité du cinéma, du regard du cinéaste. Et un constat, aussi impitoyable soit-il (et celui-là l’est), ce n’est pas forcément la vérité. Sinon, il faudrait renoncer à la critique de cinéma et tout reverser dans la rubrique « Société ».

Les drogués n’ont pas de chance. Dans la vie déjà, ils en bavent (« il n’y a pas de drogués heureux » rappelle le Dr Olivenstein après avoir vu le film). Au cinéma, ça ne va guère mieux pour eux. Le drogué – surtout l’enfant qui se drogue, ce n’est pas un personnage, c’est un cas. On ne s’intéresse pas à un cas, on se penche sur lui. On se penche d’autant plus qu’on est bien sûr de ne jamais tomber. Un cinéaste, quand il se met à filmer des drogués (ou tout autre marginal) se transforme en assistante sociale, en médecin ou en flic compréhensif, en micheton refoulé, en journaliste trouble, en psy : jamais en cinéaste. Erreur. Démission. Un « personnage » de drogué, ça n’existe pas au cinéma : interdit de fiction. Seul compte le cas, la victime statistique, le problème de civilisation. L’eau du bain compte plus que le bébé. Voilà pourquoi un film comme L’année des treize lunes de Fassbinder , autre histoire de marginaux très malheureux, ou même, dans Neige, le personnage du travelo en manque, nous touchent et nous en apprennent bien plus que la petite Christiane F. La vraie Christiane a été victime de la drogue, la fausse (l’actrice s’appelle Natja Brunckhorst) a été victime du regard sociologique.

Il y a deux types de films : ceux qui impliquent le spectateur (ce sont les meilleurs) et ceux qui le concernent seulement. Ces deux types de films n’ont rien à voir. Dans le premier cas, le spectateur est impliqué comme individu, comme « sujet », dans sa solitude trouble de « cochon de payant ». Il est impliqué par ce qu’il ne faut pas voir peur d’appeler l’art du cinéaste : son vouloir-dire, son savoir-faire, sa morale. Dans le second cas, le spectateur est concerné comme citoyen, appartenant à une communauté « normale » et qui vote. Que faire face à la drogue ? Si je suis un peu lâche, je réclame plus de crédits pour plus de centres de désintoxication, si j’appartiens au PCF, je vais dénoncer un petit dealer arabe de la banlieue parisienne (mais ça, c’était avant Mitterand !), si j’ai une belle âme, je suis accablé devant tant de manque d’amour. Mais c’est trop tard. L’amour, il en fallait avant, avant que l’engrenage ne se mette en route. L’amour va de pair avec la fiction : on aime un personnage, pas un cas.

Moi, Christiane F., treize ans, droguée, prostituée n’a de film que le nom. Il s’agit de tout autre chose : d’une simulation audio-visuelle qui, pour être vraiment opérante, devrait passer un soir de grande écoute à la télé, avant un débat où des spécialistes viendraient gravement nous faire oublier que, pendant deux heures, nous avons été des voyeurs et rien de plus. Il s’agit donc bien d’un film porno.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 19 Avr 2021, 18:10 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 16 Aoû 2012, 12:19
Messages: 1663
Lu le bouquin au lycée et ca m'avait bien marqué.


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 6 messages ] 

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Body of Evidence (Uli Edel - 1993)

F-des-Bois

0

1261

16 Déc 2009, 14:44

F-des-Bois Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Mad Max 2 (George Miller, 1981)

Film Freak

8

2580

09 Fév 2014, 00:19

Billy Budd Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Hurlements (Joe Dante, 1981)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Film Freak

15

1476

27 Juil 2022, 14:37

KillMunster Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Sadgati (Satyajit Ray - 1981)

Qui-Gon Jinn

1

173

23 Jan 2024, 09:27

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Mur Murs (Agnès Varda, 1981)

Abyssin

0

1172

12 Mai 2019, 14:03

Abyssin Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Roar (Noel Marshall, 1981)

Jerónimo

0

1850

09 Fév 2018, 11:20

Jerónimo Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Outland (Peter Hyams, 1981)

Mr Chow

7

1726

24 Sep 2015, 06:31

rotary [Bot] Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Le policeman (Daniel Petrie, 1981)

Abyssin

9

1287

01 Mar 2023, 11:20

Abyssin Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Garde à vue (Claude Miller - 1981)

Tom

5

2217

05 Fév 2017, 10:43

Mickey Willis Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Sogni d'Oro (Nanni Moretti - 1981)

Gontrand

7

1992

08 Avr 2020, 11:10

Vieux-Gontrand Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 13 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web