Forum de FilmDeCulte

À Richelieu, ville industrielle du Québec, Ariane est embauchée dans une usine en tant que traductrice. Elle se rend rapidement compte des conditions de travail déplorables imposées aux ouvriers guatémaltèques. Tiraillée, elle entreprend à ses risques et périls une résistance quotidienne pour lutter contre l’exploitation dont ils sont victimes.


Film québécois qui oeuvre sur un sujet classique "Nos profits valent mieux que leurs vies" et qui suit le parcours d'Ariane, traductrice d'espagnol, qui va peu à peu opérer une résistance face à la terreur managériale subie. Bon, c'est un thème maintes fois vu depuis 30 ans et le Ressources humaines de Cantet mais il faut admettre que ce premier film québecois a de la gueule.

Ce qui est très réussi, c'est la sensation de réalisme du film. Après avoir enquété 10 ans sur le sujet, on sent que Chevigny connait son sujet et ça transpire le vécu avec plein de petits détails par ci par là. Et sur cette thématique, on se demande toujours si la forme documentaire n'aurait pas été plus pertinente mais Chevigny apporte une belle réponse. Il fait pleinement confiance à la fiction et opère une immersion prenante grace à une mise en scène resserrée et oppressante. Clairement c'est un film qui prend aux tripes. Meme si il s'envole vraiment de manière brillante qu'à partir de la moitié. Et puis il y a cette scène à l'hopital impressionnante qui remue comme rarement.

On est un peu dans un mix entre du Loach et du Dardenne avec l'accent fleuri du Québec. Le film est souvent émouvant et j'ai bien aimé la manière dont il évite le manichéisme. A la limite, il y a le personnage du directeur de l'usine qui parait etre le méchant ultime mais, meme lui au cours d'une scène avec le responsable étranger, il apparait comme une marionnette qui subit les pressions. Le film arrive à montrer la toxicité à chaque chainon de commandement de l'usine. Pas seulement concernant les pauvres guatalméteques. En cela, le portrait est assez riche et décrit un monde ou tout le monde doit faire le moins de vagues possibles, meme si ils se font écraser les pieds, au risque de perdre son boulot et d'etre dans la merde. D'ailleurs le bel échange entre les deux femmes à la fin est assez éloquent.

Bref, c'est plutot pas mal. Sur un thème pourtant rebattu, le film arrive à se démarquer et j'adore l'accent du directeur. Sans surprise, ça a cartonné en festival.