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MessagePosté: 27 Oct 2019, 21:47 
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Début des années 1980, la guerre entre les parrains de la mafia sicilienne est à son comble. Tommaso Buscetta, membre de Cosa Nostra, fuit son pays pour se cacher au Brésil. Pendant ce temps, en Italie, les règlements de comptes s'enchaînent. Les proches de Buscetta sont assassinés.


Ce qu'on ne peut pas reprocher à Bellochio est de faire un film original sur la Mafia et les chemins de traverse qu'il emprunte deviennent presque aussi fascinants (ou déroutants) que le résultat final. Le film met un peu de temps à démarrer, mais malgré tout on ne s'ennuie pas sur 2H35, et il faut avouer que les scènes de meurtre ne sont pas forcément le point où brille Bellochio même si elles restent très recommandables.

Mais où le film trouve toute sa force ce sont ses scènes de procès. Autant prévenir tout de suite, elles remplissent quasiment la moitié du film avec les entretiens avec le juge Falcone et elles sont toutes magistrales. Il faut voir en arrière plan les accusés mafieux dans des cages comme des singes au zoo, la foire constamment installée par leurs protagonistes. Sublimes moments de bravoure où Bellochio montre toute l'étendue de son talent, c'est assurément des gros moments de cinéma.

Le reste du film alterne entre moments intimes et visions baroques et oniriques comme cette sublime fin rêvée. Ou la spectaculaire, simple mais très forte reconstitution de l'attentat qui a donné la mort à Falcone. Ou aussi cette étonnante manif nocturne. Plutôt qu'une vision romantique, Bellochio a choisi de démythifier cette Cosa Nostra en montrant autant le ridicule effrayant de ses personnages et le côté crade de ses pontes. Contrat rempli.

4,5/6


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MessagePosté: 02 Nov 2019, 19:41 
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Détesté le précédent Bellochio qui sentait fort la naphtaline, vu l'accueil vraiment dithyrambique pour celui-ci j'étais convaincu que ça serait l'occasion de réviser mon jugement sur lui (j'ai bien vu Vincere mais c'était il y a trop longtemps et il m'en reste assez peu de choses, enfin ce film ne m'avait pas fait trop mauvaise impression), perdu. J'ai détesté du début à la fin, de la mise en scène aux acteurs. J'ai l'impression d'être vraiment seul mais je ne comprends absolument pas ce que tout le monde lui trouve.

Abyssin a écrit:
Ce qu'on ne peut pas reprocher à Bellochio est de faire un film original sur la Mafia
Je n'ai vu aucune originalité, c'est pas comme si la mafia n'avait pas déjà était filmée sous tous les angles et coutures au cinéma, et j'ai d'ailleurs le sentiment que plus de la moitié de la production transalpine qui sort sur nos écrans récemment ne parle que de ça (plutôt mal d'ailleurs, le seul que je sauverais est Leonardo Di Costanzo avec L'intervallo et L'Intruse). Mais je veux bien que tu m'éclaires sur ce que tu as vu de particulier.

Abyssin a écrit:
il faut avouer que les scènes de meurtre ne sont pas forcément le point où brille Bellochio même si elles restent très recommandables.
Ta formulation est assez maladroite, mais met en exergue l'un des points qui me gêne le plus dans le film. Son argument principal est le fait que Buscetta ne se considère pas comme un traître, au contraire de Riina et sa bande qui ont détruit ce qu'était Cosa Nostra à ses yeux. Ce qui justifie qu'il les livre à la justice. Mais ce côté homme d'honneur qui n'aurait jamais renié les racines de Cosa Nostra, jamais trempé dans le trafic d'héro, au-delà de quelques paroles prononcés à la vite, rien ne viendra le corroborer dans le film, Bellochio étant trop occupé à satisfaire un public qui veut avant tout voir le décorum habituel des films sur la mafia, règlement de compte et dézingage à tout va. C'est pour moi l'un des énormes échecs du film.

Abyssin a écrit:
Mais où le film trouve toute sa force ce sont ses scènes de procès.
Comme dirait l'autre, scènes de procès pas mieux pas pire qu'ailleurs. En fait si, beaucoup plus vulgaires qu'à la normale, mais j'imagine que c'est voulu, Bellochio n'a pas vraiment d'autres armes que de faire des accusés des demis-demeurés (voir celui qui se fout à poil, ou l'autre qui tire sur son cigare avec son air goguenard) pour nous les rendre antipathiques. Je me souviens encore des images de ce procès à l'époque, l'incroyable force de ces images avec tous ces mecs agglutinés dans les cellules du tribunal, je suis convaincu qu'il y aurait eu matière à en faire quelque chose de mille fois plus puissants qu'ici. Là effectivement ça ressemble à un zoo, c'est totalement caricatural et ridicule.


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MessagePosté: 02 Nov 2019, 20:33 
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Lohmann a écrit:
Je n'ai vu aucune originalité, c'est pas comme si la mafia n'avait pas déjà était filmée sous tous les angles et coutures au cinéma,
On va plus dire le vernis authentique + la facture transalpine + le style Bellochio qui change un peu

Lohmann a écrit:
Comme dirait l'autre, scènes de procès pas mieux pas pire qu'ailleurs. En fait si, beaucoup plus vulgaires qu'à la normale, mais j'imagine que c'est voulu,
Le côté farce (que tu trouves vulgaire) me plait beaucoup.

Sinon j'aime bien le film mais je suis aussi étonné par l'avis dithyrambique de la presse à son sujet. Dans les récents Bellochio, je lui préfère La belle endormie


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MessagePosté: 03 Nov 2019, 00:20 
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Moui, je ne suis pas convaincu que Bellochio ait voulu donner un aspect farce à son film


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MessagePosté: 03 Nov 2019, 22:16 
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Lohmann a écrit:
Moui, je ne suis pas convaincu que Bellochio ait voulu donner un aspect farce à son film
Je te parle juste des procès avec le comportement rien-à-foutre des mafieux et le bordel qu'ils mettent dans le tribunal. Sinon oui le film n'est pas une "farce".


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MessagePosté: 05 Nov 2019, 13:51 
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Le film tient pas mal sur les épaules de son acteur principal assez fascinant dans la transformation qu'il opère entre le début et la fin. Physiquement mais également dans la profondeur qu'il arrive à donner à un personnage de prime abord assez "épais", confit dans un certain cliché. C'est ici que Bellochio, par un glissement progressif, sort du film de mafia traditionnel pour livrer une autopsie de la Cosa Nostra, des institutions italiennes vu comme un asile d'aliénés sous surveillance et de cet homme au rapport tragique et ambigu avec le milieu duquel il est sorti. Bellochio illustre et nous fait ressentir un enfermement permanent.


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MessagePosté: 05 Nov 2019, 17:44 
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Je partais pas du tout confiant, je n'aime pas particulièrement les films de mafia (impression que le cinéma italien n'arrive pas à s'en départir) et Bellochio c'est très mitigé chez moi (j'aime plutôt bien Vincere, je déteste La belle endormie mais j'avoue ne pas connaître ses films antérieurs plus réputés). Mais ça a été une excellente surprise. C'est un film ample, drôle, glaçant, ludique, émouvant. Tout tient en effet sur son personnage/acteur principal assez difficile à lire avec son physique à la Tom Selleck aussi bonhomme qu'inquiétant. J'ai beaucoup aimé la manière de nous faire nous attacher à lui, à sa solitude totale, à sa paranoïa qui finira par avoir raison de lui et à, évidemment, son courage de parler. Mais j'ai trouvé brillant cette manière de reléguer l'anecdote qu'il raconte à Falcone sur le mec qu'il doit tuer et qui sort toujours avec son fils à cette dernière scène. Faisant passer d'un certain romantisme ou lyrisme à ce meurtre de sang-froid qui replace le personnage dans ce qu'il était malgré tout, un meurtrier (ça va d'ailleurs avec les questions de l'avocat du vieux politicien qui font vaciller le héros et douter de son honnêteté et de sa sincérité).

Le reste est effectivement souvent brillant surtout ce tronçon central entre les interviews avec Falcone et le maxi procès qui suit. Le film est vraiment d'un densité assez dingue et c'est à la fois une qualité et un défaut. En fait j'ai eu le sentiment d'un film qui ne finissait jamais, pas que je me suis particulièrement ennuyé mais que j'ai eu à de multiples moments l'impression d'assister à la dernière scène et en fait pas du tout. Quand il part s'installer aux Etats-Unis tu as l'impression qu'on est dans l'épilogue, alors que ça repart sur un autre procès, pour le coup beaucoup moins intéressant. Tout retombe un peu après le maxi procès et aurait gagné à être resserré même si en l'état j'aime bien comme cette deuxième partie va venir accentuer le contrecoup pour le personnage (solitude, paranoïa, exil).

Il y a des maladresses (le flashback sur la mort des deux fils m'a semblé inutile et lourdingue par exemple, pas trop compris la relation avec le flic qui devient limite son meilleur pote à la fin) mais globalement j'ai été emporté sur ce film qu'on pourrait décrire comme "post-Mafia" où tout le mythe s'écroule et où ne reste que des meurtriers médiocres et ridicules assoifés de pouvoir et d'argent.

4.5/6

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 20 Nov 2019, 09:48 
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Le film parvient effectivement à conférer de l'empathie pour son héros tout en dévoilant ses turpitudes au fur et à mesure, c'est une de ses grandes forces. Il est clairement tourné à la première personne, le gars est une crapule comme les autres mais nous fait voir les choses par son biais, avec ses justifications tantôt épicuriennes, tantôt orthodoxes d'une certaine idée de la mafia, et de plus en plus foireuses. Je comprends que du coup les autres protagonistes mafieux soient présentés comme des psychopathes ridicules, mais je trouve que les scènes de procès, qui ne tournent qu'autour de ce ridicule, sont un peu longuettes et répétitives.
(Big up pour Maria Fernanda Candido qui, même si brésilienne, campe la quadra italienne qui devrait être en couverture de tous les dépliants touristiques pour la Sicile)


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MessagePosté: 24 Jan 2020, 09:13 
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Je crois que c'est le stagiaire de Billy Budd qui a rédigé le titre de ce topic, avec un bon score de 3 fautes...

Sinon ça m'est passé complètement au-dessus... L'acteur principal est très bon, l'ambiance du début m'a plutôt impliqué mais ensuite je glisse petit à petit vers l’indifférence. Il y a bien quelque chose comme ça
Art Core a écrit:
ce film qu'on pourrait décrire comme "post-Mafia"

et des scènes de procès où les boss se chamaillent tels des enfants, mais ça m'a semblé long, et le film ne me touche jamais…


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MessagePosté: 05 Fév 2020, 01:05 
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Oui c'est quand-même du docu fiction de luxe, mais qui reste très télévisuel. Seules les visions oniriques du debut (et l'insistance sur la filiation, vu à la fois comme l'origine des rapport sociaux complets et un refoulement) rappellent les Bellochio d'il y a 20 à 40 ans. Mais elles sont identifiées un peu pauvrement à des manifestations de la mauvaise conscience de Buscetta. C'est d'ailleurs le principal sujet de l'œuvre de Bellochio : la mauvaise conscience du père qui repond exactement à l'impuissance du fils, et la cause : après tout il faut que ses fils meurent pour que Buscetta se choisisse lui-même, c'est plus ambigu que cela n'a n'en a l'air).
Sur une histoire finalement pas très éloignée, le mésestimé Tout l'Or du Monde de Ridley Scott m'avait semblé beaucoup plus fort. Scott provoquait l'identification du spectateur aux personnages les plus antipathiques, et reliait finement pouvoir et passivité alors que Bellochio fait de Buscetta une sorte de Duce intègre ou de surhomme hyper complètement "post-politique" : implacablement puissant, moral mais sans idéologie).

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
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Jean-Paul Sartre


Dernière édition par Vieux-Gontrand le 05 Fév 2020, 12:08, édité 3 fois.

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MessagePosté: 05 Fév 2020, 01:27 
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Art Core a écrit:
, pas trop compris la relation avec le flic qui devient limite son meilleur pote à la fin


A mon avis l'idée est qu'il a avec lui le même genre de rapport faussement filial mais vraiment érotisé qu'un chef mafieux aurait avec un complice plus jeune devenu une sorte de pupille. Il remporte sur lui l'affection plus contenue qu'il avait pour Falcone. Mais le système mafieux est lui aussi structuré par des reports d'affection comparables. Il reste psychologiquement un maffioso.

Sinon ce n'est ni mauvais ni génial mais il reste quand-même à l'affiche depuis plus d'un mois dans deux salles bruxelloises quand pleins d'autres films (comme The Lighthouse) ne sortent pas.

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