Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 05 Nov 2024, 10:18

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 9 messages ] 
Auteur Message
MessagePosté: 14 Nov 2018, 09:59 
Hors ligne
Expert

Inscription: 30 Sep 2016, 19:39
Messages: 5801
Image

Un film que j'ai plus aimé que je ne le saurais le dire ou l'admettre.
A priori en effet, la fable sociale tendance franciscaine n'est pas ma tasse de thé. Il peut paraître étonnant qu'Alice Rohrwacher en perpétue la tradition, rappelant les films d'Olmi (Longue vie à la signorina, Le village de carton, que personne n'a vu) ou le Pasolini de Des oiseaux petits et grands. On retrouve dans tous ces film les éléments d'une satire, plus ou moins subtile, typiquement italienne sur la lutte des classes et la déshumanisation de l'ère industrielle, associés à un dolorisme chrétien plus (Olmi) ou moins (Pasolini) marqué.
Mais il faut juger le film de Rohrwacher au regard de la production actuelle dans son ensemble, et ce qui l'en distingue, c'est un talent de filmeuse au-dessus de la moyenne, surtout dans la première partie où l'exploitation des paysans par la marquise donne aussi lieu à des images idylliques de la vie à la campagne, à une exaltation d'un folklore paysan pas aussi benêt qu'on le penserait au premier abord. C'est monté à la perfection avec de très belles scènes, en particulier celle qui rompt l'équilibre primaire (qui est un déséquilibre) avec l'apparition de l'hélicoptère où Rohrwacher fait un usage tout à fait judicieux des prises de vue par drones.
Lazzaro, mi-Lazare (qui est le premier à ressusciter de la Bible), mi-Christ idiot, qui est un trope auquel on est habitué, est le chantre (tiens donc, une expression que je n'utilise jamais) d'une utopie écologiste peut-être pas loin d'un Pierre Rahbi, si on devait trouver une illustration dans le monde réel, de la parabole offerte par le film (je n'ai pas d'attrait particulier pour Pierre Rahbi).
En fait, Rohrwacher arrive à atteindre cette simplicité évangélique où l'émotion, pour simple qu'elle soit, n'est pas discutable. Lazzaro est vraiment un très beau personnage ainsi que nous le confirme la fin, où le réalisme magique dont je me méfie un peu trouve une expression singulièrement forte.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 14 Nov 2018, 10:19 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 30 Déc 2015, 16:00
Messages: 8267
Au-delà d'un potentiel discours sur l'écologie (dont je doute), c'est surtout un lourd pensum sur la condition humaine et l'intemporelle exploitation des pauvres. J'ai trouvé le film écrasé par ces références, jamais aussi juste qu'Olmi dans sa description du monde paysan, jamais aussi drôle et humain que Scola dans son versant satyrique, surtout jamais aussi poétique et inspiré que De Sica dont Miracle à Milan me semble être la source principale de ce Lazzarro (la liste de ce que Rohrwacher y pompe est assez fascinant). La 1ère partie est encore acceptable, mais la 2ème est un ratage complet clos par une scène finale outrancière.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 14 Nov 2018, 10:39 
Hors ligne
Expert

Inscription: 30 Sep 2016, 19:39
Messages: 5801
La source principale de Lazzaro, c'est... l'évangile tout simplement. Lazzaro, le héros, m'a fait penser, évidemment, au prince Mychkine de Dostoïevski, qui incarne la version prolixe du même personnage ou Dersou Ouzala, celle qui est en contact avec la nature.


Dernière édition par bmntmp le 14 Nov 2018, 10:44, édité 1 fois.

Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 14 Nov 2018, 10:40 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 30 Déc 2015, 16:00
Messages: 8267
bmntmp a écrit:
La source principale de Lazzaro, c'est... l'évangile tout simplement.

Source cinématographique aurais-je dû préciser


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 14 Nov 2018, 10:49 
Hors ligne
Expert

Inscription: 30 Sep 2016, 19:39
Messages: 5801
********Petits spoilers********

Pour la dimension écologiste, il faut se référer à la scène où Lazzaro montre à quel point la terre regorge de ressources insoupçonnées et "gratuites", ou celle où le groupe, subitement inspiré, fomente le projet de retourner dans sa terre natale afin de la cultiver, loin de la grisaille de la ville et de ses périphéries.
C'est délibérément naïf, à l'image du film, mais si on l'accepte comme postulat, ça fonctionne à mon avis.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 21 Nov 2018, 16:25 
En ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
Messages: 28350
Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Film en effet un peu écrasé par son côté best of du cinéma italien qui cite aussi bien Pasolini, Scola, De Sica (et encore je connais pas Olmi).

Mais ça m'a pas empêché de trouver ça très beau, très singulier, d'une ampleur romanesque assez folle le tout incarné par un personnage principal magnifique de bonté béate. J'adore vraiment la première partie et je suis d'accord pour dire que la seconde est plus faible, moins bien maîtrisée et comme Lohmann j'ai pas aimé la dernière scène, trop démonstrative dans son idée et presque purement théorique, soudain je n'y ai plus cru alors que jusque là j'embrassais pleinement la destinée de Lazzaro et j'étais prêt à croire qu'il était un saint. Mais j'aime vraiment le ton du film si singulier entre le conte, le mythologique, le fantastique et en même temps ce naturalisme, ce dépouillement total au sein d'un récit finalement d'abord d'un pur fait divers. C'est vraiment cette densité romanesque qui m'a charmé, comme le sentiment de m'enfiler un gros roman passionnant condensé en deux heures. Les ingrédients étaient les mêmes dans son précédent mais ça me semble encore plus réussi. Typiquement le genre de film réduit à une exposition art et essai alors qu'il a un énorme potentiel populaire c'est vraiment dommage.
Et une fois n'est pas coutume d'accord avec bmntmp sur l'aspect (léger) écologique. Comme cet autre moment magnifique où en pleine ville Lazzaro s'approche d'un arbre et vient s'y asseoir. Il y a plein de moments comme ça, très beaux, suspendus, avec une espèce de hiératisme (Lazzaro souvent figé) et une succession d'épisodes quasi bibliques.

4.5/6

_________________
CroqAnimement votre


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 21 Nov 2018, 17:30 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 30 Déc 2015, 16:00
Messages: 8267
Toi qui aimes Rouquier tu dois absolument voir L’Arbre aux sabots


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 21 Nov 2018, 17:41 
En ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
Messages: 28350
Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Oui je sais très envie. Faudrait que je choppe le BR Criterion (mais zone A), pas envie de le voir dans une copie DVD dégueue.

_________________
CroqAnimement votre


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 12 Mai 2019, 16:21 
Hors ligne
Antichrist
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23968
Quel film surprenant, toujours sur un fil entre le ridicule et le sublime. Le ridicule ? Le jeu outrancier des acteurs, la scène finale beaucoup trop appuyée, le personnage de Tancredi tout droit sorti d'un Lelouch. Le sublime ? L'avant-dernière scène, l'incroyable décrochage narratif... Du coup, je ne sais pas trop quoi en penser. Je trouve tout un peu long, un peu démonstratif, un peu compilation du cinéma italien des années 70 mais c'est une vraie proposition de cinéma et je comprends que l'on puisse tomber amoureux du film.

4/6


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 9 messages ] 

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Les merveilles (Alice Rohrwacher - 2014)

DPSR

2

1495

15 Fév 2015, 10:38

Mr Chow Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Alice Sweet Alice (Alfred Sole, 1977)

Cosmo

1

1675

25 Nov 2008, 10:06

the black addiction Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Ça rend heureux (Joachim Lafosse - 2006)

Zad

0

1480

18 Juin 2007, 12:38

Zad Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Un heureux événement (Rémi Bezançon, 2011)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Film Freak

17

3088

18 Fév 2012, 03:11

Z Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Bientôt les jours heureux (Alessandro Comodin - 2016)

DPSR

1

1118

09 Juin 2016, 15:30

Arnotte Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Nos jours heureux (Eric Toledano, Olivier Nakache - 2006)

Blissfully

4

1721

24 Juil 2006, 08:03

Sim Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Heureux gagnants (Maxime Govare & Romain Choay - 2024)

FingersCrossed

0

252

13 Mar 2024, 20:38

FingersCrossed Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Je suis heureux que ma mère soit vivante (Miller inc - 2009)

DPSR

6

1322

14 Oct 2009, 21:48

Gerry Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. La Romancière, le film et le heureux hasard (Hong Sang-Soo, 2022)

Lohmann

5

517

23 Fév 2023, 22:27

Baptiste Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Le petit Nicolas : qu'est-ce qu'on attend pour être heureux? (Amandine Fredon, 2022)

Abyssin

11

780

26 Oct 2022, 17:03

Le Cow-boy Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Fire walk with me et 8 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web