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MessagePosté: 14 Nov 2018, 09:59 
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Un film que j'ai plus aimé que je ne le saurais le dire ou l'admettre.
A priori en effet, la fable sociale tendance franciscaine n'est pas ma tasse de thé. Il peut paraître étonnant qu'Alice Rohrwacher en perpétue la tradition, rappelant les films d'Olmi (Longue vie à la signorina, Le village de carton, que personne n'a vu) ou le Pasolini de Des oiseaux petits et grands. On retrouve dans tous ces film les éléments d'une satire, plus ou moins subtile, typiquement italienne sur la lutte des classes et la déshumanisation de l'ère industrielle, associés à un dolorisme chrétien plus (Olmi) ou moins (Pasolini) marqué.
Mais il faut juger le film de Rohrwacher au regard de la production actuelle dans son ensemble, et ce qui l'en distingue, c'est un talent de filmeuse au-dessus de la moyenne, surtout dans la première partie où l'exploitation des paysans par la marquise donne aussi lieu à des images idylliques de la vie à la campagne, à une exaltation d'un folklore paysan pas aussi benêt qu'on le penserait au premier abord. C'est monté à la perfection avec de très belles scènes, en particulier celle qui rompt l'équilibre primaire (qui est un déséquilibre) avec l'apparition de l'hélicoptère où Rohrwacher fait un usage tout à fait judicieux des prises de vue par drones.
Lazzaro, mi-Lazare (qui est le premier à ressusciter de la Bible), mi-Christ idiot, qui est un trope auquel on est habitué, est le chantre (tiens donc, une expression que je n'utilise jamais) d'une utopie écologiste peut-être pas loin d'un Pierre Rahbi, si on devait trouver une illustration dans le monde réel, de la parabole offerte par le film (je n'ai pas d'attrait particulier pour Pierre Rahbi).
En fait, Rohrwacher arrive à atteindre cette simplicité évangélique où l'émotion, pour simple qu'elle soit, n'est pas discutable. Lazzaro est vraiment un très beau personnage ainsi que nous le confirme la fin, où le réalisme magique dont je me méfie un peu trouve une expression singulièrement forte.


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MessagePosté: 14 Nov 2018, 10:19 
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Au-delà d'un potentiel discours sur l'écologie (dont je doute), c'est surtout un lourd pensum sur la condition humaine et l'intemporelle exploitation des pauvres. J'ai trouvé le film écrasé par ces références, jamais aussi juste qu'Olmi dans sa description du monde paysan, jamais aussi drôle et humain que Scola dans son versant satyrique, surtout jamais aussi poétique et inspiré que De Sica dont Miracle à Milan me semble être la source principale de ce Lazzarro (la liste de ce que Rohrwacher y pompe est assez fascinant). La 1ère partie est encore acceptable, mais la 2ème est un ratage complet clos par une scène finale outrancière.


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MessagePosté: 14 Nov 2018, 10:39 
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La source principale de Lazzaro, c'est... l'évangile tout simplement. Lazzaro, le héros, m'a fait penser, évidemment, au prince Mychkine de Dostoïevski, qui incarne la version prolixe du même personnage ou Dersou Ouzala, celle qui est en contact avec la nature.


Dernière édition par bmntmp le 14 Nov 2018, 10:44, édité 1 fois.

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MessagePosté: 14 Nov 2018, 10:40 
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bmntmp a écrit:
La source principale de Lazzaro, c'est... l'évangile tout simplement.

Source cinématographique aurais-je dû préciser


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MessagePosté: 14 Nov 2018, 10:49 
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Inscription: 30 Sep 2016, 19:39
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********Petits spoilers********

Pour la dimension écologiste, il faut se référer à la scène où Lazzaro montre à quel point la terre regorge de ressources insoupçonnées et "gratuites", ou celle où le groupe, subitement inspiré, fomente le projet de retourner dans sa terre natale afin de la cultiver, loin de la grisaille de la ville et de ses périphéries.
C'est délibérément naïf, à l'image du film, mais si on l'accepte comme postulat, ça fonctionne à mon avis.


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MessagePosté: 21 Nov 2018, 16:25 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Film en effet un peu écrasé par son côté best of du cinéma italien qui cite aussi bien Pasolini, Scola, De Sica (et encore je connais pas Olmi).

Mais ça m'a pas empêché de trouver ça très beau, très singulier, d'une ampleur romanesque assez folle le tout incarné par un personnage principal magnifique de bonté béate. J'adore vraiment la première partie et je suis d'accord pour dire que la seconde est plus faible, moins bien maîtrisée et comme Lohmann j'ai pas aimé la dernière scène, trop démonstrative dans son idée et presque purement théorique, soudain je n'y ai plus cru alors que jusque là j'embrassais pleinement la destinée de Lazzaro et j'étais prêt à croire qu'il était un saint. Mais j'aime vraiment le ton du film si singulier entre le conte, le mythologique, le fantastique et en même temps ce naturalisme, ce dépouillement total au sein d'un récit finalement d'abord d'un pur fait divers. C'est vraiment cette densité romanesque qui m'a charmé, comme le sentiment de m'enfiler un gros roman passionnant condensé en deux heures. Les ingrédients étaient les mêmes dans son précédent mais ça me semble encore plus réussi. Typiquement le genre de film réduit à une exposition art et essai alors qu'il a un énorme potentiel populaire c'est vraiment dommage.
Et une fois n'est pas coutume d'accord avec bmntmp sur l'aspect (léger) écologique. Comme cet autre moment magnifique où en pleine ville Lazzaro s'approche d'un arbre et vient s'y asseoir. Il y a plein de moments comme ça, très beaux, suspendus, avec une espèce de hiératisme (Lazzaro souvent figé) et une succession d'épisodes quasi bibliques.

4.5/6

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MessagePosté: 21 Nov 2018, 17:30 
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Inscription: 30 Déc 2015, 16:00
Messages: 8297
Toi qui aimes Rouquier tu dois absolument voir L’Arbre aux sabots


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MessagePosté: 21 Nov 2018, 17:41 
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Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
Messages: 28413
Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Oui je sais très envie. Faudrait que je choppe le BR Criterion (mais zone A), pas envie de le voir dans une copie DVD dégueue.

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 12 Mai 2019, 16:21 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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Quel film surprenant, toujours sur un fil entre le ridicule et le sublime. Le ridicule ? Le jeu outrancier des acteurs, la scène finale beaucoup trop appuyée, le personnage de Tancredi tout droit sorti d'un Lelouch. Le sublime ? L'avant-dernière scène, l'incroyable décrochage narratif... Du coup, je ne sais pas trop quoi en penser. Je trouve tout un peu long, un peu démonstratif, un peu compilation du cinéma italien des années 70 mais c'est une vraie proposition de cinéma et je comprends que l'on puisse tomber amoureux du film.

4/6


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