Forum de FilmDeCulte

Parallèle avec le régime des colonels, auquel Angelopoulos fait (courageusement) référence, Jours de 36 brille par une accumulation de plans-séquences parfois démentiels tant la chorégraphie (de figurants, de la caméra) y est incroyable. Et pour ce deuxième film, la mise en scène n’est pas inutilement renforcée par des métaphores pesantes ou une musique envahissante. En revanche, et c’est le défaut du cinéaste, ça manque cruellement d’humanité, tant les personnages sont vus de haut (quoi que ce soit un peu le principe du film, mettant en scène des personnages ridicules tandis que le plus humain reste hors champ).
4/6

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Je l'avais vu il y a une dizaine d'année et il m'avait aussi semblé intéressant même si le souvenir est devenu imprécis. C'est à la fois un film politique "à sujet" politique, mais avec une dimension plus abstraite que complètement réaliste. La situation retrace l'esprit et les attitudes du régime de Métaxas ainsi que celui de la dictature des colonels contemporaine mais n'est pas lié à un évènement "exemplaire" bien déterminé qu'il s'agirait de réactualiser et de présenter ensuite comme un traumatisme collectif. Il s'agît plutôt d'éviter la dose de contingence et de mauvaise foi liée à toute reconstruction qui ne s'assume pas aussi comme interprétation en jouant sur l'aspect apparemment irréel et surnaturel de l' oppression politique.
Ce qui est finalement assez rare, c'est que le hiératisme de la mise en scène Angelopoulos brouille imperceptiblement la frontière entre les deux registres, et se révèle plus joueur qu'il ne le semble à première vue. Angelopoulos semble ici influencé par Brecht, et peut-être aussi par le premier Barthes ou Franco Fortini qui s'appuyaient eux-aussi sur Brecht en le réactualisant (et se positionnaient à travers lui par rapport au PC post-stalinien, dans des directions opposées à partir d'une vision esthétique proche), même si je connais cela en fait assez mal.

Oui voilà c’est ce que je voulais dire.

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