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 Sujet du message: Eden (Mia Hansen-Love, 2014)
MessagePosté: 22 Nov 2014, 13:38 
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Au début des années 90, la musique électronique française est en pleine effervescence. Paul, un DJ, fait ses premiers pas dans le milieu de la nuit parisienne et créé avec son meilleur ami le duo «Cheers».
Ils trouveront leur public et joueront dans les plus grands clubs de la capitale. C’est le début pour eux d’une ascension euphorique, vertigineuse, dangereuse et éphémère.
C’est aussi le parcours sentimental d’un jeune homme qui accumule les histoires d’amour et qui n’arrive pas à construire.
Eden tente de faire revivre l’euphorie des années 90 et l’histoire de la French Touch : cette génération d’artistes français qui continue de briller dans le monde entier.


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Attention ça spoile un peu:

Bizarrement, j'ai trouvé le film plaisant sans avoir d'attrait particulier ni pour son univers ni pour son personnage principal qui ne m'a pas énormément intéressé et à qui il arrive exactement tout ce que nous promettent les premières séquences. Le film traine un peu selon moi, c'est pas très surprenant, certaines situations sont récurrentes, c'est long sans qu'on s'ennuie.

J'ai beaucoup aimé Pauline Etienne par contre, qui dégage une beauté étrange de plus en plus forte au court du film. En revanche je ne comprends pas trop son comportement de fille capricieuse pendant la séquence aux Etats-Unis, elle devient carrément antipathique à ce moment là.

J'aurai bien aimé aussi qu'on en sache plus de sa relation avec Stan, qui apparait assez plate comme ça. C'est intriguant quand même ce parti pris de l'avoir mis autant au second plan, il pourrait carrément ne pas exister, il ne se passe jamais rien avec lui...

Typiquement le genre de films qui risque de se dissiper rapidement dans ma tête sans qu'une séquence en particulier s'y dégage et marque mon esprit. Hormis peut être les retrouvailles avec son ex à New York, la séquence est bien chouette et j'aime bien l'idée que Mia Hansen-Love se refuse tout pathos directement via son personnage qui a une attitude très droite et bienveillante à ce moment là. Je trouve que c'est un passage très réconfortant mine de rien.

3/6


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MessagePosté: 27 Nov 2014, 20:50 
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Moi qui avait beaucoup aimé les deux précédents, là je n'ai pas trop retrouvé la sensibilité et la délicatesse du cinéma de Mia-Hansen Love. On a l'impression que l'ambition qu'elle s'est fixée l'a un peu dévorée et qu'elle n'a pas très bien su gérer les temporalités, les ellipses tout simplement la narration de son scénario. Déjà l'erreur c'est de dire dans le pitch que l'on va faire revivre l'histoire de la French Touch. Le film ne fait rien revivre du tout et échoue totalement sur l'aspect historique. A part les Daft Punk on n'apprendra rien sur ce mouvement, sur son évolution etc... Ce n'est même pas raté, ce n'est tout simplement pas pris en charge par le récit.
Du coup il reste la trajectoire de ce personnage Paul, prototype du mec "ciné français" mollasson inexpressif pas aidé il faut le dire par son acteur, Félix de Givry, très médiocre qui semble en permanence sous-jouer, qui articule pas, qui est pas bon quoi. Et sa trajectoire est racontée par des petits épisodes pas forcément déterminants qui ne nous aide pas tellement à le cerner, à le construire en tant que personnage. On le voit naviguer d'une soirée à l'autre, d'une fille à l'autre sans trop savoir ce qui s'est passé entre les deux, sans trop comprendre. Cet aspect elliptique aurait pu être réussi car on perçoit à de fugaces reprises cette impression d'un homme qui semble passer à côté de sa vie avec toute la tristesse et la mélancolie qui va avec.
Même la BO est peu marquante finalement. Les meilleurs moments musicaux seront assez ironiquement attribués au Daft Punk comme si Love elle-même reconnaissait que leur succès est bel et bien mérité. A côté le frérot et son copain font une soupe disco de boîte assez peu convaincante (mais je l'admets je n'y connais rien).

Donc oui c'est bien raté malgré quelques moments où quelque chose s'accroche un peu (l'ami dépressif, Macaigne le seul à être vraiment bon [scène géniale sur Showgirls], une scène de danse nocture de Golshifteh) mais tout cela est beaucoup trop évanescent, beaucoup trop inégal et comme dit Mickey plus haut, aucune scène ne restera en tête. Décevant quoi. Espérons qu'elle revienne à quelque chose de plus intime car c'est évident que c'est là que réside son talent, dans l'intime.

2/6

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MessagePosté: 08 Jan 2018, 13:15 
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Mais quelle épreuve ce film putain.

C'est incroyable de faire aussi peu de choix que ça. On se tape toutes les scènes "passage obligé", rien n'est jamais ellipsé ou suggéré (
à part, et c'est une respiration salutaire, la séparation du duo
), tout est montré platement, chronologiquement, rien ne vit, c'est tragiquement terne. J'ai eu envie de
me foutre sous le métro moi aussi.


Pourtant l'usage de drogue et la musique électronique sont des matériaux qui peuvent inspirer, et qui ont été magnifiés au cinéma auparavant. Même la trajectoire du personnage principal aurait pu être intéressante, si les personnages avaient été ne serait-ce qu'ébauchés. Que dalle ici. Le pire est probablement l'absence totale de complicité entre les deux membres du duo, et entre Paul et la meuf avec qui il passe le plus de temps de métrage (
Louise
). Du coup les micro-évènements qui jalonnent la vie de ce pauvre type ne soulèvent jamais la moindre émotion, faute d'empathie avec quiconque, sauf peut-être avec le personnage de Macaigne, secondaire mais qui est d'un tel naturel qu'il semble ne pas jouer (d'accord avec Art Core donc).
Grosse déception que la musique aussi, à l'exception des "Daft Punk moments" et d'un ou deux morceaux.

J'étais chaud pour découvrir ce bateau de la musique électro que j'ai un peu raté dans les 90ies, avec ses raves clandestines et son ambiance de transe, et à part le sous-marin et l'endroit avec les tunnels là, c'était pas très électrisant. Enorme manque aussi : on voit très peu les mecs composer, ou même sampler, assembler. On reste à la porte de leur art, et on peut donc tranquillement continuer à les considérer comme des pousseurs de boutons sans génie. Dommage.

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MessagePosté: 08 Jan 2018, 13:45 
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Vu il y a trop longtemps pour contre-argumenter en détails mais j'ai bien aimé. Le film arrive à créer chez moi une atmosphère de spleen assez séduisante. Tout ce qui a trait aux Daft Punk me fait vibrer.


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MessagePosté: 08 Jan 2018, 13:51 
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Souvenir d'un truc assez ennuyeux, qui n'exploite aucune de ces thématiques (historique ou artistique).


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MessagePosté: 08 Jan 2018, 15:46 
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Abyssin a écrit:
Vu il y a trop longtemps pour contre-argumenter en détails mais j'ai bien aimé. Le film arrive à créer chez moi une atmosphère de spleen assez séduisante. Tout ce qui a trait aux Daft Punk me fait vibrer.
Pareil qu'Abyssin, j'avais pas compris le rejet suscité par le film. Il y a quelque chose de doux, planant et mélancolique, et les apparitions ponctuelles des Daft Punk qui parsèment le film donnent une légère amertume LlewynDavisienne.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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Dernière édition par Qui-Gon Jinn le 08 Jan 2018, 16:19, édité 1 fois.

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MessagePosté: 08 Jan 2018, 16:02 
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Bizarrement j'en garde un meilleur souvenir que mon avis et ma note plus haut.

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MessagePosté: 08 Fév 2018, 02:51 
Cela ne m'a pas déplu. Bien supérieur à l'Avenir. Cela fait penser à Desplechin, mais en plus sec et factuel. Cependant tous les personnages sont défendus (et cette défense est le mouvement qui ancre le film dans le réalisme en l'éloignant de l'effet littéraire). L'acteur et Pauline Étienne sont en fait plutôt bons.
Le regard sur le couple me semble plutôt juste (très bonne scène avec la confrontation entre le personnage central et le compagnon de Greta Gerwig). Il est aussi logique que le personnage de Macaigne soit célibataire (c'est une sorte de moine ou de prince-évêque du milieu, défini uniquement par son pouvoir).
J'apprécie le mélange entre mélancolie et humour discret, volontaire ou non (la scène de la radio avec le surjeu à la fois calculé et bienveillant des animateurs, la rue de 1992 composée quasi exclusivement de Séries 5 BMW).
Regard sur l'époque assez proche de 120 BPM, mais en plus désespéré et bourgeois.

Sur un angle personnel, je suis content d'avoir compris, enfin, à quoi pouvait bien servir la barge en forme de sous-marin ancrée depuis des années le long de la Deule, dans le port de Lille ! Par contre à l'époque je croyais que "Respect is Burning" était un slogan lié à Act Up et au combat contre le racisme, cela m'a un peu déçu d'apprendre que ce n'était "que" ça.


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MessagePosté: 11 Fév 2018, 14:35 
Sinon, il y a quand-même plus qu'une ressemblance, à la fois formelle et narrative (la situation du personnage à la fin), entre la fin (que j'ai trouvée assez belle) et Patterson de Jarmusch, avec le poème en incrustation ? Les deux films partagent d'ailleurs une actrice.
Je crois que le sujet du film est plus la rupture amoureuse que la musique ou l'époque (le personnage accumule les liaisons en restant obsédé par la première, qui est d'ailleurs l'ex de son meilleur ami décédé, et ne comprend sans doute pas pourquoi il l'investit autant).


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MessagePosté: 11 Fév 2018, 21:52 
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Surpris de ta remarque j'ai revu la fin, dont je ne gardais aucun souvenir.
C'est vrai que c'est assez beau, le coup du tableau velleda, le poème, la danse.Quand on doit pas se fader les 2h pénibles qui précèdent, ça passe assez bien je dois dire.
Et effectivement, ça parle de deuil, de rupture et de désillusions, qui sont la même chose.

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MessagePosté: 12 Fév 2018, 00:23 
En fait je l'ai vu en deux temps, d'abord les premières 80 minutes, un peu pénibles, même si intéressantes, puis quelques jours après le dernier 3/4 d'heure
à partir de suicide du personnage de Kolinka, puis la relation avec Louise qui explose -sans doute un des objectifs intentionels du suicide-, le groupe qui se délite plus lentement, le personnage de Golshifteh Farahani dans le rôle ingrat de bouée faussement joyeuse passée complètement à l'as, les deux ex qui reviennent chacun vers leur mère pour trouver un nouveau départ
. Je m'attendais à souffrir, mais cela m'a beaucoup plus touché, il y avait une dimension un peu rohmérienne, en moins littéraire.
Dans les bonus du DVD, on voit qu'Hansen-Love a coupé deux longues scènes sur le couple Cyril/Louise situées à ce moment charnière, qui avaient un côté "Zulawski chez les défaillants de la fac", en rupture étonnante avec le reste du film.

Ceci dit se taper successivement Greta Gerwig, Pauline Etienne, Laura Smet, Golshifteh Farahani (ainsi que la brune de la fin) et finir par retourner chez sa mère en se roulant par terre et hurlant comme un putois, c'est, techniquement, un peu se foutre de la gueule du monde.


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MessagePosté: 24 Avr 2018, 11:44 
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Mon premier Mia Hansen-Love (que j'ai croisée samedi dernier devant le jardin des plantes) et il ne m'a pas déplu non plus, notamment grâce à ses touches d'humour léger dont parle Gontrand (les Daft Punk qui se font refuser à l'entrée des boîtes ou dont le succès jure avec leur manque total de charisme, Paul qui fait des remarques sur la drogue dès le matin ou qui se ruine en champagne pour Laura Smet, ses conquêtes qui lui prennent un t-shirt, le personnage so cliché de Greta Gerwig, etc).
Le film m'a aussi fait penser à Desplechin, avec cette ambition de peindre un portrait de groupe sur le long terme, avec des djs plutôt que des faqueux à la noix. On gagne plutôt au change car, quoiqu'on pense de la French Touch et de ses sous-produits, elle a eu un impact dont peuvent seulement rêver les cuistres de Desplechin. L'argument est étrange mais la présence des Daft Punk en arrière-fond permet tout de même de suggérer un phénomène moins dérisoire que ce qu'on pourrait penser.
Un point encore à ce sujet, Hansen-Love ne tranche pas tout à fait : Paul, en choisissant de devenir dj, tire un trait sur un destin de héros à la Desplechin (la lettre en voix-off, ridicule, de sa prof de fac), pour finalement revenir aux ateliers d'écriture et aux ambitions littéraires. Il n'a que 34 ans, sa vie n'est pas tout à fait gâchée.
Le problème, et il a déjà été pointé du doigt, c'est que le film pêche par son impressionnisme et son étroitesse. Tout est balayé du regard, la geste héroïque, avec sa nécessaire redescente, finit par devenir ou médiocre, ou fade, au choix.
Le personnage torturé, représentant le spleen du groupe, finit par se suicider et eut-être aurait-il fallu insister sur ce personnage qui est triste pour les autres, sans nécessairement qu'il se suicide, quand bien même c'est ce qui se produit dans la vie.
Le film est trop long par ailleurs, avec des scènes de l'ordre du clin d'oeil qui ne me plaisent pas (Macaigne qui défend Showgirls).
Une précision concernant Laura Smet : Paul ne se la tape pas, mais la poursuit pendant trois ans, se contentant de dormir avec elle.
Ce qu'on a du mal à croire.


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MessagePosté: 24 Avr 2018, 12:11 
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bmntmp a écrit:
Mon premier Mia Hansen-Love (que j'ai croisée samedi dernier devant le jardin des plantes)

Bientôt tu pourras porter le t-shirt :

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MessagePosté: 24 Avr 2018, 12:48 
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bmntmp a écrit:
Mon premier Mia Hansen-Love
Regarde absolument Le père de mes enfants. Son meilleur.


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MessagePosté: 24 Avr 2018, 15:34 
bmntmp a écrit:
Le personnage torturé, représentant le spleen du groupe, finit par se suicider et eut-être aurait-il fallu insister sur ce personnage qui est triste pour les autres, sans nécessairement qu'il se suicide, quand bien même c'est ce qui se produit dans la vie.



Oui, en effet, mais il est inspiré de Mathias Cousin.

Sinon, Daft Punk je m'en fous un peu et j'ai été content que cela reste au second plan. C'est plutôt la description de rapports de couple délicats et cahotiques sans que l'on ne comprenne bien pourquoi et buttant sur un point aveugle qui m'a touché.

Je trouve aussi assez réussi l'angle du film : à force de penser le rapport au monde à la fois en terme de reconnaissance (artistique) et d'invisibilité (en croyant faire de cette invisibilité une signature), le personnage vit continuement comme un fantasme et une image ce qu'il est déjà (un artiste), sans s'aperçoir qu'il est complètement coupé de ce à quoi il ressemble (un jeune bourgeois anonyme et installé), jusqu'à l'overdose et l'explosion du cocon.


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