Forum de FilmDeCulte

Voilà un film qui ne pouvait que me plaire, brossant mon côté misanthrope dans le sens du poil. Mantovani, canonisé par le Nobel de littérature, n'écrit plus un seul livre pendant 5 ans, fuit les invitations qui lui sont envoyées de par le monde, mais décide d'accepter la remise du titre de citoyen d'honneur de sa ville natale, ville dans laquelle il n'a plus remis les pieds pendant 40 ans. Une fois arrivé sur le sol argentin, filmé de manière pseudo-documentaire (vidéo et caméra portée, l'un des bémols que j'aurais sur le film, pas convaincu que ce format soir le mieux adapté à cette comédie satyrique) on va suivre les 4 jours (au planning très chargé) qu'il doit passer dans la petite ville de Salas. S'enchaîne des scènes à l'humour grinçant, forçant le trait d'une population à moitié attardée, qui ne sont pas sans rappeler le style d'un certain cinéma italien des années 60/70 qui n'hésitait pas à caricaturer grossièrement la bêtise ou la méchanceté de ses congénères (on peut penser à Risi, Ferreri ou Monticelli, au choix). Et tout comme la comédie italienne, ça fait souvent mouche ici. Du notable qui n'accepte pas que l'on renie ses qualités de (piètre) peintre à l'ami d'enfance qui jalouse Mantovani pour la relation qu'il a eut avec sa femme 40 ans auparavant en passant par le maire et la mise en avant électoraliste de chacune de ses actions, Cohn et Duprat semblent régler leur compte avec la médiocrité et l'auto-satisfaction ambiante d'une population qui préfère crier haro plutôt que de remettre en question ses certitudes et son mode de vie. Pas uniquement méchant et caricatural, je trouve que le film à quelque chose de très juste dans sa description de la bêtise humaine, n'épargnant personne pas même le Nobel, qui bien que cultivé et critique n'en est pas moins décrit comme un personnage vaniteux et cynique (voir le final du film, que je trouve un peu facile et finalement faible).

4/6 et bien envie de rattraper les films de Cohn et Duprat que personne ne semble avoir vu ici.

J'y suis allé un peu par hasard, pour accompagner ma femme hispanophone et ça a été une excellente surprise. Il faut passer outre en effet une esthétique documentaire et une photo absolument dégueulasse (ça restera sans doute le film le plus laid de l'année) pour apprécier cette comédie très efficace et d'une rare cruauté. Alors qu'on passe le film à se dire qu'évidemment l'intellectuel qui retourne dans son village natal va finir par revenir à une humilité totale devant la gentillesse et la simplicité de ses anciens voisins, il n'en est absolument rien. Au contraire, les réalisateurs ne font que confirmer à quel point l'étroitesse de l'esprit de village, la petitesse de ces vies vécues sans se poser de question a quelque chose de délétère et pourri. En effet on peut penser aux comédies italiennes qui poussaient assez similairement la pourriture de la nature humaine dans ses derniers retranchements. Même si là on ne va pas aussi loin (quoique la fin va très loin), on reste dans quelque chose de très noir et qui déjoue un peu tout ce qu'on pouvait imaginer sur le sujet tout en restant d'une rare intelligence (le réceptionniste et ses nouvelles) et d'une belle mélancolie (l'auteur qui déambule dans la ville de son enfance mais là encore sans nostalgie [cette scène où il retourne voir sa maison d'enfance et se fait chasser]). L'acteur principal est exceptionnel. D'accord aussi pour la dernière scène que j'ai trouvé légèrement superflue. Mais c'est la meilleure comédie de l'année assez haut la main pour l'instant.

4.5/6

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CroqAnimement votre

Dommage que ce film ne rencontre pas un succès plus important (au moins ici, on n'est que 3 à l'avoir vu maintenant), il le mérite vraiment