Forum de FilmDeCulte

Nathalie est professeur de philosophie dans un lycée parisien. Passionnée par son travail, elle aime par-dessus tout transmettre son goût de la pensée. Mariée, deux enfants, elle partage sa vie entre sa famille, ses anciens élèves et sa mère, très possessive. Un jour, son mari lui annonce qu’il part vivre avec une autre femme. Confrontée à une liberté nouvelle, elle va réinventer sa vie.

Un peu déçu par ce film que je pensais aimer beaucoup plus mais qui m'a relativement ennuyé. On reconnaît cette manière (qui était exactement la même dans Eden) de dessiner un portrait toujours en creux en slalomant entre les figures déterminantes et les moments signifiants ce qui donne à l'ensemble un côté parfois un peu morne, sans sujet, sans structure et malheureusement sans émotions.

Une volonté de filmer simplement la vie de cette femme mûre, intellectuelle, bourgeoise, heureuse d'abord puis moins sûre de l'être par la suite, en grappillant des moments de ci de là, en tentant de dessiner une cartographie de qui elle est. Le problème est que comme souvent avec Huppert, je n'ai rien à lui reprocher, elle est même brillante, j'ai du mal avec son personnage, je ne peux pas m'empêcher de la trouver d'une froideur antipathique. Cela vient aussi sans doute du fait que malgré tout, le film représente un microcosme parisien-intello-bourgeois hors duquel il a un peu du mal à exister (même si on sent qu'Hansen Love tente d'injecter un peu d'humour et d'ironie à travers les personnages de ses enfants et de sa mère fantasque). Un monde où l'on enseigne à Henri IV, où l'on part en vacances dans la maison de famille en Bretagne, où l'on habite un bel appartement parisien tapissé de livres. Une forme de caricature d'une catégorie socio-professionnelle très cinéma français à laquelle j'ai un peu de mal à adhérer.

La réalisatrice libère un peu sa mise en scène, tente des choses, des plans plus vivants, plus dynamiques. Le montage se fait parfois un peu fiévreux sans qu'on sache trop pourquoi, ça ne fonctionne pas toujours (une scène de café au début bizarrement montée, qui casse l'axe en plein milieu sans raison). Le plan final est très beau par contre.

Il reste de très beaux moments, quelque chose de la vie très évanescent et poétique. Quand Huppert est seule dans le cadre que ce soit une sieste aux Buttes-Chaumont avec des copies qui s'envolent, que ce soit sur une plage bretonne pour trouver du réseau, que ce soit dans le vercors, allongée dans un champ pour lire un livre. De sublimes tableaux sensibles et impressionnistes. Dommage que le reste m'ait plus ennuyé et semblait ne pas vraiment me concerner.

3/6

_________________
CroqAnimement votre

Putain, l'affiche...

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

c'est un film de post-cougar ? La question est sérieuse (affiche+synopsis).

Non pas du tout, justement le synopsis est assez mensonger puisque la rupture avec son mari intervient assez tard dans le film et n'est pas du tout le sujet. Et tout ce qu'on peut imaginer de l'après (redécouverte de sa sexualité, du sentiment amoureux) n'est absolument pas dans le film.

A part une scène très bizarre


D'ailleurs autre bizarrerie le film se déroule durant la période de la présidence de Sarkozy.

_________________
CroqAnimement votre

Impression a-priori qu'Isabelle Huppert n'avait déjà joué le même personnage et les mêmes situations il y a 4-5 ans dans "Villa Amalia" de Jacquot (qui n'était d'ailleurs pas si mal).

Tiens, ce serait pas la typo des "Cahiers du Cinéma" ça? On dirait une de leur couverture.

_________________

Un peu.
Un Huppert movie type, Villa Amalia avec moins d'urgence et un poil d'humour vachard froid, quelque part entre Hong Sang Soo et Jeanne Labrune. Le film essaye de se payer le groupe de Tarnac 10 ans après que tout le monde l'ait oublié. Par contre en effet il y a la scène la moins #balancetonporc du monde (mais qui arrive malgré tout à ridiculiser le type), assez etrange, comme sous texre explicatif de Copie Conforme de Kiarostami. A vrai dire le film n'a pas de point de vue sur ce qu'il montre, il s'identifie complètement au nihilisme déprimé et goguenard du personnage. Les étudiants sont simplement cons d'avoir des idées politiques de gauche et minoritaires, les parents sont doublement cons d'être bourgeois, et d'avoir été etudiant, seul le manque affectif des enfants est neutre au pointcde vue du jugement et ontologiquement neutre.
Impression que les acteurs sont un peu en roue libre ou en pilotage automatique (et parlent tout seuls) .
Par exemple on voit l'ado qui joue dans "Parents mode d'emploi" quelques, secondes, mais dans un rôle si téléphoné qu'il est mauvais, alors que dans la serie de France 2 il a une présence. Les scenes de cours de philos sont aussi décevantes (mais consistantes avec l'idée que le personnage d'Huppert a décroché bien avant le film, dans un monde qui s'est delité et progressivement rétréci, une crisedont on ne raconte que les derniers spasme ou la prise de conscience qui l'achève, mais qui est statique).
Etonné que cela ait reçu le lion d'argent, à mon avis l'aspect plat refroidi du film est moins sensible à l'etranger où le film capitalise sur le nom Huppert, et sur la bonne réception de Elle de Verhoeven.
Dans des eaux proches, le dernier Claire Denis est meilleur (mais évacue le rapport de Binoche à sa fille, certes, alors, que c'est là le plus intéressant du film).