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MessagePosté: 27 Fév 2006, 20:02 
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sortie le 17 mai

3+/6

CAT PEOPLE


Il y a quelques mois de cela paraissait dans le magazine Mad Movies une courte mais enthousiaste preview du premier film de Djibril Glissant. S’y dévoilait un long métrage fantastique français qu’on prédisait intelligent et dynamique. Aujourd’hui sort donc L’Eclaireur. Et force est de constater que les intentions sont globalement restées à l’état de promesses. Difficile, pourtant, de définir exactement ce qui coince, dans cette histoire de possession féline: bien entouré par un casting apparemment impliqué (on passera sur la très faible prestation de Romane Bohringer pour retenir surtout le formidable Jackie Berroyer, ahurissant de naturel dans un rôle très éloigné du psychopathe de Calvaire, ainsi qu’un Grégoire Colin révélant une facette inhabituellement habitée de son art) et de techniciens pas manchots, Glissant manque pourtant sa cible. Tout du moins celle qu’on lui prédestinait; celle d’un traitement naturaliste, appliqué à une trame classique de super-héros. Découverte des pouvoirs, maîtrise plus ou moins aisée de ceux-ci, renoncement, puis retour façon boomerang du destin en pleine face. Et logiquement, obligation au final, "with great power", d’endosser "great responsibilities"…


WHITH FRENCH POWER COMES FRENCH RESPONSIBILITIES


Si L’Éclaireur bande effectivement cet arc, le problème vient sans doute de ce qu’il s’y attelle armé avant tout de sa conscience de s’y atteler. Trop intellectualisée, la trame s’alourdit dès lors d’une symbolique par trop appuyée et d’obscurs et empesés bavardages ésotériques, mettant du même coup en berne toute possibilité d’identification au héros. En cela antithétique d’un Spider-Man, étourdissant de griserie spectaculaire, L’Eclaireur brille finalement davantage de ses à-côtés très franco-français que des aspirations universalistes de sa fable, reléguant les galipettes yamakaziennes au rayon déco. En somme, et sans doute à son corps défendant, c’est plus un assez doué peintre d’une certaine réalité sociale (les turpitudes estudiantines de Berroyer et Colin, une belle séquence de théâtre moderne ou encore les reliefs sensibles d’une histoire familiale lacunaire) qu’on découvre en Glissant, qu’un nouvel héraut du cinéma de genre à la française, façon Valette, Aja ou Boukhrief. Chacun décidera à sa guise s’il faut y voir là un mal.


http://www.filmdeculte.com/film/film.php?id=1347

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Dernière édition par Zad le 18 Mai 2006, 18:49, édité 1 fois.

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MessagePosté: 28 Fév 2006, 10:25 
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tu dis que c'est à voir, une semi-réussite donc comme Sheitan pour le cinéma de genre français.
Ce sont les mêmes producteurs que ceux de Renaissance, et c'est un vieux projet qui date déja de 5 ans; la première fois que j'en ai entendu parler c'était avec Emma de Caunes, apparement ils ont changé de sexe le rôle principale (pour se détacher de La Féline de Tourneur?).


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MessagePosté: 28 Fév 2006, 13:57 
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sheitan est plus jouissif. Là, on sent que Glissant a un petit quelque chose, dans la direction d'acteurs, dans la justesse des relations entre les personnages. C'est l'aspect fantastique, trop intellectualisé, qui selon moi pêche un peu. Beaucoup risquent de trouver ça trop bavard...

mais y'a un truc qui donne envie d'en voir davantage, d'attendre son prochain film. Et Berroyer est génial. Par contre carton rouge à Bohringer.

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MessagePosté: 28 Fév 2006, 15:13 
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voui, je l'indique d'entrée de jeu la date de sortie, hein...

sinon, Valette, c'est Eric Valette, monsieur Maléfique.

tu as vu l'éclaireur, donc? tu en as pensé quoi exactement (une note p-ê?) ?

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MessagePosté: 18 Mai 2006, 18:51 
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eh beh, pauvre film : prêt depuis des lustres (le film est daté 2003!!!), sortie reportée de plusieurs mois, pour sortir finalement n'importe comment, dans l'ombre et seulement cinq copies France dont une seule salle à paris... Des fois, vraiment, je me demande comment fonctionnent les distributeurs...

Espérons que Glissant pourra quand même monter un deuxième film après un tel flop auto-programmé...

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MessagePosté: 18 Mai 2006, 19:07 
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Léo a écrit:
un cinéma français qui n'avait pas envie de se coltiner ses sujets ("Les revenants" de Campillo,


au passage, je reviens là-dessus, j'avais pas capté à l'époque où tu avais posté ce message : autant je te suis tout à fait pour Bambi et Lemming, autant je ne pige pas l'exemple du Campillo. On peut reprocher tout ce qu'on veut aux Revenants (froideur, notamment), que personnellement j'adore, mais pas de ne pas se colleter frontalement avec son sujet. Au contraire, c'est ce qui impressionnait dans ce film : sa capacité à se tenir vraiment à son pitch : les morts reviennent, qu'est-ce qu'on fait d'eux?

Je matais l'autre jour le premier épisode des 4400 et j'ai immédiatement pensé au film de Campillo, à qui j'ai forcément donné l'avantage. La série passe à mon sens totalement à côté de son sujet en ce qu'elle ne parvient pas à prendre à bras le corps le thème du collectif et se sent obligée de s'en tenir aux règles classiques de dramaturgie, qui impliquent de limiter le nombre de personnages. Du coup, la série traite son sujet en s'attachant aux cas individuels, alors qu'il s'agit d'un problème de collectivité. Lorsque les 4400 revenants sont relâchés en pleine nature, la question se pose et on nous dit seulement "le gouvernement s'engage à leur verser une pension et à les aider". Et c'est tout! Là, on passe à côté du sujet, totalement. D'autant plus qu'on n'a que deux enquêteurs chargés de l'enquête... Du coup, on n'y croit pas, on a l'impression désagréable que pendant que les scénaristes se penchent sur les cas individuels, les autres revenants sont mis en pause, n'évoluent plus.

La force du Campillo, justement, c'est de se mettre à l'échelle de la Cité. Non pas que l'individualisation ne puisse pas fonctionner narrativement, Romero l'a démontré : mais pour nous dire, justement, que l'individualisme ne marche pas. Ses revenants marchent en bloc et c'est eux qui gagnent, parce qu'ils sont solidaires. Campillo retourne le problème et demande : comment faire pour vivre en communauté, tandis que Romero prend acte de l'impossibilité --- du moins pour l'être humain --- de cette utopie... Tandis que ses zombies, pour monstrueux qu'ils puissent paraître, en sont, eux, capables! Ils ne s'entredévorent pas...

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MessagePosté: 18 Mai 2006, 19:57 
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Léo a écrit:
Oui, c'est vrai.
Ma remarque, en fin de compte, valait essentiellement pour "L'éclaireur", qui devrait être un film très sexué et qui utilise le fantastique pour se détourner de la sexualité.

Par contre, c'est vrai que le cinéma français se heurte toujours, pour le meilleur et pour le pire, à son obsession du traitement naturaliste du fantastique (un autre exemple récent: "De particulier à particulier" de Brice Cauvin). En ce sens, "Les revenants" est un parfait exemple.

Je n'ai pas de souvenir précis du film de Campillo, que je n'avais pas du tout aimé. Mais il me semblait qu'une fois posée la situation, le scénario n'avançait pas. Alors j'aurais du mal à chanter les louanges de son récit, comme toi, même si je trouve qu'effectivement "Les 4400" sont une série affreusement statique.

Et surtout, il me semblait que dans "Les revenants" il n'y avait pas de fin, pas de résolution. Comme dans "L'annulaire" (autre film français vaguement fantastique) qui parle de ce qu'il y a derrière la porte pendant deux heures, et qui s'arrête quand on ouvre la porte sans nous montrer ce qu'il y a derrière.

Je trouve que le cinéma français ne sait pas "résoudre le fantastique" (je dis le fantastique mais c'est le plus souvent "l'étrange"): Les revenants, Bambi, La moustache, De particulier..., Lemming, L'éclaireur, tout finit en queue de poisson.


une fois de plus, d'accord pour tous tes exemples (quelle purge, l'Annulaire! --- je n'ai pas vu De particulier à particulier, mais je te crois), sauf les Revenants, que je t'engage à revoir. Perso, sa fin ne m'a pas choqué : on ne disait justement pas, comme dans Lemming ou La Moustache, "mais tout ceci était faux". On refermait la fable, sans la nier, sans la dénaturer. C'est arrivé, c'est bien arrivé, qui sait si ça ne se reproduira pas, et désormais tout a changé. Il va falloir vivre avec ce souvenir, peut-ête prévoir des modifications dans la Cité au cas où ça se preproduirait. Et, pour tout le monde, des convictions ont été chamboulées sur ce que signifie mourir.

C'est passionnant : c'est prendre acte que le fantastique peut survenir et qu'une fois que le fantastique est survenu, il fait partie du monde. Ce qu'on retrouve en somme dans le dernier Romero, qui se situe dans une société où les zombies sont un fait admis.

Enfin bref, j'adore ce film, même si je pense qu'il aurait gagné à être un poil plus "incarné", sans mauvais jeu de mot. Plus de chair, moins de froideur, et je montais mon 5/6 d'un point :wink:

sinon, bon exemple de film français "vaguement fantastique", comme tu dis, mais qui tient debout et s'assume sans se renier : les excellents Invisibles de Jousse.

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MessagePosté: 18 Mai 2006, 20:28 
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Léo a écrit:

Mais il me semblait que la direction d'acteur était affreuse. Et aussi que Géraldine Pailhas était salement maquillée, qu'elle était laide, alors que c'est quand même une jolie fille...


voui, c'est ce que j'appelle le manque de chair, la froideur... Il y avait parfois un côté mécanique dans tout ça (faut dire qu'un conseil municipal... bah c'est pas très sexy à filmer...). Mais le fond avait pris le dessus, chez moi.

Et puis, j'aimais bien, aussi, ce côté provincial. On a l'habitude dans les "films-catastrophes", pour faire super-large, de se trouver dans une grande ville et les politiciens doivent prendre des méga-décisions qui engagent la patrie, etc. Là, on était dans un contexte municipal, avec ce que ça implique de modestie de moyens. Et ça collait bien avec l'économie du film, il n'y avait pas de déséquilibre entre les ambitions et les moyens.

Léo a écrit:
Sinon, pas vu "Les invisibles".


c'est un superbe essai, parfois un peu maladroit, souvent par manque de moyens, qui bénéficie d'un travail sonore absolument remarquable et qui paye son tribut à Lynch de fort jolie manière. Et qui, pour le coup, assure côté direction d'acteurs. Lucas, justement, y incarne p-ê son meilleur rôle de la veine dont tu parles (son autre meilleur rôle étant, pour moi, Calvaire).

Léo a écrit:
Quand on y pense, c'est marrant comme Laurent Lucas est convoqué à chaque fois qu'on a besoin de "faire "étrange" (Lemming, Les invisibles, De particulier à particulier, Bambi, Dans ma peau).


ouais, c'est assez étonnant. Il est un peu le seul a dégager cette aura, c'est compréhensible. Collin, par ex, dans l'Eclaireur, est moins "étrange". Perso, je suis persuadé que Mathieu Demy pourrait s'aventurer dans ces terres, mais apparemment, soit on lui propose pas, soit ça le branche pas. Pourtant, dans Banqueroute, ou dans Le silence, il en donne un aperçu assez convaincant...

Tiens, tant que tu parles de Dans ma peau, voilà un exemple absolument bluffant et jusqu'au-boutiste. J'ai hâte de voir le deuxième film de De Van.

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MessagePosté: 18 Mai 2006, 20:53 
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Léo a écrit:
"Dans ma peau", oui, j'aime beaucoup ce film. Mais c'est pareil, c'est fort au début et après on ne sait pas où ça va, du coup ça traîne en longueur (interminable scène de repas...)

Tu connais le projet du deuxième film de De Van ?

"Ne te retourne pas": Emmanuelle Devos est, une femme qui change peu à peu d'apparence physique... jusqu'à devenir Béatrice Dalle. Le film est produit par Agat et devait se tourner au 2eme semestre 2006, mais je crois que le tournage a été repoussé.

Assez excitant, en tout cas.


yep, je suis au courant, et j'ai super-hâte : http://www.filmdeculte.com/news/news.php?id=2376

par rapport à Dans ma peau : perso, rien à reprocher, pour moi c'est un petit chef-d'oeuvre. La scène du repas (avec la main coupée) m'a bien remué... :wink:

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MessagePosté: 18 Mai 2006, 21:17 
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ah tiens, et tant que j'y pense, autre OVNI fantastique français, Dancing, étrangeté qui vaut le détour et qu'Arte diffuse ce soir tard dans la nuit. A ne pas manquer.

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