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MessagePosté: 27 Juin 2011, 14:21 
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La perfection esthétique. Chaque plan est un tableau. Un tableau en rapport avec son époque. Le film donne une vision quand même assez décadente du Grand Siècle (l'action se situe, en gros, entre 1750 et 1790). On y critique l'absurdité de la guerre, la vie de cour, la décadence de la noblesse...
Et pour une fois, on filme l'Europe. Et elle est belle, l'Europe. Ses paysages forestiers, ses châteaux, ses villages,... Tous sujets à de véritables compositions. Kubrick use et abuse des plans serrés qui finissent en panorama. A chaque fois ça marche.
Et puis il y a l'histoire, tellement bien écrite, rondement menée, avec cette voix off délicieusement cynique.
Cette destinée, ou on ne s'ennuie pas un seul moment, même si elle classique : ascension puis chute d'un nobliau de province qui se retrouve parmi les grands.
J'allais oublier un casting parfait et une direction d'acteurs parfaites.
Et l'utilisation de la musique (ici, principalement la Sarabande de Haendel, déclinée à l'infini).

Meilleur film en costume de l'histoire ? Assurément.

5.9/6 parce que ça manque d'ambition pour un Kubrick

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Dernière édition par elmomo le 28 Juin 2011, 08:04, édité 1 fois.

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MessagePosté: 27 Juin 2011, 14:27 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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elmomo a écrit:
ça manque d'ambition pour un Kubrick

:shock: T'es sérieux là?

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 27 Juin 2011, 14:28 
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Pas vraiment. C'était la touche troll.

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MessagePosté: 27 Juin 2011, 22:08 
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Citation:
Kubrick use et abuse das plans serrés qui finissent en panorama. A chaque fois ça marche.


Admirable démonstration du fait qu'un dispositif peut être utilisé encore et encore, avec grande émotion, s'il est suffisamment consistant pour rendre compte d'une idée-force. Kubrick hisse le cinéma au-dessus de la photographie.

Bon et puis ces zooms arrière, faut les réussir, au niveau de l'exécution.


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MessagePosté: 27 Juin 2011, 22:47 
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Ce film est une merveille de découpage de toute manière. Chaque plan, chaque raccord me tue le coeur.

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VADE RETRO - Une histoire du cinéma d'horreur


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MessagePosté: 29 Juin 2013, 22:36 
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Revu encore une fois, cette fois au cinéma (le grand écran renforcant l'expérience immersive). Toujours mon Kubrick préféré du fait de sa très grande puissance émotionnelle. Durant la séance, j'ai pensé que même si le film se déroule entièrement durant la période d'épanouissement du mouvement artistique néo-classique (2ème moitié du XVIIIème siècle), il est pourtant visuellement et thématiquement un chef d'oeuvre baroque. Visuellement, de par la priorité accordée au décor, sa tonalité esthétisante, marquée par le foisonnement coloré voire l'exubérance des contrastes. Thématiquement, car le thème baroque de la mort est très présent dans le film, de même que l'exposé de la vanité des hommes, l'alternance de la grandeur et de la misère, la morale fataliste (illustrée entre autres par la thème du jeu et du hasard, récurrent tout au long du film: l'existence se résume-t-elle un simple de jeu de cartes ?)

6/6

elmomo a écrit:
une vision quand même assez décadente du Grand Siècle (l'action se situe, en gros, entre 1750 et 1790)

Pas trop d'accord sur la vision décadente; je trouve que le film n'apporte pas de jugement sur l'époque ni même sur les personnages. Il laisse le soin au spectateur de se faire son propre avis en le confrontant à l'ambivalence des protagonistes; l'ambivalence: encore un sujet majeur du baroque. Et le Grand Siècle correspond au XVIIème siècle, pas au XVIIIème.


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MessagePosté: 30 Juin 2013, 13:19 
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Le film donne l'impression d'avoir été tourné au 18ème siècle, je suis d'accord pour le considérer comme le plus beau film en costume de l'histoire. Et aussi pour le considérer comme le film le plus sentimental de Kubrick, même si le film est très détaché, froid et distant; Kubrick nous donne une leçon de cinéma, mais aussi une leçon de morale et de moeurs. Le film est moraliste (et non pas moralisateur) dans le sens du (17ème et du) 18ème siècle. Kubrick capte l'ironie du siècle. C'est à dire non pas ce que l'on entend généralement aujourd'hui par ironie, à savoir une ironie galvaudée et cynique, mais une ironie de Maitre dans le sens Nietzschéen du terme. C'est à dire une ironie sans cynisme et sans ressentiments. Nietzsche considérait qu'il existait deux types d'ironie; la première, la plus courante et la plus répandue qui est une ironie de chien hargneux (ce sont ses termes) , remplie de ressentiments, de vanité (et d'amour-propre blessé), et le deuxième type, l'ironie socratique c'est à dire l'ironie de Maitre à disciple, l'ironie didactique, dont le but n'est pas la valorisation de l'égo dans la dépréciation de l'égo de l'interlocuteur, mais dont le but est on ne peut plus pragmatique; donner une leçon. Donner une leçon, c'est à dire une éducation sentimentale, morale et civique par le biais d'un récit d'apprentissage, à savoir l'ascension et la chute de Barry Lyndon. La voix-off du film, c'est à dire le narrateur, constitue l'ancrage de cette idée; nous spectateurs, élèves, disciples, écoutons sagement et humblement la leçon implacable et monocorde du Maitre ; Leçon de morale, de cinéma, mais aussi de rhétorique. Le point essentiel de Nietzsche était le suivant, l'ironie ,la vraie, n'est pas à la portée de n'importe qui. C'est tout un art, et à moins de s'appeler Socrate, Kubrick ou Nietzsche, il faut prendre garde avant d'oser s'y risquer. Parce que l'ironie est toujours une leçon, et qu'il y'a une différence entre recevoir une leçon de la part de Kubrick ou Nietzsche, et une leçon de la part de Tartempion. Tous cela pour dire que Barry Lyndon est bien sur un chef d’œuvre, mais aussi qu'il constitue la quintessence de l'ironie au cinéma. Ce n'est bien sur pas le seul film ironique, mais c'est l'un des rares à avoir les moyens de son ambition. Mis à part ça, visuellement, c'est aussi l'un des plus beau film de tous les temps. La lumière est incroyable.


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MessagePosté: 01 Juil 2013, 12:38 
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Schtroumpf sodomite
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Oui, l'ironie dont tu parles pourrait d'ailleurs s'étendre à toute la filmo de Kubrick.

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MessagePosté: 11 Aoû 2014, 19:02 
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JeanJacquesSchool a écrit:
Parce que l'ironie est toujours une leçon, et qu'il y'a une différence entre recevoir une leçon de la part de Kubrick ou Nietzsche, et une leçon de la part de Tartempion. .


Je connais quelqu'un qui a passé sa licence de philosophie par correspondance, et l'un de ses sujets d'examen était les liens qui existaient entre le cinéma de Kubrick et la philosophie de Nietzsche. Ca m'a fait penser à cette discussion.


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MessagePosté: 09 Avr 2022, 12:19 
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Si peu de messages sur le meilleur film du monde d'après le forum ?

Revu aujourd'hui et ce qui me frappe c'est que ça pourrait être un joli film un peu anecdotique mais Kubrick en fait un film immense et terriblement sensible. L'utilisation de la musique est juste merveilleuse, tantôt flottante, tantôt carrément écrasante.

Je suis allé voir par curiosité la filmo de l'acteur principal et c'est globalement une catastrophe... Il s'est jamais remis du rôle ?

6/6


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MessagePosté: 09 Avr 2022, 12:45 
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J'avoue, je l'ai revu il y a quelques semaines, c'est toujours aussi fort, mais j'ai flemmé à écrire un truc et voilà...

La dimension psychanalytique du duel final m'a sauté aux yeux (impossibilité à tuer la figure du père, magnanimité de cette dernière qui est reçue comme une humiliation).


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MessagePosté: 09 Avr 2022, 15:03 
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D'ailleurs j'ai du mal à comprendre le principe de ces duels, celui qui commence a un énorme avantage non ? Ou c'est si dur que ça de viser à 10m ?


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MessagePosté: 09 Avr 2022, 15:19 
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L'impertinent pertinent
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Mickey Willis a écrit:
D'ailleurs j'ai du mal à comprendre le principe de ces duels, celui qui commence a un énorme avantage non ? Ou c'est si dur que ça de viser à 10m ?


Stress, précision, recul de l'arme, enjeu de savoir qu'il faut pas le rater, tirer sur un homme, imaginer que l'autre c'est toi... Plus la détestation du père, la vengeance... Franchement je trouve que ça met la pression, et qu'on le ressent bien dans le film. C'est vraiment une scène incroyable...

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MessagePosté: 09 Avr 2022, 16:54 
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Déjà la dimension de l'honneur était prédominante, c'était un autre référentiel que pour nous autres.

Ensuite ça ne me surprendrait pas que la portée efficace soit de l'ordre de 10-20m à cette époque : calage de la balle avec un morceaux de tissu qui peut orienter la balle à sa sortie, et le canon est court ce qui doit augmenter la variabilité du tir...


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MessagePosté: 09 Avr 2022, 21:04 
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Je veux bien vous croire, n'empêche que ça m'a l'air d'un avantage quand même très fort qui se joue sur un pauvre pile ou face.


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