Ou Alexander Dovzhenko. Zemlya (Зeмля) en VO.
Dernier volet de la trilogie ukrainienne, avec Zvenigora et Arsenal.
Et il se trouve que ça n'a pas de topic...
Bon.
*** FOR YOUR CONSIDERATION ***
J'ai le choix entre un DVD crade français, et un DVD urkainien propre mais recadré...
Allons-y pour le crade.
La Terre, c'est d'abord l'une des plus belles ouvertures de l'Histoire du cinéma.
Ça se passe dans les herbes, et il y a quelques femmes, et quelques hommes, réunis...
... autour du patriarche entrain de mourir.
Qui est allongé dans le verger, sous les arbres, au milieu des pommes.
Mais soudain, au milieu de ses petits enfants qui en mangent, justement, il se dit qu'il aimerait bien en goûter encore une.
Alors il se redresse, la mange, devant sa famille qui attend.
... et puis il se recouche, et il meurt.
Alors évidemment, un film soviétique de cette époque, ça raconte forcément quelque chose en rapport avec le régime.
Ici, c'est l'histoire de la collectivisation des terres, entre le jeune homme qui veut utiliser les machines...
... et l'ancien qui ne veut pas.
Et de comment cela amènera au meurtre du premier.
Et donc, sans vouloir spoiler davantage, il faut voir La Terre.
Pour les prêtres fantomatiques qui, tels des messagers déchus, se présentent à la porte,
pour l'angoisse des humains face à la mort,
pour la procession païenne,
pour l'assassin qui hurle sa culpabilité à la foule qui s'en fiche,
pour la jeune veuve en transe, ivre de douleur,
Et pour la pluie qui retombe sur les pommes, quand tout est fini.
Alors certes, le jeune homme est communiste, le méchant est propriétaire, ça parle de kolkhoze et de planification... Mais je pense qu'au fond ça parle surtout de Dieu : pas du Dieu des églises qui se vident, mais d'un Dieu panthéiste, primaire. C'est un film de terre, de champs, de fruits, de chair, de seins lourds de lait. Et c'est aussi, accessoirement, le meilleur film de quarante ans de cinéma muet.
