Trois femmes sauvages, dans trois somptueuses voitures, kidnappent et droguent la petite amie d’un homme qu'elles ont tué. Elles se réfugient dans un ranch isolé appartenant à un vieil homme infirme qui vit avec ses deux fils...C'est pas la première fois que je suis surpris de voir un film-référence du cinéma bis 60' faire preuve d'une totale lucidité sur ce qui le travaille. Dès l'ouverture, une voix-off qui s'excite sur l'image de sa bande sonore, un montage confrontant filles, mateurs, et pognon : autant d'effets réflexifs qui me semblaient venir d'un regard postérieur sur la période (celui d'un Tarantino, par exemple), alors qu'ils sont en fait déjà une partie non négociable des films eux-même, à la base.
C'est pas pour "racheter" ces films bis que je dis ça, pour leur trouver des excuses : ils me conviennent très bien dans leur littéralité, leur crudité, leur absence de chichis. Et on est ici clairement dans un cinéma "d'exploitation" au sens où ça ne prend plus de fausses pudeurs, de détours, que ça ne s’embarrasse pas de l'habituel arsenal de raisons nobles (récit à péripéties, réflexion sur le corps, que sais-je...) pour excuser le spectateur de ce qu'il est
vraiment venu voir : une paire de seins. Le titre lui-même est programmatique (vitesse, fille, violence) jusqu'à sonner parodique. Mais là où j'ai peut-être eu trop tendance à considérer ce genre de ciné comme un grand cinéma
en puissance, dont la force viendrait d'abord du caractère bourrin de films impatients (force qui serait donc comme un dommage collatéral, "involontaire"), il y a tout compte fait un cinéma qui s'est sans doute tout aussi naturellement construit que les autres, qui fut tout autant abouti. Qui est certes un cinéma par nature élémentaire et sommaire, dans son besoin de littéralité et de lisibilité des enjeux qui le motivent, mais qui ne consiste pas pour autant (nuance !) en une maîtrise élémentaire ou sommaire de son art. Il part juste d'autres bases.
S'il y a de vrais défauts dans
Faster, Pussycat!, ils relèvent ainsi moins du potentiel Z de l'ensemble (son pitch de film porno, ses situations aburdes, le spectacle de ses poitrines gigantesques : tout ça, au final, est un point fort) que des entorses aux principes qui régissent la raison d'être du bis. Par exemple, les courses semblent assez l'emmerder, Meyer. Les scènes deviennent un peu aléatoires, peu lisibles, j'y perd le fil de la fascination qu'il a à filmer ses héroïnes. Car sur elles, il y a quelque chose de vraiment fort, cette façon de filmer ces corps du point de vue du gamin fasciné, comme de vastes territoires. Quand on a des images aussi efficaces que ça :
Un mec paralysé (qui peut de fait manifestement plus baiser), frustré, vieux, dans un face à face avec deux culs géants. Et une masse de muscles qui se rapproche du jeune corps immense qu'il a à conquérir... Je peux d'autant plus admirer ça que cet érotisme féminin, j'y suis insensible en soi (d'ailleurs, la question n'est pas
que là : le mec musclé est filmé exactement pareil. Ce qui prime ici c'est la toute puissance du corps et de sa vitalité, de sa puissance et de sa violence, sur toute autre chose - idées, morales, rationalité, etc.). Pas de nudité d'ailleurs paradoxalement dans ce film là, qui sur le schéma de base fonctionne d'ailleurs plutôt comme un film d'horreur (la confrontation à une Amérique rurale dégénérée, la mauvaise rencontre et le lieu isolé de la civilisation, les persos psychopathes et difformes, la jeune innocente qui doit traverser l'épreuve, etc).
Je me suis posé une question au début du film, et comme c'est le jour où Ozy m'a béni Teacher, je vous la transmet pour devoirs de vacances. Des filles, des voitures, des bagarres : c'est le programme affiché du film, donc, ce qu'il offre au spectateur pour le contenter. Et je me disais : en quoi au final est-ce différent d'une production Europacorp ? Qui va aller tâter exactement les mêmes boutons chez son spectateur pour le faire bêler de plaisir. Je sens bien que c'est différent, mais concrètement, aux racines mêmes de ce qui meut ces deux cinéma, cette différence elle tient à quoi ? Au fait que dans un des cas, on assume le but de l'entreprise ?
Vous avez trois heures.
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Voilà déjà une seule différence avec Europa...
