Forum de FilmDeCulte

D'abord il faut raconter l'histoire incroyable de ce film belge de commande, détourné progressivement de son but de propagande étatique pour devenir au fil du tournage, au contraire, un film décrivant la quotidien des travailleurs immigrés. Wikipedia le raconte assez bien, ainsi que ce à quoi ce film condamna Paul Meyer par la suite, et pourquoi ce film tua (ou presque) immédiatement la carrière de Paul Meyer : http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Meyer_(cin%C3%A9aste)

ensuite il faut parler du film, très étonnant, sorte de représentant improbable d'un néo-réalisme belge, mais aux accents disons bunueliens pour faire vite, on peut aussi parfois penser à Sicilia, un peu, pour cet italien de cuisines d'ouvriers, ce beau noir et blanc, ces percées de lumière dans le noir épais des mines du Borinage, ces très beaux dialogues, ce sens assez marquant du cadre et de la direction d'acteur, et ces moments assez incroyables...

la glissade sur le terril (qui se fait sur des sortes de couvercles métalliques et pas du bois, contrairement à ce que dit wikipedia) évidemment, montée en alternance avec ces panoramiques sur le Borinage ("disoccupazione "...) ; la bouleversante visite de la mine le dernier jour par l'immigrant italien ; la sublime et très simple toute fin crépusculaire, qui est tellement belle que tu as presque peur que Meyer fasse l'erreur de remettre un plan ensuite... Etc, etc.

Tout n'est pas parfait, il y a aussi le risque du folklore, que Meyer prend parce que parfois c'est évitable et ça paye (la séquence très forte des bonbons imaginaires). Mais parfois, ça marche moins bien, comme le bal du village et les contre-plongées sur les trognes.

Reste un film très surprenant, très rare, souvent capable de beautés insoupçonnables, très respectueux, très humble et d'une immense humanité (le générique d'ouverture, à ce titre, témoigne d'une reconnaissance envers les gens filmés telle que je l'ai rarement ressentie ailleurs, le texte en leur hommage est d'ailleurs très beau).

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Très envie de voir ce film - considéré ici comme totalement culte et pilier du cinéma belge.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"