Forum de FilmDeCulte

Lonesome en VO.



New-York, un 3 juillet. Jim est ouvrier, Mary est standardiste ; ils mènent sans se connaitre des existences solitaires et parallèles. Le Week-end arrivant, ne sachant que faire alors que leurs amis partent en couple, ils se rendent chacun à la plage...


C'est Les hommes le dimanche version ultra-mignonne, sans l’ambiguïté et le calme un peu fielleux qui feront l'année suivante le cachet particulier du film allemand. Bien que repiquant à L'Aurore (sa fête foraine, son orage), ce petit film cherche surtout l'effet champagne, feel-good movie avant l'heure qui se vit aussi comme une attraction : séquences parlées en insert, séquences coloriées, ludique des effets et surimpressions jusqu'à en être gavé, voire limite karaoké sur un passage... Ça pourrait être énervant si le film lui-même n'adoptait pas cette forme fête foraine. L'archaïsme habituel des tous débuts du cinéma sonore, qui peine souvent à établir un rythme solide, est ici neutralisé par une hystérie immédiate façon burlesque, où tout semble s’enchainer à l'accéléré, où le montage lui-même aborde son sujet comme un coffre à trésor dont il faut excaver toutes les inventions possibles.

La particularité de cette romance toute ronde, presque trop simple (béate dès le début, sans conflit, sans accident dramatique sinon celui qui ouvre le grand final) est qu'elle est plongée dans la foule. Ce couple est toujours transporté, séparé, réuni par les masses beuglantes en mouvement, et la gentillesse un peu molle des amants retrouve dans ce mixer visuel et sonore l'intensité de leur coup de foudre. Les seuls moments de pause sont finalement les trois séquences parlées, qui forment une sorte de chapitrage pas toujours heureux (dialogues trop explicite, trop niais, à part le premier peut-être).

Cette furie constante fait le meilleur du film, ce côté pastorale électrique, qui permet de réinvestir le quotidien moderne d'images plus fondamentales (la fuite de la demoiselle à travers l'avenue, dans la première partie, comme invitant le faune à la poursuivre, est la plus belle scène du film). Ça reste sans doute trop sucré pour réellement marquer une date, et un peu trop épuisant (la musique surexcitée qui ne s'arrête JAMAIS), mais à quelques égarements près le film est charmant, et la contemplation rêveuse de Barbara Kent, dont le rire solaire apaise régulièrement toute cette agitation, empêche l'ensemble de virer à la fantasie mécanique.


Le blu-ray : Comme d'hab Criterion contraste un poil trop (et forcément dans les scènes extérieures de jour ça s’aggrave), mais le boulot est là. Même si très granuleux, quelques fois bien rayé, le master a été soigné et tient vraiment la route (peu de coupes aux changements de bobines, par exemple), à quelques pleurages près sur la musique. Bref, édition solide.