Byōsoku Go Senchimētoru (秒速5センチメートル) en VO. Parfois sous le titre anglais, 5 Centimeters Per Second.
Deux enfants amoureux doivent déménager. En trois courts-métrages (enfants, adolescents, adultes), le film raconte l'histoire de leur séparation.
Kabob m'avait prévenu, je savais qu'il avait raison, bah voilà c'est officiel, je suis une pisseuse...
Ce film est très symptomatique : il est le résultat logique de toute une tendance qu'on a tous senti dans les anime japonais dès qu'on était gamins. Pour faire tenir des DA pauvres et torchés, pour faire vivre des images fixes, les studios ont développé un arsenal d'effets d'éclats, de flous de mise au point, de tremblements, préférant animer la lumière plutôt que les personnages eux-mêmes, jusqu'au clichissime reflet blanc qui frétille dans le noir de l'oeil... Mais j'avais l'impression, surtout sorti de la diffusion TV, que les réalisateurs savaient qu'il ne fallait justement pas en abuser. Que c'était la cerise confite sur le gâteau, et qu'un gâteau uniquement composé de cerises confite, ça se vomit.
Et bien voilà, on est arrivé à une génération de réals qui ont vu ça, qui ont assimilé ça, et qui offrent un film UNIQUEMENT composé de ça. Mais vraiment. Si on est généreux, on y voit une approche impressionniste, plein de petites touches, de petites sensations. Si on est implacable, on y voit du zapping et du remplissage. 5cm per second reprend tous les clichés et les assume : en fait, c'est plus simple, il en jouit. C'est le Michael Bay des anime romantiques japonais. Le mieux est encore de regarder la BA pour se faire idée :
Ça va évidemment plus lentement dans le film, mais à peine. C'est vraiment une longue bande-annonce d'une heure : on alterne les plans sur rien (les pieds, le panneau de circulation, le nuage là-haut), et la voix-off évidemment omniprésente se charge de faire le liant.
On dirait que je trouve ça atterrant dans le principe, en fait non. Dans l'idée c'est même un peu le type de film que j'aimerais bien voir émerger, si c'était pas fait n'importe comment. C'est de toute façon ma marotte, je vais faire mon gros lourd et me répéter : je suis convaincu que le cinéma mondial va vers ça, qu'on ouvre une ère de cinéma sensoriel, et que ce film pataud en est un signe de plus, aussi maladroit soit-il. Mais plus concrètement, le projet est pas inintéressant. Ça a beau reprendre absolument tout les clichés (l'été japonais et ses ados en émoi, le graaand ciel bleu et son nuage mental, la mégalopole immaculée et ses trottoirs noirs brûlants...), ça y va justement à fond, ça cherche tout ce que cette approche peut avoir de derniers retranchements. Dans quelques scènes notamment, j'ai été surpris de voir jusqu'où la logique pouvait aller, jusqu'où on pouvait porter cette approche à incandescence : le décollement de la fusée, les éoliennes nocturnes, la campagne neigeuse... Il y a du potentiel pour quelque chose d'ambitieux. Malheureusement, cette exploration se vautre tout aussi souvent tout dans un kitsch à faire pâlir Lovely Bones.
Mais au-delà, le gros problème, c'est surtout que ce film est une coquille complètement vide. Il n'y a rien dans le bide de ce film, ce qui fait que très, très, trèèèèès rapidement, ça devient nanarland. Le fait que l'animation anime tout sauf les visages, et que ceux-ci soient croqués avec mollesse, renvoyés au kawaï le plus impersonnel, est assez révélateur : les personnages n'existent pas, ils sont juste des supports à gémissements (pour elle) et chuchotements retenus (pour lui). Horrible. Il y aurait pourtant matière, en fermant les yeux sur le détail, à se faire embarquer, à s'identifier... Mais à l'image de la plastique du film, le récit n'a juste AUCUNE retenue. T'as envie de prendre le réal par les épaules et de lui dire : "putain mec mais regarde, tu te fais dessus, y en a partout, c'est dégueulasse". Rien à faire. Niaiseux à en crever. Et quand le clip final arrive (un concurrent à ta taille, Fréquence interdite), le film s'auto-achève. Ce qui fait que malgré les moyens déployés, l'ensemble ressemblerait limite à de l'anime érotique soft (il se passe absolument rien, mais c'est l'ambiance) qu'à un film de cinéma.
Dommage quand même, car il y a un projet qui pourrait être très motivant (et qui m'a assez motivé pour tenter la vision). Ne serait-ce que le pitch, qui méritait mieux que cette structure inutile en trois courts poseurs. A la limite si vous avez rien à faire, essayez, ça dure qu'une heure... J'aimerais dire "réal à suivre quand même", mais c'est tellement dénué de la moindre trace d'intelligence (qu'est-ce que c'est con, putain !) que je doute de le voir évoluer. Et je n'ai donc toujours pas de nom valable dans la nouvelle génération de l'anime japonais (Hosoda ?), et mon dieu qu'il serait temps.
Décollage. Décollement, c'est pour la rétine, devant un film de Michael Bay.
*Oué Tom, moi je te lis*
_________________ Nothing and no one can save you! Abandon hope now! Here's what you can do : 1. Admit you are a semi-evolved ape-thing mercifully ignorant of the sanity-blasting truths of the greater cosmos. 2. Die. 3. Rot.
Je suis entièrement d'accord avec ton avis Tom: ce film est une très belle coquille mais complètement vide, n'exploitant même pas ses quelques thèmes (le temps qui passe, la déception amoureuse) et se regardant comme on feuillette un beau livre d'images: on ne rentre jamais vraiment dedans, on le parcourt seulement.
on ne rentre jamais vraiment dedans, on le parcourt seulement.
Ouais voilà, un très très long teaser. Pourquoi pas pour la forme faite de micro-scènes, à la limite, mais l'ensemble n'est pas assez intelligent pour avoir une quelconque forme de patience, pour semer et laisser grandir (aucune résistance à l'émotion, tout dans l'effet immédiat, directement déversé comme on donne la becquée).
J'avais pas d'animosité particulière pour ce film mais le message de Tom m'a rappelé pourquoi je devrais le détester.
J'ai regardé pour la première fois depuis 2007 un épisode de One Piece. Une scène de baston qui fait exactement trois pages dans la BD fait 10 minutes dans l'anime. Ce film c'est la condensation tous les moments frustrants ou les animateurs économisent du budget en faisant attendre pendant des plombes un plan d'une demie seconde. Sauf qu'au lieu d'offrir des coups de pieds enflammés en récompense on a droit des petits lens flare photoshop. C'est déja insupportable dans un animé hebdomadaire fait a la va-vite pour profiter de l'engouement du manga, je ne trouve pas que ça devienne soudain "le miroir de l'intériorité des personnages" quand c'est appliqué à un film.
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