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MessagePosté: 09 Nov 2013, 01:06 
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Aan (आन) en VO.

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Dans l'Inde des maharadjahs, le Prince Samsher Singh et sa sœur, la fière Rajshree, usent de leur force pour asservir les villageois. Après l'avoir confronté lors d'un concours public, Jai, leader du village local, jure de faire d'elle sa femme.


De retour en lorraine et du boulot en retard, j'ai donc proposé à môman terrifiée de se lancer ça, le souvenir convaincu de l'excellent Mother India en tête. Je pense lui avoir involontairement confirmé tous les clichés du cinéma indien, tant ils se bousculent à la porte dès le premier titre rose s'affichant fièrement à l'écran. Les décors en carton-pâte et le ciel en papier peint sur le plafond du studio, le recyclage de tout et n'importe quoi, l'improbabilité totale du scénar (le nombre de fois où l'on se marre en imaginant un rebondissement, et le film qui te propose un truc encore plus absurde), l'imperfection technique, l'image qui change de couleur à chaque plan, l'actrice principale qui passe la moitié du film à écarquiller de gros yeux devant le sosie d'Ariel Wizman prenant la pose avec une sourire niais, le machisme confondant qui va recadrer l'héroïne indépendante pour en faire une vraie femme énamourée qui coud et qui cuisine, les chansons qui chantent 6 fois la même chose d'un bout à l'autre du film ; et surtout la SURCHARGE, l'impression d'énorme pâtisserie qui dégouline de partout, que tu t'en fous plein les doigts en mordant dedans, ultra-sucrée et un peu écœurante.

Bref, on a bien rigolé, et j'ai un peu l'impression d'avoir ici un aperçu de ce que pouvait être le ciné classique indien "normal", avant la chute des studios et son quatuor de cinéaste étincelants. Sauf que... Saut que môman, qui n'est pas plus cinéphile que je suis architecte, et qui s'endort aisément devant n'importe quel téléfilm, est restée sans souci jusqu'au bout. Et que j'ai bien kiffé aussi. Pas parce que sa gaucherie est "réjouissante", hein (faux argument que je déteste), ni pour je ne sais quel déchaînement baroque qui assumerait son mauvais goût, mais parce que c'est quand même réellement investi. Le film est autant maladroit dans son besoin de démesure (en rajoutant partout de manière puérile, cherchant l'effet qui claque, recyclant éhontément tout et n'importe quoi) qu'il est authentique dans son besoin ogresque de péripéties, d'enthousiasme, d'idéalisation, et bon an mal an, il sait le mettre en scène. Pour résumer : à l'autre bout d'un spectre qui naît dans la série Z et la parodie, il y a quelque chose comme l'imaginaire d'un monde façon milles et une nuits, auquel le spectateur ne demande qu'à adhérer. Et quand on se tape une scène aussi improbable que le face à face entre un méchant bourré et une gentille droguée, et qu'ils commencent à faire une danse super sérieusement sur ça (qui évoque le film de SF tourné bourré qui circulait il y a peu), il apparaît assez clair que les carences du film ne sont pas seulement de la maladresse, mais aussi une manière de se foutre de la bienséance (ou plus probablement de l'ignorer) pour aller droit vers ce que la scène peut offrir de plus fou et de plus passionnant.

Attention, allergiques s'abstenir. On lâche souvent (la séquence finale du rêve, quand elle arrive, on se dit que c'est juste plus possible), Mehboob est définitivement pas à son meilleur sur les scènes de danse, et c'est clairement le moins réussi des films célèbres de la période que j'ai vu pour l'instant. Mais ça vaut le coup de digérer le premier quart d'heure, et son effet de croyance sans cesse nié par le carton-pâte, pour se permettre ensuite d'accepter tout cela et de profiter de ce que le film a à offrir. Ne serait-ce que pour ses couleurs, si il ne doit y avoir qu'un intérêt froid, parce que sur ce plan-là c'est quand même une sacrée fiesta.


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MessagePosté: 09 Nov 2013, 01:13 
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Tom a écrit:
Aan

…ça m'aurait pas pluuuuu

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MessagePosté: 09 Nov 2013, 01:14 
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Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
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Ça veut dire "fierté", et JE GARDE LA TÊTE HAUTE !


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MessagePosté: 09 Nov 2013, 03:27 
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Putain, sérieux mec
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Ca veut dire caca en irano-arménien.

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MessagePosté: 09 Nov 2013, 12:05 
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Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
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C'est pour ça qu'il faut l'écrire en hindi.

Bon sinon en rabâchant "c'est ridicule mais c'est bien", je me rend compte que je parle pas vraiment du film... Il y a plusieurs trucs assez particuliers.

Le premier c'est que tout le scénar (excepté les dix premières et les dix dernières minutes) repose sur une étape minimale de la relation amoureuse, qui est celle où l'un des amants a compris que son amour était partagé, et ou l'autre refuse encore de l'admettre en s'enfermant dans sa fierté (d'où le duo figé sur 2h40 du visage féminin contrit aux yeux écarquillés / visage masculin suffisant au sourire benêt). Un peu comme si le cinéaste avait élu ce point de tension extrême dans la relation (avec ses accents SM : on s'attaque, verbalement ou par les armes), et qu'il l'avait figé, et qu'il avait ensuite décidé de faire ses gammes dessus (au point que le dernière chanson, qui en a marre de chanter la même chose constamment, commence par "Mais tu vas m'aimer, idiote ?").

C'est aussi une manière de figer la relation dans un moment où l'homme domine la situation (le film est quand même incroyablement machiste : ça s'ouvre par le dressage victorieux d'une jument incontrôlable, tout de même). Mais c'est aussi un moyen de mettre en valeur la tension sociale (si elle ne veut pas reconnaître l'amour, c'est de par sa position), et sur ce plan là le film résonne de manière tonitruante avec l'Inde nouvellement indépendante. J'ai beaucoup de mal à savoir quand ça se passe : tout le décorum et les costumes évoquent une Inde millénaire fantasmagorique, mais le prince roule en Cadillac, la princesse à cheval évoque par son look des actrices des années 30... Je ne sais pas si, déformations fantasmées mises à part, c'est une photographie à peu près fidèle du mix qu'offre l'Inde rurale/coloniale de l'époque, où si justement l'univers est tordu pour mieux raconter cette histoire. Dans cette histoire de roi qui lègue son pouvoir au peuple, y a des accents socialistes qui se marient bizarrement à la foule de genre importés (peplum, western, aventure, comédie grasse, zorro et robin des bois tout à la fois, c'est un vrai patchwork...)

Enfin, c'est assez intéressant de voir Mehboob à un moment où visiblement ses ambitions et sa maîtrise ne sont pas encore synchronisées. Des choses qui dans Mother India semblaient constituer un style cohérent et entier prennent ici l'aspect d'une série de tics, à la recherche de l'effet d'épate (à commencer par le plan Gone with the wind, en contre-jour sur des nuages colorés et géants, ressassé d'un bout à l'autre du film), encore très peu droit dans son montage (chaque plan propose son propre truc, mais ça s'assemble peu rigoureusement, ce que souligne d'autant plus l'absence d'unification par l'étalonnage - wave, c'est pour toi, voilà un film qui respecte bien peu la règle des 180°). Faudrait reprendre les films ultérieurs pour voir, mais je me demande aussi si ça tient pas d'un certain style, cette façon dont chaque image va chercher son propre effet, sa propre puissance, plutôt que d'essayer de bâtir un ensemble stable.

Voilà, et sinon, tous réals et époques confondus, le personnage secondaire comique et cabotin des films indiens reste une figure absolument insupportable.


Et je vous met un extrait en rentrant, les enfants !


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MessagePosté: 09 Nov 2013, 22:35 
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Schtroumpf sodomite
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Inscription: 22 Mar 2006, 22:43
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Localisation: Arkham Asylum
Tom a écrit:
Voilà, et sinon, tous réals et époques confondus, le personnage secondaire comique et cabotin des films indiens reste une figure absolument insupportable.


lol. Aaaah, Johnny Walker...

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N'écoutez pas Film Freak


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MessagePosté: 10 Nov 2013, 00:01 
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Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
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A côté de celui de ce film-là, il en deviendrait presque tolérable...


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