Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 05 Nov 2024, 11:43

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 7 messages ] 
Auteur Message
MessagePosté: 09 Nov 2013, 01:06 
Hors ligne
Teacher

Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
Messages: 11667
Aan (आन) en VO.

Image

Dans l'Inde des maharadjahs, le Prince Samsher Singh et sa sœur, la fière Rajshree, usent de leur force pour asservir les villageois. Après l'avoir confronté lors d'un concours public, Jai, leader du village local, jure de faire d'elle sa femme.


De retour en lorraine et du boulot en retard, j'ai donc proposé à môman terrifiée de se lancer ça, le souvenir convaincu de l'excellent Mother India en tête. Je pense lui avoir involontairement confirmé tous les clichés du cinéma indien, tant ils se bousculent à la porte dès le premier titre rose s'affichant fièrement à l'écran. Les décors en carton-pâte et le ciel en papier peint sur le plafond du studio, le recyclage de tout et n'importe quoi, l'improbabilité totale du scénar (le nombre de fois où l'on se marre en imaginant un rebondissement, et le film qui te propose un truc encore plus absurde), l'imperfection technique, l'image qui change de couleur à chaque plan, l'actrice principale qui passe la moitié du film à écarquiller de gros yeux devant le sosie d'Ariel Wizman prenant la pose avec une sourire niais, le machisme confondant qui va recadrer l'héroïne indépendante pour en faire une vraie femme énamourée qui coud et qui cuisine, les chansons qui chantent 6 fois la même chose d'un bout à l'autre du film ; et surtout la SURCHARGE, l'impression d'énorme pâtisserie qui dégouline de partout, que tu t'en fous plein les doigts en mordant dedans, ultra-sucrée et un peu écœurante.

Bref, on a bien rigolé, et j'ai un peu l'impression d'avoir ici un aperçu de ce que pouvait être le ciné classique indien "normal", avant la chute des studios et son quatuor de cinéaste étincelants. Sauf que... Saut que môman, qui n'est pas plus cinéphile que je suis architecte, et qui s'endort aisément devant n'importe quel téléfilm, est restée sans souci jusqu'au bout. Et que j'ai bien kiffé aussi. Pas parce que sa gaucherie est "réjouissante", hein (faux argument que je déteste), ni pour je ne sais quel déchaînement baroque qui assumerait son mauvais goût, mais parce que c'est quand même réellement investi. Le film est autant maladroit dans son besoin de démesure (en rajoutant partout de manière puérile, cherchant l'effet qui claque, recyclant éhontément tout et n'importe quoi) qu'il est authentique dans son besoin ogresque de péripéties, d'enthousiasme, d'idéalisation, et bon an mal an, il sait le mettre en scène. Pour résumer : à l'autre bout d'un spectre qui naît dans la série Z et la parodie, il y a quelque chose comme l'imaginaire d'un monde façon milles et une nuits, auquel le spectateur ne demande qu'à adhérer. Et quand on se tape une scène aussi improbable que le face à face entre un méchant bourré et une gentille droguée, et qu'ils commencent à faire une danse super sérieusement sur ça (qui évoque le film de SF tourné bourré qui circulait il y a peu), il apparaît assez clair que les carences du film ne sont pas seulement de la maladresse, mais aussi une manière de se foutre de la bienséance (ou plus probablement de l'ignorer) pour aller droit vers ce que la scène peut offrir de plus fou et de plus passionnant.

Attention, allergiques s'abstenir. On lâche souvent (la séquence finale du rêve, quand elle arrive, on se dit que c'est juste plus possible), Mehboob est définitivement pas à son meilleur sur les scènes de danse, et c'est clairement le moins réussi des films célèbres de la période que j'ai vu pour l'instant. Mais ça vaut le coup de digérer le premier quart d'heure, et son effet de croyance sans cesse nié par le carton-pâte, pour se permettre ensuite d'accepter tout cela et de profiter de ce que le film a à offrir. Ne serait-ce que pour ses couleurs, si il ne doit y avoir qu'un intérêt froid, parce que sur ce plan-là c'est quand même une sacrée fiesta.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 09 Nov 2013, 01:13 
Hors ligne
Meilleur Foruméen
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
Messages: 86743
Localisation: Fortress of Précarité
Tom a écrit:
Aan

…ça m'aurait pas pluuuuu

_________________
Image


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 09 Nov 2013, 01:14 
Hors ligne
Teacher

Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
Messages: 11667
Ça veut dire "fierté", et JE GARDE LA TÊTE HAUTE !


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 09 Nov 2013, 03:27 
Hors ligne
Putain, sérieux mec
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 24 Juin 2009, 12:09
Messages: 5643
Ca veut dire caca en irano-arménien.

_________________
Image


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 09 Nov 2013, 12:05 
Hors ligne
Teacher

Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
Messages: 11667
C'est pour ça qu'il faut l'écrire en hindi.

Bon sinon en rabâchant "c'est ridicule mais c'est bien", je me rend compte que je parle pas vraiment du film... Il y a plusieurs trucs assez particuliers.

Le premier c'est que tout le scénar (excepté les dix premières et les dix dernières minutes) repose sur une étape minimale de la relation amoureuse, qui est celle où l'un des amants a compris que son amour était partagé, et ou l'autre refuse encore de l'admettre en s'enfermant dans sa fierté (d'où le duo figé sur 2h40 du visage féminin contrit aux yeux écarquillés / visage masculin suffisant au sourire benêt). Un peu comme si le cinéaste avait élu ce point de tension extrême dans la relation (avec ses accents SM : on s'attaque, verbalement ou par les armes), et qu'il l'avait figé, et qu'il avait ensuite décidé de faire ses gammes dessus (au point que le dernière chanson, qui en a marre de chanter la même chose constamment, commence par "Mais tu vas m'aimer, idiote ?").

C'est aussi une manière de figer la relation dans un moment où l'homme domine la situation (le film est quand même incroyablement machiste : ça s'ouvre par le dressage victorieux d'une jument incontrôlable, tout de même). Mais c'est aussi un moyen de mettre en valeur la tension sociale (si elle ne veut pas reconnaître l'amour, c'est de par sa position), et sur ce plan là le film résonne de manière tonitruante avec l'Inde nouvellement indépendante. J'ai beaucoup de mal à savoir quand ça se passe : tout le décorum et les costumes évoquent une Inde millénaire fantasmagorique, mais le prince roule en Cadillac, la princesse à cheval évoque par son look des actrices des années 30... Je ne sais pas si, déformations fantasmées mises à part, c'est une photographie à peu près fidèle du mix qu'offre l'Inde rurale/coloniale de l'époque, où si justement l'univers est tordu pour mieux raconter cette histoire. Dans cette histoire de roi qui lègue son pouvoir au peuple, y a des accents socialistes qui se marient bizarrement à la foule de genre importés (peplum, western, aventure, comédie grasse, zorro et robin des bois tout à la fois, c'est un vrai patchwork...)

Enfin, c'est assez intéressant de voir Mehboob à un moment où visiblement ses ambitions et sa maîtrise ne sont pas encore synchronisées. Des choses qui dans Mother India semblaient constituer un style cohérent et entier prennent ici l'aspect d'une série de tics, à la recherche de l'effet d'épate (à commencer par le plan Gone with the wind, en contre-jour sur des nuages colorés et géants, ressassé d'un bout à l'autre du film), encore très peu droit dans son montage (chaque plan propose son propre truc, mais ça s'assemble peu rigoureusement, ce que souligne d'autant plus l'absence d'unification par l'étalonnage - wave, c'est pour toi, voilà un film qui respecte bien peu la règle des 180°). Faudrait reprendre les films ultérieurs pour voir, mais je me demande aussi si ça tient pas d'un certain style, cette façon dont chaque image va chercher son propre effet, sa propre puissance, plutôt que d'essayer de bâtir un ensemble stable.

Voilà, et sinon, tous réals et époques confondus, le personnage secondaire comique et cabotin des films indiens reste une figure absolument insupportable.


Et je vous met un extrait en rentrant, les enfants !


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 09 Nov 2013, 22:35 
Hors ligne
Schtroumpf sodomite
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 22 Mar 2006, 22:43
Messages: 24601
Localisation: Arkham Asylum
Tom a écrit:
Voilà, et sinon, tous réals et époques confondus, le personnage secondaire comique et cabotin des films indiens reste une figure absolument insupportable.


lol. Aaaah, Johnny Walker...

_________________
N'écoutez pas Film Freak


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 10 Nov 2013, 00:01 
Hors ligne
Teacher

Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
Messages: 11667
A côté de celui de ce film-là, il en deviendrait presque tolérable...


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 7 messages ] 

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Totally Killer (Nahnatchka Khan, 2023)

Film Freak

5

737

06 Déc 2023, 23:43

Qui-Gon Jinn Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Taare Zameen Par ( Aamir Khan, 2007)

Mr Degryse

4

466

17 Avr 2021, 10:34

Castorp Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Les Indomptables (Nicholas Ray, 1952)

skip mccoy

1

1577

20 Aoû 2008, 22:33

skip mccoy Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Le Plaisir (Max Ophüls, 1952)

Mr Chow

4

1696

21 Juil 2014, 08:51

Arnotte Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Europe 51 (Roberto Rossellini, 1952)

karenina

0

1546

31 Juil 2014, 16:51

karenina Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Les Ensorcelés (Vicente Minnelli, 1952)

ZDC

1

1517

09 Juin 2009, 09:35

DPSR Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Casque d'or (Jacques Becker, 1952)

Mickey Willis

3

1627

13 Jan 2009, 20:21

Dark Mireille Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Vivre (Akira Kurosawa, 1952)

karenina

6

1881

10 Juil 2024, 08:45

Castorp Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Les Affameurs (Anthony Mann, 1952)

Mr Chow

13

2015

17 Jan 2014, 14:38

Castorp Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Umberto D. (Vittorio De Sica - 1952)

Tom

5

1492

30 Nov 2013, 22:03

cergy Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Google [Bot] et 53 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web