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Pas trouvé de topic (je pensais que quelqu'un l'avait fait après Cannes...)



L'été. Un lieu de drague pour hommes, caché au bord d'un lac. Franck remarque un homme sur la plage, qui l'obsède et dont il tombe amoureux. Mais un soir, il le voit noyer l'un de ses amants.


C'est le genre de film qui a trouvé une sorte de "pitch" parfait, un concept si l'on veut, et qui pourrait presque s'en contenter : la sexualité crue et solaire, le poids d'un climat Hithcockien et la surface métallique des eaux, l'épure de l'unité de lieu et du peu de péripéties - et enfin l'humour et la tendresse à l'état de traces, reste le plus visible du cinéma de Guiraudie tel qu'on aurait pu jusqu'ici se le représenter. C'est un mix évident, cohérent, qui fait presque à lui seul le boulot.

La question est de savoir si le film va plus loin que ça... Une qualité de Guiraudie s'impose, une franchise et une simplicité d'approche qui évite tous les pièges (voyeurisme, enquête qui prendrait le dessus...) en posant tout à plat : approche saine et directe de la sexualité, de la vieillesse, de la mort. Ça donne à l'ensemble un côté très "élémentaire" qui lui sied bien, mais ça fait que le film se définit aussi beaucoup par ce qu'il n'est pas.

Et on peut donc trouver que tout cela manque un peu de densité. L'étau du meurtre ne se fait finalement qu'assez rarement ressentir (la scène de nage à deux, peut-être, et la fin) : on est moins dans un frisson érotique lié à une peur du macabre, que dans la peau d'un personnage idéaliste et amoureux qui aimerait presque se faire croire qu'il a oublié ce qu'il a vu. Ça recalibre le film un peu autrement, pas forcément de façon inintéressante d'ailleurs, mais une fois le pitch passé on sent du coup le film un peu moins tendu, comme hésitant sur la direction à prendre ; ce que confirme une fin satisfaisante, mais pas non plus apte à engendrer un final qui amènerait tout ce programme vers quelque chose de plus grand.

Gros poids de l'année 2013, et reboot en or pour la filmo de Guiraudie (j'aurais jamais imaginé de lui un film aussi carré, "solide"). Mais mais mais mais, ça aurait pu faire un peu mieux que simplement satisfaire les attentes.


Un petit mot sur les acteurs, surtout celui qui joue Frank, et qui s'avère être très bon (et pas juste parce que beau/à poil, ou touchant de par son personnage). Le face à face nocturne devant la voiture avec le policier, c'est le genre de scènes qui me fait penser qu'il a un bel avenir devant lui.

oh le prof relou

Je l'ai pas vraiment vu comme ça moi, même si ta vision ne peut pas être totalement exclue, mais, dans ce film sur la (qué)quête de la jouissance, il est possible que son attirance pour Michel se voit renforcée après le meurtre par pulsion de mort - la mort pouvant être une forme de jouissance absolue si on reste sur le principe Freudien qui dit que jouir est une petite mort.

Mais, toujours est-il que, OUI : j'ai aimé un film FRANCAIS, qui se passe dans un milieu de PD, avec des scènes de sexe EXPLICITES. C'est même le film que j'ai préféré en salle pour l'instant...

5/6

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N'écoutez pas Film Freak

Pareil, j'ai trouvé ça vachement bien. Comme dit Tom y a un côté "élémentaire" qui est particulièrement seyant. C'est un film parfait pour l'été, et je dis ça sans sarcasme: c'est frais, on est bien dans la salle, on est bien devant le film. Y a un mélange de simplicité humaine symbolique mêlée d'humour mêlée de sexe frontal et montré de manière totalement apaisée qui fonctionne très bien.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

ouais je le vois comme ça aussi. Pulsion de mort, pulsions suicidaires qui se mêlent à la solitude et à la dépression qu'occasionne ce milieu.
Il pourrait y avoir idéalisme mais Frank n'en est pas à ses premiers ébats adolescent et n'a pas oublié ce qu'il a vu.

Sinon, film très maitrisé dans les éléments restreints qui sont mis en place et qui frôle pour le coup une forme d'abstraction et d'intemporalité. Les acteurs rendent le film très touchant (la relation avec Henri).

Vu au Louxor, on dirait qu'ils ont un projo 4K ?...Assez enthousiasmé par la beauté de la lumière et de certains plans dans ce film.

Et je prévois des Césars pour le film, voire même une lutte avec La Vie d'Adèle pour le meilleur film...

Film naturaliste contre film naturiste

lol

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N'écoutez pas Film Freak

Exactement.
Dans un monde idéal, les films seraient projetés avec une marge.


J'étais parti avec l'idée d'un film dont le sujet serait ce dont tu parles, et j'ai été surpris par l'exploration relativement minimaliste, voire timide, de cette piste là. Je m'attendais pas à la donnée "héros amoureux", en fait, qui vient se superposer au désir. Mais je nie pas, c'est évidemment présent.


Vu au Louxor aussi, y avait un truc effectivement. Peut-être juste la photo très limpide du film, après (surtout que le 4k dans une petite salle, comme c'était le cas hier, ce serait surprenant).


Kechiche film et Guiraudie réal ?
Ça me fait penser qu'en sélection officielle, il aurait eu la mise en scène à Cannes sans souci ce film.

euh, non. Faut quand même pas pousser mémé. Prix du jury, ça aurait été classe.

Bah pourquoi ? C'est ultra-solide, pensé, mesuré pour jamais être scandaleux/racoleur.
Ou alors la mise en scène va aux films virtuose / à jolie photographie, mais alors on s'entend plus sur le terme (après je te concède que le prix en lui-même est une hérésie).

En même temps, cette année, le prix à Heli je le trouve trop gros. Mais bon comme tu dis, le prix de la mise en scène pour ce qu'il vaut, revient souvent à des prix à la photographie insensée et à la virtuosité affirmée.

Je suis assez frappé par le "classicisme" (pas de meilleur mot) du film dans sa mise en scène. C'est lié à la lumière naturelle, aux décors naturels, aux plans fixes sur les acteurs qui parlent etc- mais pas seulement. Il y a par exemple une façon d'introduire l'histoire, et chaque début d'après-midi où les mecs se retrouvent sur le lac, d'une manière qui est systématiquement la même (et qui fait écho, probablement, à l'ennui que ressentent ces types qui ne font pas grand chose de leurs vies au final : on dirait des vieillards corses sur un banc) : un plan sur le parking avec la voiture du personnage qu se gare toujours à la même place, un plan de dos sur le personnage qui entre dans le bois, un plan de face sur le personnage qui sort du bois, un plan de la plage vu du bois, un plan de la plage vu du lac et un plan du promontoire où se tient Henri. Et c'est toujours systématiquement le même motif récurrent de la succession de plans.

C'est amusant parce qu'au final je pense que c'est le truc qu'a trouvé Guiraudie pour introduire les personnages et les situations pour le spectateur lambda qui connait mal les lieux de drague homos ou pourraient être réticents à la base devant des scènes explicites de sexe entre mec. L'idée c'est de les lui montrer selon le même motif à chaque fois. Ce n'est pas plus original que si les types allaient promener leurs chiens ou faire leur tiercé. ils y vont à la même heure (il y a une discussion assez cour d'école entre les deux personnages sur l'heure d'arrivée au lac), ils prennent le même chemin et font la même chose (nager, bronzer, puis aller baiser dans les sous-bois avec qui est disponible): C'est une vie qui n'a rien de que de très banal et qui semble même assez ennuyeuse par la récurrence des situations. C'est d'ailleurs ce que dit l'inspecteur lors de la scène de nuit : vous ne vous arrêtez pas de faite toujours la même chose, toujours de la même manière, même quand il y a un mort - on ne va pas déranger les habitudes
Les personnages ont leurs habitudes, le cinéaste prend les siennes et arrive à les faire partager au spectateur -rien que pour ça, c'est une vraie réussite et je ne dis pas cela de beaucoup de films français que je vois.

C'est extra classe, d'ailleurs fondre cette élégance avec ces scènes explicites sans absolument aucun problème est le plus beau tour de force de l'ensemble...même si du coup on ne se dépareille pas d' un autre côté d'un aspect partie d'échec, sur cet espace réduit et cette eau huilée. L'exercice ludique prend presque le pas souvent (l'espace abstrait, les bagnoles garées le matin sur le parking... quels phares vont s'allumer? quelle silhouette va surgir?). Il y a souvent la sensation de personnages pantins mais pas complètement, du genre de ceux qui sont conscients d'être partie prenante d'un jeu tacite.

Pourtant on a un film qui semble aussi vouloir nous jouer l'amour et la mort à la Bataille...mais est-ce que ça épouse bien cet humour un peu à froid et cette distanciation qui persévère, encore plus dés qu'apparait ce flic qui a l'air de sortir tout droit d'un Chabrol ou Truffaut des sixties (c'est presque parodique là dessus d'ailleurs). Le monologue où il essaye de secouer Frank et se demande pourquoi malgré les évènements dramatiques, toutes les habitudes reprennent aussi facilement et avec inconséquence dans ce lieu de drague, est presque à l'image du système à l'opacité peut-être un peu artificielle du film, qui s'abstient à tout moment de dérailler ou de troubler (ce que Chabrol a su faire quand même dans ses meilleurs films)... Dialogues assez explicatifs parfois aussi je trouve et le personnage d'Henri est assez appuyé à ce niveau jusqu'au ressort qu'il occupe au final, même si tous les acteurs sont globalement excellents.

Il m'a surpris le gaillard.
J'aimais surtout dans Le roi de l'évasion et 2 autres dont j'ai oubliés les titres le fait qu'il joue avec les caractéristiques classiques du héros standard (beau, jeune, mince, urbain etc...) en les prenant à rebours. Réussir à "forcer" le public à s'identifier à un héros ordinaire était ce qui m'impressionnait le plus chez lui.
Rien de tel ici, 2 des 3 personnages principaux étant de beaux étalons tout le temps à oilpé, sans le moindre accent de l'Aveyron .
J'ai aimé la petite routine de l'arrivée en voiture, où la présence / absence de telle ou telle voiture peut avoir un sens tragique.
Il est rare que je remarque la qualité du son, mais là il m'a paru très crédible, que ce soit le fap-fap des branlettes ou d'autres manifestations naturelles comme le vent ou le clapotis de la flotte.
Un huis-clos en extérieur, très lumineux, c'est assez nouveau pour moi et ça fonctionne bien je trouve, transcendé par la routine des actes et des plans, des places de chacun dans cette micro-société (le convoité, l'homme seul, le branleur, ceux qui jettent des oeillades et qu'on ne voit jamais en action...). Au bout d'un moment, la tristesse de ce milieu est étouffante, renforcée par des scènes de sexe crédibles mais trop nombreuses, au point que c'est probablement calculé.
Bref, tous ces hommes ensemble parlent beaucoup de solitude, de coït triste et de manque affectif.
Ca n'empêche pas l'humour, discret comme toujours (j'étais seul à rire dans la salle - bon, on était 10). La R25, le gars qui cherche des gonzesses, le supporter de l'OM...
J'ai donc aimé cette histoire, ce lac, et cette ambiance glauque alors que l'endroit est splendide et lumineux. On dirait que Guiraudie nous engueule comme l'inspecteur engueule Franck : "bande de cons, vous êtes coincés sur cette planète ensemble et vous vous foutez de ce qui arrive aux autres alors qu'ils sont vos frères (de foutre en l'occurence)? Vous avez vraiment pas de faces!"

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-I failed.
-Good. Now go fail again.